Les protestataires égyptiens ont appelé à une énorme manifestation et à une grève générale par roulement ce mardi, dans le but d'évincer du pouvoir le « président » Hosni Moubarak.
Le ainsi nommé Mouvement du 6 avril Mouvement a dit envisager plus d'un million de personnes rien que dans les rues du Caire, alors que le sentiment anti-gouvernemental atteigne son paroxysme.
L'appel a été lancé tandis que Moubarak vient de nommer un nouveau cabinet dans une tentative de désamorcer les manifestations en cours à travers le pays.
Mais les groupes d'opposition estiment que les changements de personnel ne peuvent leur suffire et ils ont déclaré qu'ils allaient poursuivre leur mobilisation jusqu'à ce que le président démissionne.
« L'ensemble du régime doit être mis à bas », a dit Hassan, un travailleur de la construction et un manifestant, à l'agence de Reuters.
« Nous ne voulons personne de l'entourage de Moubarak dans le nouveau gouvernement, que le peuple choisira. Nous voulons un gouvernement civil dirigé par le peuple lui-même. »
Présence de l'armée
Des dizaines de milliers de personnes continuent de stationner sur la place Tahrir au centre du Caire, après que des centaines de manifestants soient restés campés toute la nuit, défiant le couvre-feu.
Il y a une forte présence militaire autour de ce secteur, avec des chars positionnés près de la place et des officiers contrôlant les papiers d'identité.
L'une des correspondantes d'Al-Jazira a déclaré que les tentatives faites ce lundi par les militaires pour bloquer l'accès à la place en fermant les rues ne fonctionnait pas, car encore plus de gens arrivaient dans un flux régulier.
« Les manifestants disent qu'ils vont rester sur cette place aussi longtemps que Moubarak restera au pouvoir », dit-elle.
Les manifestants semblent absolument pas influencés par l'engagement de Moubarak d'instituer des réformes économiques et politiques. Notre correspondant a affirmé que les gens pensent que de tels engagements « sont trop peu, trop tard ».
Un reporter d'Al-Jazira au Caire a aussi annoncé que la police avait fait son retour dans les rues, dirigeant la circulation, après avoir été absente depuis le vendredi.
« Nous attendons que le ministre de l'Intérieur annonce sous quelle forme ils vont revenir dans les rues et pourquoi ils ont disparu après la prière du vendredi, le 'deuxième jour de colère' », a déclaré un correspondant.
« L'absence de la police a donné quartier libre aux pillards, forçant les citoyens ordinaires à mettre en place des patrouilles de quartier. Beaucoup de gens se demandent où la police a disparu. »
« Il y a deux façons de voir les choses : la première est que beaucoup d'entre eux ont décidé de rejoindre les manifestants. »
« L'autre est que le régime a envoyé le message au peuple : 'Vous voulez protester. Nous allons retirer la police et vous vous verrez ce qu'est l'anarchie' », explique notre correspondant.
Après des affrontements meurtriers dans lequel environ 125 personnes ont été tuées au Caire et dans d'autres villes, les manifestants ont accusé la police d'utiliser une force excessive.
Mais un correspondant d'Al Jazeera a indiqué que certains habitants ont accueilli la police comme « des amis de longue date », ce lundi.
« C'est presque comme si la population du Caire était atteint d'amnésie sélective... Nous avons vu un petit garçon portant un plateau de thé à un groupe de policiers. Un autre homme est sorti de sa voiture, a serré les policiers dans ses bras et les a embrassés. »
Scènes de chaos
Pendant ce temps au Caire beaucoup de gens faisaient des achats par peur des troubles.
« Je suis entré dans un supermarché et j'ai vu un chaos complet », nous dit un correspondant d'Al Jazira.
« Les gens font des stocks autant qu'ils le peuvent. Il y a très peu de rations disponibles dans les magasins. Ils sont à court de fournitures de base, comme les ufs, le fromage et la viande. Les livraisons n'ont pu se faire depuis des jours. »
Des scènes chaotiques ont également été signalées à l'aéroport international du Caire, où des milliers d'étrangers tentent d'être évacués vers leurs pays respectifs.
Comme les manifestations se poursuivent, il est dit que la sécurité se détériore, et des informations ont signalé que plusieurs prisons à travers le pays ont été attaquées et que de nouvelles manifestations ont eu lieu dans des villes comme Alexandrie et Suez.
Trente-quatre dirigeants des Frères musulmans ont été libérés de la prison de Wadi Natroun, après que les gardes aient abandonné leurs postes.
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