Plus de personnes ont été 100 blessées après que des bandes de nervis pro-Moubarak aient attaqué les manifestants dans la capitale égyptienne.
D’après Al Jazeera
Les bandes armées du clan Moubarak (flics et délinquants confondus) s'attaquent ici, avec la complaisance de l'armée, aux manifestants stationnés sur la place Tahrir au centre du Caire - Photo : Reuters
Des affrontements ont éclaté entre des bandes pro-Moubarak et des manifestants anti-gouvernementaux dans la capitale égyptienne du Caire.
Les belligérants côtés ont jeté des pierres les uns sur les autres dans Tahrir Square, l'épicentre des manifestations de l'opposition contre le président Hosni Moubarak depuis ces neuf derniers jours.
Selon les correspondants d'Al Jazeera, témoins de la scène, plus de 100 personnes ont été blessées dans les affrontements de mercredi et dans une bousculade qui a suivi les attaques.
Plus tôt, selon des témoins, les militaires avaient permis à des milliers de pro-Moubarak d'entrer dans le square. Les groupes d'opposition ont déclaré que Moubarak avait envoyé des nervis chargés de réprimer les manifestations anti-gouvernementales.
Jane Dutton d'Al Jazeera, également au Caire, a déclaré que « des centaines de partisans anti-gouvernementaux sont en train de courir en-dehors de la place, dont beaucoup de femmes et d'enfants ».
Un autre correspondant d'Al Jazeera a déclaré que des hommes à cheval et à chameau ont foncé dans la foule, sous les yeux de l'armée qui était présente. Ce correspondant a ajouté qu'encore plus de chevaux et de chameaux étaient arrivés sur la place.
Au moins six cavaliers ont été arrachés de leurs montures, battus avec des bâtons et emmenés avec du sang coulant sur leurs visages.
L'un d'eux a été traîné inconscient, avec de grandes taches de sang sur le sol sur le lieu de l'affrontement.
Notre correspondant a ajouté que ces affrontements semblent s'aggraver.
Le pire des affrontements a eu lieu à l'extérieur du célèbre Musée égyptien, qui avait été pris pour cible par des pillards la semaine dernière.
Un reporter d'Al-Jazira au Caire a déclaré que des pierres volaient des deux côtés.
Il a déclaré aussi que bien que l'armée ait dressé des barricades autour de la place, elle a laissé les partisans pro-Moubarak passer au travers.
« Les gens à chevaux sont des partisans pro-Moubarak. C'est une foule très en colère à la recherche de toute personne travaillant pour Al Jazeera et pour les Américains. Ils essaient de passer de l'autre côté des chars de l'armée pour atteindre les manifestants anti-Moubarak. De plus en plus de partisans pro-Moubarak arrivent. »
Violence
Dutton a également indiqué que des policiers ont été vus parmi les partisans pro-Moubarak, et il se peut que ce soit un signe avant-coureur que la police anti-émeute arrive sur place.
Dutton a ajouté qu'un journaliste de la chaîne Al-Arabiya a été poignardé au cours des affrontements.
Ces affrontements ont lieu autour de chars de l'armée déployée autour de la place, des pierres rebondissant sur les véhicules blindés. Les soldats ne sont pas intervenus.
Plusieurs groupes ont sont venus aux mains, et certains utilisent des clubs. L'opposition a également dit que beaucoup dans la foule pro-Moubarak étaient des policiers en civil.
« Des membres de la police habillés en civil et un certain nombre de voyous ont pris d'assaut la place Tahrir, » ont déclaré trois groupes de l'opposition dans un communiqué.
Mohamed ElBaradei, une figure de l'opposition, a accusé Moubarak de recourir à des provocations. Les groupes d'opposition auraient également confisqué les cartes d'identité de plusieurs policiers parmi les manifestants pro-Moubarak.
« Je suis extrêmement préoccupé, je veux dire que c'est encore un autre symptôme, ou une autre indication, d'un régime criminel utilisant des actes criminels », a déclaré M. ElBaradei.
« Ma crainte est que cela ne se transforme en un bain de sang », a-t-il ajouté, appelant les pro-Moubarak des « groupes de voyous ».
Selon la télévision d'Etat, le ministre de l'Intérieur a nié que des policiers en civil aient rejoint les manifestations pro-Moubarak.
« Chaos »
En dépit des affrontements, les manifestants anti-gouvernementaux qui exigent la démission immédiate du président Moubarak ont fait savoir qu'ils n'abandonneraient, jusqu'à ce que Moubarak s'en aille.
Khalil, dans ses 60 ans et brandissant un bâton, a accusé les partisans de Moubarak et la police d'avoir provoqué les affrontements.
« Mais nous ne partirons pas », a t-il déclaré à Reuters. « Tout le monde restera ici. »
Mohammed el-Belgaty, un membre des Frères musulmans, a déclaré à Al Jazeera que « les manifestations pacifiques sur la place Tahrir ont tourné au chaos ».
« Le discours prononcé par le président Moubarak a été très provocateur bien qu'il ait utilisé des mots très sentimentaux. »
« Depuis ce matin, des centaines de ces voyous, qui sont payés, ont commencé à manifester, parait-il pour soutenir le président. Maintenant ils sont venus charger à l'intérieur du Square Tahrir, armés de matraques, de bâtons et de couteaux. »
« Moubarak demande au peuple de choisir entre lui ou le chaos. »
Avant les affrontements de mercredi, les partisans du président ont organisé un certain nombre de manifestations autour du Caire, en disant que Moubarak représentait la stabilité face à une insécurité croissante, et en appelant ceux qui veulent son départ des « traîtres ».
« Oui à Moubarak, pour protéger la stabilité », lit-on sur une banderolle dans une foule de 500 personnes rassemblée près du siège de la télévision d'Etat, à environ un kilomètre de la place Tahrir.
Un témoin a déclaré que les organisateurs payaient les participants 17 dollars pour prendre part à la manifestation pro-Moubarak, une affirmation qui n'a pu être confirmée.
D'autres manifestations pro-Moubarak ont lieu dans le quartier Mohandeseen, ainsi que près de la place Ramsès.
Sur le même thème :
Religieux ou laïcs, pauvres ou riches, ils était tous présents - 2 février 2011
Un million de manifestants au Caire - 1° février 2011
Egypte : gigantesque mobilisation attendue aujourd'hui - 1° février 2011
Egypte : une « marche par millions » attendue mardi - 31 janvier 2011
Combien de temps Moubarak pourra-t-il encore s'accrocher ? - 31 janvier 2011
Egypte : des manifestants plus mobilisés que jamais ! - 30 janvier 2011
Egypte : les manifestations se poursuivent, malgré des dizaines de manifestants assassinés - 29 janvier 2011
Tunisie/Égypte : des comparaisons non fondées ? - 29 janvier 2011
Egypte : nouvelle « journée de la colère » - 28 janvier 2011
Manifestations massives en Egypte pour exiger le départ de Moubarak - 25 janvier 2011
En Égypte, la « Tunisie est la solution » - 26 janvier 2011
Augmentation des immolations par le feu en Afrique du Nord - 19 janvier 2011
A tous les tyrans du monde arabe... - 17 janvier 2011