Le Caire (IRIN) - Les manifestations à grande échelle que connaît l'Egypte depuis le 25 janvier ont provoqué morts et blessures, coupures d'approvisionnement en produits alimentaires et en essence, chaos des transports.
IRIN - Interviews
Messages de protestations, le Caire, 1° février 2011 - Photo : Hossam el-Hamalawy
IRIN a interviewé certains des manifestants qui exigent un changement de régime sur leurs conditions de vie au quotidien. Extraits :
IRIN a interviewé certains des manifestants qui exigent un changement de régime sur leurs conditions de vie au quotidien. Extraits :
Nemeen Khafagy, 41 ans, archéologue, porteuse d'une pancarte « Moubarak doit partir ». Elle milite politiquement, dit - elle, depuis ses études universitaires :
J'ai manifesté à cause de la corruption, du chômage et de la pauvreté. Le règne de Moubarak a ouvert la porte à la pauvreté de masse, et à la corruption de tout un chacun. Notre système d'éducation devient de pire en pire. L'eau potable est contaminée. Les mauvaises décisions gouvernementales ont détruit la vie des paysans. Il y a des monopoles économiques.
Nous voulons qu'un gouvernement civil remplace le régime militaire de Moubarak. Nous voulons un changement constitutionnel, menant à des élections présidentielles et législatives honnêtes. Nous voulons une réforme de l'éducation, une réforme de la santé. S'il y a des réformes, alors notre pays sera un grand pays.
C'est une révolution, et dans toute révolution il y a des gains et des pertes. Oui, il se peut qu'il y ait des hausses de prix. Il se peut que la couverture des besoins de base soit difficile, mais la crise a rapproché les Egyptiens les uns des autres.
Mohamed Anwar, 62 ans, charpentier :
J'ai quatre enfants. Je n'arrive pas à les nourrir. Deux sont mariés, mais les deux autres ne peuvent l'envisager car ils sont chômeurs. Je participe à cette manifestation pour le bien de mes deux enfants. Les prix sont très élevés, et les salaires très faibles. Le gouvernement ne nous donne rien...Je travaille pour des gens très riches, mais ce ne sont pas eux qui me donnent mes droits.
Le gouvernement opprime le peuple. Nous voulons la stabilité. C'est vrai, les prix montent. Je travaille très dur, mais je n'ai pas une vie digne.
C'est mon pays, je veux qu'il change.Je ne veux pas de la corruption, je ne veux pas des pots-de-vin. Mon père a travaillé pendant 24 ans dans le secteur pétrolier. À sa retraite, le gouvernement lui a alloué une pension mensuelle de 200 livres égyptiennes (34 $ US !) seulement.
Le gouvernement a laissé les leaders économiques sucer le sang de notre peuple. Un homme d'affaires qui avait importé des lots de sang contaminé n'a pas été puni. Le parti au pouvoir accorde l'immunité à ses membres qui peuvent ainsi commettre des crimes en toute impunité. La police est pourrie.
Il faut installer un gouvernement de transition et que des élections donnent une chance au peuple de choisir son président.
Ce ne sont pas les manifestations qui poussent à la hausse des prix. Le vide créé par le départ des policiers a été comblé par les Egyptiens ordinaires eux - mêmes.
* IRIN est un service d'information humanitaire des Nations Unies mais ne reflète pas forcément la position de l'ONU ou de ses agences.