Répondant aux question du correspondant de l'Irna, mercredi soir, une source bien informée a indiqué que les manifestations pacifiques se poursuivent malgré la terreur et la répression politique décidées par le gouvernement de Bahreïn.
Cette source bien informée a précisé que les manifestants scandent le slogan Allaho Akbar le soir à partir des toits de leurs maisons et que les manifestations, organisées en particuliers par des jeunes bahreïnis dans différents quartiers, malgré la présence des troupes d'occupation venues d'Arabie Saoudite."
Toujours selon cette source, «les jeunes de Bahreïn qui soulignent ne pas avoir peur de tomber en martyr, ont adopté de nouvelles stratégies qui chaque jour surprennent le régime par l'ampleur des manifestations et de protestations."
«Des citoyens de Manama, mardi, ont participé au cortège funèbre d'une jeune femme morte en martyre, Bahyeh al-Radi, cortège qui s'est rapidement transformé en une énorme manifestation, par exemple" a précisé cette source qui a souhaité conservé l'anonymat.
Une Bahreïnie ayant disparu mercredi dernier, jour de la violente répression d'une manifestation à Manama, est morte des suites de ses blessures, annonce ce mardi le Wefaq, principal parti de l'opposition. Le Wefaq ajoute que les circonstances exactes de ses blessures ne sont pas connues mais qu'elle était, semble-t-il, au volant de sa voiture dans la capitale lorsqu'elle a reçu des balles dans la tête.
Les travailleurs du royaume du Bahreïn dans le golfe Persique ont répondu à la répression du régime soutenu par les Etats-Unis par une vague de grèves dans presque tous les secteurs de l'économie.
Bien que les dirigeants des syndicats n'aient pas officiellement appelé à la grève générale, on estime que 70% des travailleurs du Bahreïn sont en grève et des centaines d'entre eux se joignent aux manifestations qui ont lieu dans les rues de la capitale.
Le régime du dictateur Hamad al-Khalifa qui est confronté à de nombreuses manifestations contre sa direction autoritaire depuis février, a tenté de maintenir son régime par la force en publiant la semaine dernière un décret d'urgence instituant la loi martiale, et en donnant à la police et à l'armée l'autorisation de prendre toutes les mesures nécessaires à la sauvegarde du régime. Un couvre-feu qui commence à la tombée de la nuit et se termine à l'aube a été institué dans tout le Bahreïn.
Avec l'aide d'environ 1500 soldats et policiers envoyés par les dictatures voisines d'Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis (UAE) les forces de sécurité du Bahreïn ont déclenché une vague de répression scandaleuse contre les manifestants mercredi dernier.
Faisant usage de balles réelles, et avec le soutien de tanks et de véhicules blindés, la police et l'armée ont évacué des milliers de manifestants de la place de la Perle, le centre des manifestations de toutes ces dernières semaines dans la capitale de Manama.
L'invasion de forces étrangères venant d'Arabie Saoudite et des Émirats, n'a pas suffi à mettre un terme aux manifestions et grèves qui ont transcendé les divisions religieuses avec les appels des travailleurs et des jeunes à l'unité de tous les habitants du Bahreïn contre ce régime.
La lutte sociale massive contre le gouvernement et pour un meilleur niveau de vie s'est étendue à presque tous les secteurs de l'économie. Les salariés du secteur de la construction, de la compagnie aérienne nationale Gulf Air, de l'industrie énergétique et des services publics sont en grève.
Les employés en grève de la raffinerie publique du Bahreïn, Barhain Petroleum Company, ont partiellement interrompu la production dimanche, ce qui ne manquera pas de consterner les pouvoirs impérialistes et les marchés financiers mondiaux.
La raffinerie, qui peut produire jusqu'à 250 000 barils de pétrole brut par jour, ne tourne qu'à 10% de sa capacité, selon un porte-parole du syndicat.
Le Bahreïn est un centre financier majeur de la région du Golfe et les manifestations ont sérieusement perturbé le secteur. Des milliers de manifestants ont occupé de larges portions du district financier de Manama en élevant des barricades et en affrontant les forces de police. La bourse du Bahreïn n'a pas ouvert depuis le 16 mars.
La fédération générale des syndicats du Bahreïn (GFWTUB) a dit que les grèves continueraient jusqu'à ce que l'Arabie Saoudite et les Émirats se retirent du pays. Sayed Salman, le secrétaire général de la GFWTUB, a dit au Wall Street Journal que son organisation ne voulait pas causer de dommages permanents à l'économie nationale, mais il a ajouté que la grève ne cesserait pas tant que les forces de sécurité tueraient des manifestants.
Le gouvernement des Etats-Unis qui a lancé une guerre contre le régime libyen du colonel Kadhafi sous le prétexte des "droits de l'homme" continue de soutenir la dynastie des al-Khalifa au Bahreïn.
Washington compte sur les régimes du Bahreïn et d'Arabie Saoudite pour mettre fin aux manifestations et aux grèves avant que les intérêts des Etats-Unis dans ces pays et dans toute la région ne soient menacés.
La Cinquième flotte de la marine américaine est stationnée au Bahreïn ; c'est une base vitale qui appuie l'occupation de l'Irak et permet à Washington de maintenir la pression sur l'Iran.
L'Arabie saoudite a envoyé plus d'un millier de soldats à Bahreïn, les Emirats arabes unis 500 policiers et le Qatar a annoncé son intention d'envoyer des forces aux effectifs non précisés.
Ces unités font partie de la force commune du "Bouclier de la péninsule" formée par les six membres du Conseil de Coopération du Golfe Persique, qui compte aussi le sultanat d'Oman.
La puissance pétrolière de l'Arabie Saoudite et la solidarité arabe face à l'Iran ont conduit les Arabes à rester cois face à la répression à Bahreïn tandis qu'ils protestaient bruyamment contre l'écrasement de la révolte en Libye pour soutenir le régime, et deux jours plus tard la police bahreïnie a chassé les protestataires qui campaient depuis un mois dans le centre de Manama, pour exiger une monarchie constitutionnelle.
"Personne n'a intérêt à se montrer hostile à l'Arabie Saoudite et aux pays du Golfe persique. Les Occidentaux comme les Etats arabes ont besoin de leur pétrole et de leurs immenses ressources financières", a expliqué Bourhane Ghalioune, directeur du Centre des études arabes et de l'Orient contemporain à la Sorbonne.