Conseil national de transition en Libye - Rien ne va plus au sein du Conseil national de transition, organe suprême de l'insurrection contre le régime Kadhafi. En témoigne la décision, plutôt inattendue, de dissoudre le gouvernement de Bengazi pour cause, dit-on, « d'erreurs administratives ». il semble, en effet, que cette équipe-là a payé le prix fort pour l'insuffisance de ses performances par suite de l'assassinat, le 28 juillet dernier, du général Abdel Fattah Younes, chef des forces armées et stratège en chef de la rébellion.
Pour l'heure, seul rescapé de ce grand coup de balai : le Premier ministre, Mahmoud Djibril, chargé de former un nouvel exécutif afin de combler le trou béant ainsi laissé au sommet du CNT. De quoi alimenter un peu plus la triste pagaille qui, dès les premiers jours, a toujours semblé régner dans le camp des insurgés et ce, malgré l'appui politique, diplomatique et surtout militaire de l'OTAN. Quand on sait qu'au fil des semaines et malgré l'appui tactique et matériel de leurs alliers occidentaux, les insurgés, à peine formés et sans expérience, peinaient à maintenir la pression sur le régime Kadhafi. Après la mort de leur général en chef, on imagine quelle a été l'ampleur de la confusion au sein des troupes.
Mais comme un malheur n'arrive pas seul, voilà qu'à peine remis de leurs émotions, les engagés du CNT se trouvent confrontés à une nouvelle déconvenue, et de taille celle-là : le limogeage de toute l'aile politique du mouvement. Une révolution qui tombe bien mal et qui, à coup sûr, fera bien des heureux parmi les fidèles, encore nombreux, du Guide. Pour ces affidés-là, nul doute que le sabordement du gouvernement de Benzazi n'est ni plus ni moins qu'un cadeau du ciel en ce temps béni du Ramadan.
Ainsi, au grand dam des héritiers du général Younes, le ver est déjà dans le fruit et menace de le ronger jusqu'au trognon tandis que l'esprit de la division souffle dans les tranchées de Bengazi. L'heure est grave et les indices qui remettent en cause la crédibilité du Conseil national de transition et de la rébellion libyenne tout entière s'accumulent. Un recul tragique seulement quelques jours après qu'ils ont célébré l'une des plus grandes victoires diplomatiques des forces libyennes insurgées, l'expulsion des derniers diplomates kadhafiens de Londres et la reconnaissance de leur légitimité par le gouvernement britannique. Reste à espérer qu'avec sa nouvelle équipe dirigeante, la Transition renaîtra de ses cendres, plus forte et, surtout, plus probante.
Par H. Marie Ouédraogo. L'Observateur Paalga/10/08/2011
Le CNT appelle les rebelles à rejoindre la future armée
Le président du CNT appelle les rebelles à rejoindre la future armée - Le président du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion libyenne, Moustapha Abdeljalil, a de nouveau appelé mardi les combattants rebelles à rejoindre la nouvelle "armée nationale" en cours de formation. Le coup d'Etat du colonel Mouammar Kadhafi en 1969 "a détruit toutes les institutions du pays, dont son armée", a déclaré à la presse M. Abdeljalil.
"Nous appelons les soldats de tous grades à rejoindre l'armée nationale. Nous appelons également les rebelles des différents groupes armés à rejoindre, en tant qu'individu, cette armée pour améliorer ses performances", a-t-il dit.
M. Abdeljalil s'exprimait à Benghazi, bastion de la rébellion dans l'est libyen, à l'occasion du "70e anniversaire de la création de l'armée libyenne", a-t-il expliqué.
Depuis l'assassinat le 28 juillet dans de mystérieuses circonstances du commandant militaire de la rébellion, le général Abdel Fatah Younès, le CNT multiplie les appels aux combattants rebelles pour qu'ils intègrent au plus vite l'embryon de la nouvelle armée en cours de formation autour d'ex-officiers de l'armée de Kadhafi passés dans le camp de la "révolution".
Ces appels s'adressent en priorité aux volontaires civils regroupés au sein d'une multitude de brigades qui font aujourd'hui l'essentiel de la rébellion, et considèrent souvent avec suspicion les déserteurs.
Samedi, M. Abdeljalil avait déjà lancé un appel aux différentes unités rebelles déployées dans les rues de Benghazi pour qu'elles intègrent "au plus vite" les forces de sécurité du CNT.
L'un des principaux chefs militaires de la rébellion, Fawzi Bukatif, chef de "l'Union des forces révolutionnaires" qui regroupe une trentaine de brigades de combattants volontaires sur le front, avait quant à lui jugé "prématuré" la création d'une "armée nationale" alors que la guerre se poursuit contre le régime.
Mardi, dans sa courte déclaration à la presse, le président du CNT n'a fait par ailleurs aucune référence au limogeage, annoncé la veille, du "bureau exécutif" --sorte de gouvernement intérimaire-- du mouvement rebelle.
La Presse/10/08/2011