Les faubourgs...ça grouille, ça gît, ça vit. Emplis de racailles sans instruction ni avenir, la lie. Combien de révolutions ont été allumées par les faubourgs, combien d'incendies comme autant de coups de semonces au dessus des villes faisant trembler les vitres des palais ? C'est que la faim les tenaille. Alors ils crient, ils ruent, ils attaquent, ils volent, pillent, brûlent et tuent, renversant tout comme une vague boueuse.
Ainsi naissent les révolutions des faubourgs, comme un boomerang ; l'injustice d'une société subie par les plus pauvres rejaillit sur tous. Atteint un certain niveau de résignation la lie vomit sa colère et bouscule tout. A leur place, jeune anglais, pauvre, écervelé sans éducation ni avenir, ayant faim, j'aurais sans doute fais pareil. L'illustre Gavroche avait rejoint les barricades et y ramassait les cartouchières sur les cadavres de soldats de sa nation abattus par le peuple, parce qu'il avait faim. Il en a été de même de la révolte des banlieues en France en 2005. « Banlieue » est l'autre nom des faubourgs. Racaille l'autre nom de Gavroche.
Le citoyen indigné, moi, s'effraie à juste titre et appelle la police, la justice, l'armée, l'ordre quoi ! Et tout rentre dans l'ordre à coup de matraques, d'arrestations et de condamnations de la lie, comme en 2005 dans les banlieues de Paris ou dans les faubourgs de Londres aujourd'hui. Le bourgeois peut se rendormir. Pour cette fois. Mais pas toujours...
Pas en 1789 où en dernière solution le peuple de Paris, mis en danger par l'impéritie de l'Etat face à la vague boueuse qui se déversait des faubourgs affamés jusqu'aux beaux quartiers, eut la drôle d'idée de vouloir s'armer à la Bastille pour se défendre! Pas en 1830, pas en 1848, pas en 1871, pas en 1917, pas en 1936, pas en 1968...Machiavel conseillerait les puissants de se méfier de la puissance de la lie, de ce gravier qu'on ne peut écraser sous le talon, et de négocier avec le peuple des « Indignés » encore pacifique avant que les deux ne s'allient un soir d'orage et marchent sur les palais une nuit de tempête. Regardez l'Histoire derrière vous !
Quant aux « Indignés » c'est de patience dont ils sont le moins pourvus malgré les apparences débonnaires et pacifiques de leurs villages de tentes. Les premiers rassemblements sans violences des « Indignés » sont une tentative démocratique de négocier de la part du peuple, ce qu'il faut saluer comme le degré le plus civilisé de la Révolution. On peut s'en fiche cyniquement, mais un jour, concluant à la fin de non-recevoir et les charges encore alourdies, les indignés seront également pris de dégoût, de vomissements et de spasmes. C'est alors qu'en France tout bascule.
Toutes sortes de catégories sociaux-professionnelles en ont véritablement ras-le-bol des disfonctionnements et de la gabegie de ce gouvernement et des précédents. Ramassis de bonimenteurs incompétents qui s'échangent les ministères comme les voyous le font des femmes. Ha oui la place doit être bonne ! Mais que faire avec des gouvernants qui ne voient pas arriver des crises financières grosses comme des tsunamis? Et qui ne savent rien faire d'autre dans l'urgence que d'ajouter des pommes neuves au panier de pommes pourries sans jamais rien régler, et au contraire tout aggraver en endettant d'autant plus. Est-ce qu'ils sont vraiment à leur place les néoconservateurs bling-bling et autres sionistes violeurs ? N'est-ce pas plutôt en prison ?
Que les puissants se méfient du fleuve français. Qu'ils se méfient de la lie, de la jeunesse, des chômeurs, des smicards, des ouvriers, des employés, des agriculteurs, des pêcheurs, des musiciens, des infirmiers, des petits commerçants et des petits fonctionnaires, des étudiants et des jeunes sous-retraités, du peuple, car depuis 1789 l'Etat c'est nous. Oui, même la lie et la racaille.
Messieurs les puissants, nous acceptons un système de plus en plus contraignant tant qu'il est progressiste et juste, mais si la décadence de nos gouvernants, la précarité et la faim, l'insécurité, l'injustice et la régression sont le salaire, alors les contraintes doivent disparaître et nous reprendrons notre liberté. Il y a déjà eu quatre républiques avant la nôtre, et à moins de prendre de Gaulle pour un dieu, la cinquième n'a pas vocation à l'éternité. Si vous corrompez l'Etat que l'on vous a confié, nous abattrons cet Etat pour en reconstruire un autre. Ainsi vous parlent les Indignés. Ainsi ils vous préviennent. Ainsi ils vous ordonnent. Car ne vous en déplaise, ils sont souverains.
Par le récent décret n° 2011-794 du 30 juin 2011, il vient opportunément d'être défini le cadre où la gendarmerie pourra tirer légalement sur la foule sur ordre du premier ministre, y compris en utilisant ses blindés. Ainsi on peut y lire : «Objet : modification du régime juridique relatif à la dispersion des attroupements. Entrée en vigueur : immédiate. Notice : [...] le présent décret précise les modalités d'emploi de la force et les conditions d'usage des armes à feu pour le maintien de l'ordre public. »(1)
Pourquoi tel décret si ce n'est qu'ils savent déjà ce que j'écris ? Mais l'état policier qui se prépare en réponse aux indignations et colères populaires croissantes sera malgré cela un échec, principalement parce que les cadres sont réellement incompétents, corrompus et décadents.
Monsieur le Président, vous avez toujours un pédophile dans votre gouvernement et faites beaucoup de tort à la gendarmerie en la dressant ainsi contre le peuple souverain.
Méfiez-vous pourtant qu'elle ne se retourne contre vous car c'est ainsi qu'en France les révoltes parties de la lie des faubourgs atteignent parfois grâce à la troupe, les marches du palais !
Messieurs les gendarmes, le peuple Français dont vous serez bientôt le bourreau ou le héros vous salue !
Vincent Després Levard,
Fraternités des Ignorants
Richelieu le 13 août 2011