Par Marie-Christine Vergiat, députée européenne Front de Gauche et le CADTM (Comité pour l'annulation de la dette du tiers-monde).
Le paiement de la deuxième tranche du service ?de la dette tunisienne est prévu courant septembre. Compte tenu des nécessités ?sociales et de la période historique que traverse la Tunisie, les autorités tunisiennes devraient avoir d'autres priorités, d'autant qu'une large part de cette dette est illégitime puisqu'elle n'a servi qu'à enrichir Ben Ali et quelques-uns ?de ses affidés au détriment de la population tunisienne.
Le peuple tunisien a déjà suffisamment souffert. Il a droit à la vérité sur l'utilisation de cette dette. ?Le remboursement de cette dette doit donc être immédiatement suspendu, le temps de réaliser un audit qui permettra d'identifier et de fonder l'annulation de la part illégitime.
Les dirigeants de l'Union européenne s'honoreraient de faciliter cet audit en mettant à disposition tous les documents utiles, compte tenu de leurs responsabilités vis-à-vis de l'ancien régime.
À ce jour, 100 parlementaires ont déjà signé l'appel |1| lancé en ce sens par le réseau CADTM ?(Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde) et deux eurodéputées, ?Marie-Christine Vergiat et Gabi Zimmer, ?pour relayer la campagne internationale du Raid, l'association tunisienne membre des réseaux CADTM et Attac. ?Cette demande a également été reprise par le Sénat belge et l'Assemblée parlementaire paritaire UE-ACP. Il est temps d'arrêter le cycle infernal de l'endettement tunisien.
Rappelons qu'entre 1990 et 2009 la Tunisie a remboursé 3?milliards d'euros de plus que ce qu'elle a reçu en nouveaux prêts sur cette même période.
Suspendre le versement de cette dette serait plus réaliste que d'entraîner la Tunisie dans une nouvelle spirale d'endettement comme osent l'y convier ses principaux créanciers au sein desquels l'Union européenne et tout particulièrement la France tiennent une bonne place.
Cela permettrait de construire avec les pays du sud de la Méditerranée un autre dialogue fondé notamment sur le respect du peuple tunisien et des instances démocratiques dont il se dotera librement prochainement.
Nous appelons donc l'ensemble des parlementaires de l'Union européenne qu'ils siègent dans les Parlements nationaux ou au sein du Parlement européen à nous rejoindre. Afin d'augmenter la pression sur le gouvernement tunisien et les créanciers de la Tunisie, nous étendons également cet appel aux parlementaires des autres continents.
Tribune parue dans le journal français L'Humanité le 9 septembre 2011