Mes yeux ne voient plus que larmes et funérailles dans toute la Syrie (témoignage)
par Fayrouz H
On voit les dépouilles de nos martyrs sortir des maisons et des hôpitaux. On leur jette des fleurs et du riz. On voit des cortèges les accompagner vers leurs villes et villages pour y être enterrés.
On voit des paysans et des villageois dont beaucoup sont très pauvres les entourer. On voit le long de villages verdoyants et d'autres montagneux, le cortège des dépouilles tracer son chemin dans les herbes du printemps précoce et des pins.
Hier nous avons assisté aux funérailles de deux sœurs druzes à Jaramana, [banlieue de Damas]. J'ignore les circonstances de leur assassinat. Lors des condoléances les visiteuses portaient un voile blanc [traditionnel chez les druzes]. Les femmes pleuraient et répétaient : « Pour la Syrie ». On voyait des hommes endoloris et d'autres en colère ; tous répétaient : « Pour la Syrie ». C'était leur réponse à cette guerre déclarée à un pays dont le nouvel occupant veut modifier la position géopolitique sans se soucier des déchirements et des bouleversements pour la vie de ses habitants.
Les plus imposantes funérailles ont eu lieu à Alep, avec la participation de religieux chrétiens et musulmans. Dans toutes les places de Syrie des jeunes, des femmes, des hommes, des enfants, portaient des bougies, pour honorer les martyrs d'Alep. A l'église Maryamiyye, les religieux musulmans et chrétiens ont prié ensemble. J'ai vu des filles voilées allumer des cierges. Expression raffinée de l'unité d'un peuple cultivé, doté d'une conscience politique aigue. N'importe qu'elle personne croisée dans la rue développe la même analyse politique quant à la collusion occidentalo-sioniste et ses alliés Arabes, qui frappe la Syrie.
A cette noble expression d'union nationale, le chef d'Al-Qaïda, Ayman al Zawahiri, répond, lui, en appelant ses hommes à venir en Syrie combattre l'armée gouvernementale syrienne ; la seule armée arabe dont la foi est basée sur l'inimitié avec l'occupant israélien. Des combattants d'Al-Qaïda sont déjà présents en Syrie. Ils font partie des gangs qui tuent des civils...
Ce vendredi, 10 février, la Ligue arabe a appelé les États à rompre les relations politiques avec la Syrie, à la soumettre à un embargo économique, à « aider l'opposition » financièrement et politiquement. Elle a supprimé la mission des observateurs (dont le rapport qu'ils ont établi, souligne les actes de ces gangs qui tuent des civils en Syrie), et a demandé une mission arabo-internationale !
Le Qatar a félicité Tunis d'accueillir le Congrès de prétendus « amis de la Syrie » qui de fait sont associés aux conspirateurs internationaux contre le peuple syrien. Le Qatar et l'Arabie en assurent évidemment les frais.
Ces chevaliers de la Ligue arabe n'ont bien sûr pas entendu qu'Israel a interdit l'accès en ce jour de prière a la mosquée Al-Aqsa. Ils n'ont pas entendu l'appel du Likoud à l'envahir. Ils n'ont pas entendu que la Syrie a demandé, dans un message officiel, aux organismes internationaux d'assumer leurs responsabilités quant au danger qu'encourt la mosquée Al-Aqsa.
Ce vendredi, le général de brigade et médecin Issa Al-Khouli, directeur de l'hôpital Ahmad Hamish, a été assassiné devant sa maison à Damas alors qu'il se rendait à son travail. Ces assassinats à « l'irakienne » qui se multiplient, nous le craignons fort, vont saigner le pays de ses cadres, des ses éléments patriotiques, de ses officiers. Cette situation est très grave...
Fayrouz H
Damas, le 11 février 2011.
Traduit de l'arabe pour silviacattori.net