Source: AFP
Manifestation à Bamako contre la CEDEAO, le 14 janvier 2022 (image d'illustration).
Les militaires au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont décidé de retirer leur pays, avec effet immédiat, de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), organisation sous-régionale de 15 membres, ont-ils annoncé ce 28 janvier dans un communiqué conjoint.
Les dirigeants respectifs des trois Etats sahéliens, «prenant toutes leurs responsabilités devant l'histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest», dit le communiqué lu sur les médias d'Etat de ces pays.
La CEDEAO, «sous l'influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses états membres et ses populations», précise le communiqué conjoint.
Les militaires ne cessent de dénoncer l'instrumentalisation faite selon eux de la CEDEAO par l'ancienne puissance coloniale française. Le retrait de la CEDEAO est le dernier acte de rupture en date de leur part.
«Regret, amertume et déception»
Ils ont poussé les ambassadeurs et les forces françaises vers la sortie et se sont tournés politiquement et militairement vers la Russie. Ils ont par ailleurs formé une alliance placée sous le signe de la souveraineté et du panafricanisme.
Les militaires soulignent dans leur communiqué que leur pays avait participé en 1975 à la création de la CEDEAO.
«Après 49 ans d'existence, les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger constatent avec beaucoup de regret, d'amertume et une grande déception que leur organisation s'est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme», disent-ils.
Ils accusent l'organisation de ne pas les avoir aidés face aux jihadistes qui sévissent depuis 2012, au Mali d'abord, puis aussi chez ses deux voisins, faisant des milliers de morts, combattants et civils, et provoquant le déplacement de millions de personnes.
Les sanctions prises contre leur pays ont représenté «une posture irrationnelle et inacceptable», au moment où «ces Etats ont décidé de prendre leur destin en main», disent-ils. Les militaires ont pris le pouvoir en 2020 au Mali, en 2022 au Burkina Faso et en 2023 au Niger.
Les trois pays, confrontés à des problématiques similaires d'insécurité, de jihadisme et de pauvreté, ont des relations tendues avec la CEDEAO. Celle-ci a pris de lourdes sanctions contre le Mali et le Niger, menaçant de surcroît de recourir à la force dans ce dernier pays. Elle a suspendu les trois pays de ses organes.