L' ALTERNATIVE
Après la "vague bleue" de ses récents succès électoraux,la droite espagnole, celle là-même qui vient de refuser aux Cortés de condamner le franquisme (on ne tue pas le père !), pressait le gouvernement Zapatero (en français : cordonnier) d'anticiper les élections générales. Elles étaient programmées en mars 2012, au terme des quatre années de gouvernement socialiste.
La droite considère que c'est à elle aujourd'hui de prendre le relais, car, en matière de "recortes sociales" brutaux et massifs, de saignée des fonctionnaires, des retraites, des petites gens, des budgets sociaux, elle a plus de savoir-faire que les cordonniers du PSOE. Vu qu'il faut agir au tranchoir et non rafistoler, place à des cordonniers efficaces. L'original est toujours meilleur que la copie.
Les élections ont été anticipées au 20 novembre 2011. Une date comme les autres dit ce pauvre Zapatero. Rien que ça !! Franco mourut un 20 novembre. L'involontaire symbolique permettra à ses héritiers de gagner l'alternance un jour pas comme les autres. Cela ne gêne nullement ni les uns ni les autres. Faut-il que la "desmemoria" ait produit des dégâts pour que cette date soit ainsi banalisée ?
M. Rajoy, candidat du néo-franquiste "parti populaire", promet aucun recorte"("sabrage social")...l'essentiel du sale boulot a déjà été fait par les socialistes.
Le candidat du PSOE, hier encore numéro deux du gouvernement, s'engage à rétablir l'impôt sur le patrimoine que ses amis supprimèrent pour combler patronat et marchés. Il se propose de faire demain ce qu'il n'a pas fait hier alors qu'il était aux commandes et que la crise l'exigeait (45% de jeunes au chômage, amputation de 15% et plus selon les"communautés", des salaires des fonctionnaires, des enseignants, des budgets sociaux, au lieu de s'en prendre aux énormes profits des spéculateurs, des patrons de la CEOE (le MEDEF espagnol),économie spéculative de la"bulle immobilière"...Raser gratis" se traduit en espagnol : "afeitar gratis"....Après le cordonnier libéral, le barbier !!
Tout cela désespère, écoeure, indigne, le peuple espagnol, qui sanctionne les socialistes parce qu'ils ont oublié de l'être, et qui souhaite un changement de cap. En votant pour les "populares" aux récentes élections locales, beaucoup ont flanqué un carton rouge à la gauche de "zarzuela" (d'opérette),sans vraiment adhérer massivement aux options ultralibérales et revanchardes d'une droite espagnole dont de larges secteurs sont proches d'une sensibilité d'extrême droite. Au même moment, le mouvement des "Indignés" pointait les vrais problèmes, exigeait une "alternativa" (c'est aussi la cérémonie par laquelle le jeune novillero devient torero). Les Espagnols disent donc à la gauche : "a torear de verdad !!". La coalition Izquierda Unida, qui vit actuellement quelques soubresauts internes, se prépare à ouvrir ses portes et les portes, pour une vraie "faena" de gauche.
Jean Ortiz
Maître de Conférences, Université de Pau