Le vice-président Omar Souleiman vient de s'exprimer à la télévision égyptienne pour annoncer le départ de Moubarak. Quelle victoire magistrale pour tout le peuple égyptien ! Véritable coup d'assommoir, la volonté exprimée hier soir par l'autocrate Moubarak de « mourir sur scène » plutôt que de tirer sa révérence, n'avait réussi qu'à amplifier la révolte populaire, plus que jamais fidèle au rendez-vous de la place Tahrir, en ce 18ème jour d'une mobilisation certes sous le choc, mais qui est demeurée inébranlable.
Convergeant dès ce matin par dizaines de milliers vers le haut lieu Cairote de la protestation, tandis que c'est plus d'un million de personnes qui laissaient exploser leur colère à travers tout le pays, l'insurrection égyptienne comptait bien faire de ce vendredi une journée exceptionnelle de manifestation, quand la rumeur du départ du raïs a couru, se faisant de plus en plus persistante au fil des heures.
Alors que les manifestants du Caire marchaient vers le palais présidentiel et le siège de la télévision d'Etat, le député travailliste israélien Binyamin Ben Eliezer, considéré comme le responsable israélien le plus proche de Moubarak, affirmait à la radio israélienne que le président égyptien lui aurait confié son souhait de trouver « une porte de sortie honorable », conscient que la fin était proche et inéluctable.
Une confidence bien huilée, qui arrivait à point nommé pour signifier la résignation du chef de l'Etat égyptien à déposer les armes, et qui fut corroborée en début d'après-midi par une révélation d'un proche du gouvernement annonçant à l'AFP le départ du raïs. Cette indication de source anonyme, mais manifestement sûre, s'est bien gardée de dévoiler la terre d'asile choisie par Moubarak : a-t-il fui par les airs et pour où ? A-t-il trouvé refuge dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans le Sinaï, où il a une résidence ?
A l'annonce de la destitution cuisante du deuxième tyran arabe, le vent de la rébellion va certainement souffler de plus belle en Jordanie, où près de 300 jordaniens et égyptiens se sont rassemblés aujourd'hui devant l'ambassade d'Egypte à Amman, en signe de soutien au peuple égyptien. Au centre-ville, 150 universitaires jordaniens se sont mobilisés après la prière sous l'étendard de la révolution égyptienne, tout en appelant à la chute de leur propre gouvernement.
Le peuple Egyptien célèbre sur la place Tahrir le départ du dictateur Moubarak :