mercredi 26 janvier 2011
Des manifestations lançant des slogans hostiles au pouvoir ont commencé mardi en début après-midi en Egypte à l'initiative de mouvements d'opposition s'inspirant de la révolte tunisienne, face à un déploiement policier massif. La foule crie « la Tunisie est la solution ». Article de Sihem Balhi avec AFP.
Manifestations hostiles au pouvoir de Moubarak
Dans le centre du Caire, des centaines de manifestants rassemblés aux abords de la Cour suprême ont réussi à forcer un barrage de police et à se répandre dans les rues alentours en scandant « la Tunisie est la solution », selon un journaliste de l'AFP.
Les manifestants scandaient également « à bas Moubarak », en référence au président égyptien, âgé de 82 ans et en place depuis 29 ans, et réclamaient des réformes sociales et politiques. Quelque 20.000 à 30.000 policiers ont été mobilisés dans le centre-ville, et le quartier du ministère de l'Intérieur a été bouclé, ont indiqué les services de sécurité.
Les effectifs des forces de l'ordre étaient renforcés à plusieurs grands carrefours de la mégalopole égyptienne, les manifestants ayant prévu de se rassembler en plusieurs endroits. L'Université du Caire était elle aussi sous haute surveillance des forces anti-émeutes.
Au Caire, apporte Reuters, trois Egyptiens, dont un policier, sont morts Deux corps ont été déposés à l'hôpital de Suez avec des blessures causées par des balles en caoutchouc, dit-on de source médicale.
Des gaz lacrymogènes ont été utilisés en plusieurs endroits du pays, notamment au Caire, à Alexandrie, dans le nord, et à Suez, ville située à l'extrémité sud du canal.
A Ismaïliya, sur le Canal de Suez, quelque 200 à 250 personnes se sont rassemblées sur une place du centre-ville face à un fort dispositif policier. Les manifestants scandaient « Après Ben Ali, à qui le tour ? », en référence au président tunisien chassé mi-janvier par une révolte populaire après 23 ans de pouvoir.
Dans le nord de la péninsule du Sinaï, des centaines de personnes ont coupé une route entre al-Arich et Rafah, près de la frontière avec la bande de Gaza, en mettant le feu à des pneus, selon des témoins.
Le ministre de l'Intérieur, Habib al-Adli, a déclaré au journal gouvernemental al-Ahram que les organisateurs des manifestations étaient « inconscients » et a assuré que leurs appels n'auraient « pas d'impact ». « Les forces de l'ordre sont capables de faire face à toute menace contre la sécurité de la population, et nous ne prendrons à la légère aucune atteinte aux biens ni aucune infraction à la loi », a-t-il ajouté.
Plusieurs mouvements militant pour la démocratie ont appelé la population, au Caire et en province, à manifester pour faire de mardi une « journée de révolte contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage ». Cette journée coïncide avec la « Journée de la police », un jour férié destiné à rendre hommage aux forces de l'ordre. Cette initiative, qui s'adresse en particulier aux jeunes, a notamment reçu le soutien de l'opposant Mohamed ElBaradei, ancien responsable de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Plus de 90.000 personnes se sont déclarées sur Facebook prêtes à manifester. Les manifestations ont reçu l'appui d'autres formations politiques, qui n'ont toutefois pas lancé d'appels formels à descendre dans la rue. Les Frères musulmans, à la forte capacité de mobilisation, et le Wafd, premier parti d'opposition laïque, ont indiqué que leurs jeunes militants pourraient se joindre aux cortèges.
Avec plus de 80 millions d'habitants, l'Egypte est le pays le plus peuplé du monde arabe, et plus de 40% de sa population vit en dessous d'un seuil de pauvreté de deux dollars par jour et par personne. Agé de 82 ans, malade et légèrement sourd (selon un câble américain révélé par Wikileaks), le président Moubarak se maintient au pouvoir depuis 1981. Ses opposants le soupçonnent de vouloir imposer son fils, Gamal Moubarak, 47 ans, à la tête de l'Etat égyptien lors de la présidentielle de 2011.
Plusieurs immolations par le feu ont eu lieu ces derniers jours en Egypte, rappelant celle d'un jeune vendeur ambulant tunisien mi-décembre, qui avait déclenché la révolte en Tunisie. Le pouvoir de son côté a multiplié ces derniers jours les déclarations assurant que l'Egypte ne présentait pas de risque de contagion à la tunisienne. Les autorités ont toutefois laissé entendre qu'elles prenaient des dispositions pour éviter toute hausse des prix ou pénurie des produits de base, afin de ne pas aggraver le climat social.
Source : jijel.info