19/08/2011 legrandsoir.info  7min #56476

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Grande-bretagne : un criminel de guerre demande plus de prisons (stop the War Coalition)

Robin BESTE

illustration Leon Kuhn,  leonkuhn.org.uk

Que vaut la justice lorsqu'un criminel de guerre est libre de demander la construction de nouvelles prisons pour enfermer des jeunes condamnés à 6 mois de prison pour avoir volé des bouteilles d'eau d'une valeur de £3 ?

Jack Straw, ancien secrétaire aux affaires étrangères du gouvernement de Tony Blair, n'a pas traîné après le discours du Premier Ministre britannique David Cameron sur les émeutes en Grande-Bretagne qu'il a tenu le 11 août. « Il nous faut plus de prisons », a dit Straw à Cameron à la Chambre des Communes.

Son voeu sera peut-être exaucé si on considère les peines qui ont déjà été prononcées contre des centaines de personnes présentées en procédures d'urgence - sans aucun doute une volonté du gouvernement de montrer que la punition prime sur la justice.

Une mère de deux enfants, qui dormait chez elle lors des émeutes, s'est vue condamner à une peine de cinq mois de prison pour avoir accepté des shorts volés par quelqu'un d'autre. Un étudiant de 23 ans a pris six mois pour avoir volé dans un supermarché de l'eau pour une valeur de £3,50. Un homme de 43 ans est en prison en attente de jugement pour avoir volé des marchandises d'une valeur de £1 à un marchand de journaux.

Mais si Jack Straw a raison qu'il nous faut plus de prisons, il devrait être lui-même un des premiers à être enfermé, en compagnie de Tony Blair, qu'il a servi si fidèlement au cours des 13 années de gouvernement du New Labour.

Jack Straw était secrétaire aux affaires étrangères pendant les préparatifs de la guerre contre l'Irak en 2002-3. Il était, nous dit Iraq Inquiry (commission officielle créée pour « enquêter et identifier les leçons à tirer du conflit irakien »  iraqinquiry.org.uk - NdT), le seul membre du cabinet de Tony Blair à être parfaitement informé des discussions, négociations et plans du premier ministre.

Straw savait que lorsque George Bush et Tony Blair se sont réunis dans le ranch de Bush au Texas en avril 2002, ils ont signé un « pacte de sang » secret pour envahir l'Irak, faisant fi de l'opinion des Nations-Unis ou du peuple américain ou britannique.

Juste avant la réunion, Straw a informé Blair dans une note secrète que « sur le plan juridique, il y avait deux chausse-trappes de taille ». D'abord, le « changement de régime en tant que tel ne constitue pas une justification pour une action militaire. » Ensuite, que « il est fort probable qu'un nouveau mandat (des Nations-Unies) soit nécessaire ».

Et c'est Straw qui un joué un rôle décisif pour entraîner les Nations-Unies à accorder cette deuxième résolution afin d'offrir un semblant de légalité à une agression injustifiée.

Il a occupé nos écrans pendant toute l'année 2002 pour nous expliquer comment l'Irak refusait l'accès aux inspecteurs de l'ONU sur le désarmement, alors qu'il savait que c'était tout simplement faux, comme le chef des inspecteurs de l'ONU, Hans Blix, l'a fait remarquer, en relevant les « réponses incorrectes » - appelés aussi mensonges - à Iraq Inquiry.

Et Straw savait que c'était un mensonge lorsque, le 11 février 2003, quelques jours avant la plus grande manifestation antiguerre de l'histoire de la Grande-Bretagne, il a dit : « Nous devons tout tenter, car il n'est pas trop tard, pour éviter la guerre. »

Mais Straw avait déjà dit à Blair dans sa note de mars 2002 que les Etats-Unis allaient entrer en guerre dans tous les cas, confirmé plus tard par le Secrétaire Colin Powell en mars 2003 qui lui a dit « Nous allons entrer en guerre quoi que fasse Saddam. »

En fait la seule chose que Straw tentait était de trouver une justification à la guerre qui allait avoir lieu sans considération pour la légalité de la chose ou le fait que la majorité des pays et des populations dans le monde étaient contre.

C'est pour cette raison qu'il n'a pas tenu compte du conseil de son haut-conseiller juridique au Ministère des Affaires étrangères, Sir Michael Wood, qui lui a dit que l'invasion de l'Irak « constituerait un crime d'agression » et serait illégal du point de vue du droit international. Wood a dit que c'était la première et la dernière fois de toute sa carrière qu'un de ses conseils juridiques ait été ignoré par un ministre.

Et c'est pourquoi Straw a ignoré l'ajointe de Woods, Elizabeth Wilmshurst, qui a déclaré dans sa lettre de démission en mars 2003, « je ne puis qu'exprimer mon désaccord sur la légalité d'un recours à la force contre l'Irak sans un second mandat du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. »

Et pourtant, malgré toutes les preuves du contraire, Jack Straw a déclaré à Iraq Inquiry qu'il ne se serait jamais engagé dans une guerre pour un changement de régime, ce qui, a-t-il dit, serait « incorrect et évidemment illégal. »

Straw, à l'évidence, est un menteur invétéré et sa capacité de proférer des contre-vérités est illimitée. Mais il savait ce que seraient les conséquences d'une guerre en Irak, légale ou pas, parce qu'il les a décrites lui-même, en févier 2003 : « Il y aura des morts et des blessés. C'est la réalité brutale et inévitable de la guerre. Certains des tués seront des civils innocents ; et même ceux qui ne sont pas innocents ont une âme, une femme, un mari, des enfants qui souffriront. »

Straw savait qu'il avait le pouvoir d'arrêter cette guerre illégale. Dans une déclaration écrite à Iraq Inquiry en janvier 2010, il a précisé qu'il était « parfaitement conscient » qu'en tant que secrétaire aux affaires étrangères, son soutien à une intervention militaire serait « décisif » si la Grande-Bretagne devait participer à l'invasion de l'Irak. Il a dit, « Si j'avais refusé, la participation de la GB dans une intervention militaire n'aurait pas été possible. Il n'y aurait certainement pas eu de majorité au gouvernement ou à la Chambre des Communes. »

Ce qui équivaut à un aveu de participation à un meurtre en masse. Non seulement la Grande-Bretagne aurait été incapable d'entrer « au coude à coude » dans une guerre illégale, mais la démission inévitable de Tony Blair et la chute du gouvernement aurait exercé une pression énorme sur les Etats-Unis pour au moins retarder les plans de guerre.

Il y a autant de sang sur les mains de Straw que sur celles de Tony Blair, pour une guerre où plus d'un million d'Irakiens sont morts, où quatre millions ont perdu leur foyer et le pays est tellement dévasté qu'il y a maintenant un rationnement drastique de l'électricité, que de nombreuses zones n'ont pas d'eau potable et que le système de santé qui était un des plus développés de la région est en ruines.

Alors la prochaine fois que nous entendons Cameron parler de « criminalité pure et simple », et qu'il dit à « cette minorité sans foi ni loi, qu'ils payeront pour leurs méfaits », sachez que sa criminalité à lui va bien au-delà d'un vol de bouteilles d'eau d'une valeur de £3,50 ou d'avoir accepté un short volé.

Sa criminalité inclut-elle ce que le Tribunal de Nuremberg, constitué après la deuxième guerre mondiale pour juger les crimes nazis, a qualifié de « crime international suprême » ? « Déclencher une guerre d'agression... constitue non seulement un crime international, mais le crime international par excellence qui ne se distingue des autres crimes de guerre qu'en ce qu'il englobe à lui tout seul l'ensemble des autres crimes. »

(Le 1er octobre 1946, 11 personnes ont été accusées dans le cadre des procès de Nuremberg de crime contre la paix. Parmi elles il y aura sept condamnations à mort, trois condamnations à des peines d'emprisonnement à vie et une condamnation à une peine de prison de 15 ans. - NdT)

Le Tribunal a dit que les individus devaient être tenus pour responsables de « crimes contre la paix » dont la définition est la « planification, préparation, déclenchement ou exécution d'une guerre d'agression, » ce qui ne laisse que peu de doutes sur la mise en accusation pour le meurtre en masse et la dévastation infligés à l'Irak par Jack Straw et ses co-conspirateurs - de Tony Blair, George Bush, et Colin Powell, à Dick Cheney, Condoleezza Rice et Donald Rumsfeld.

L'enthousiasme de Jack Straw pour les prisons date d'avant son appel pour en construire plus et pour y enfermer les émeutiers. Les années Blair ont vu un doublement de la population carcérale, qui s'est élevé à plus de 80.000, faisant de la Grande-Bretagne la triste détentrice du record européen du nombre de citoyens emprisonnés.

Et lorsque Jack Straw est devenu ministre de l'intérieur, son appétit pour les prisons s'est accru.

Alors lorsque la personne chargée de construire les prisons est quelqu'un qui devrait s'y trouver, cela en dit long sur l'état de la justice en Grande-Bretagne.

Robin Beste

 stopwar.org.uk

Traduction « toute ressemblance avec des salauds existants ou ayant existé... » par VD avec probablement les fautes et coquilles habituelles. 

 legrandsoir.info

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