France-Soir, avec AFP
F. Froger / Z9, pour France-Soir
Une "erreur de communication", disent-ils. Au salon de l'agriculture ce samedi, Emmanuel Macron avait prévu un "grand débat" avec les agriculteurs, sur le modèle de celui qu'il avait tenu avec les Gilets jaunes. Il a fallu qu'il évoque la présence des Soulèvements de la Terre pour se prendre une volée de bois vert, et devoir tout annuler.
"Les syndicats agricoles (...) avaient voulu un 'débat' ouvert. Ils en demandent aujourd'hui l'annulation. Dont acte.", pouvait-on lire sur le compte X (Twitter) d'Emmanuel Macron ce vendredi après-midi. Que s'est-il passé ?
Le fait est qu'après avoir tant bien que mal tenté de calmer la colère des agriculteurs pendant plusieurs semaines, l'Élysée a mentionné la présence des Soulèvements de la Terre au "grand débat" du salon. Le hic, c'est que le collectif (que le gouvernement a vainement tenté de dissoudre) est connu pour son combat radical contre l'agriculture intensive et que les agriculteurs ne semblent pas l'apprécier.
"Le président, il nous a fait un énorme bras d'honneur hier [avec les Soulèvements de la Terre - ndlr], alors ce qu'on attend maintenant, c'est qu'il annonce des choses", a commenté auprès de l'AFP Vincent Bouvrain, agriculteur en Seine-et-Marne, dans la manifestation parisienne coorganisée vendredi avec les Jeunes agriculteurs (JA).
Face à cette grogne, le président a choisi de la jouer plus discrète : "J'inviterai demain (samedi) matin tous les syndicats agricoles avant l'ouverture officielle du salon. Je serai là pour l'ouvrir et irai au contact de tous ceux qui veulent échanger comme je le fais chaque année".
Le résultat, c'est que tout le monde est remonté. "On lui avait déjà dit qu'on n'avait [...] pas besoin d'un débat type Gilets jaunes. On avait besoin surtout qu'un président de la République vienne dire aux agriculteurs français 'On vous soutient'", s'explique Luc Smessaert, vice-président du syndicat agricole majoritaire FNSEA.
Pour les Soulèvements de la Terre, qui ont été invités puis décommandés, c'est une vaste blague : "Arnaud Rousseau [président de la FNSEA - ndlr] a fait pression pour ne pas se retrouver face à nous et Macron s'est couché. Qu'il soit rassuré : nous n'aurions pas participé à cette supercherie, mais merci pour le spectacle !", ont-ils ironisé sur X.
"Ce grand débat n'avait clairement pas de sens. […] Des grands problèmes, un grand débat et rien derrière, c'est la marque de fabrique de ce gouvernement", a aussi commenté la porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola.