Kharroubi Habib - Le Quotidien d'Oran
Là où ils se trouvaient en ce dimanche 15 mai, jour anniversaire de leur douloureuse Nakba (catastrophe nationale), des milliers de Palestiniens ont convergé aux frontières de l'État hébreu pour rappeler au monde le déni de justice que sont l'occupation sioniste de leur patrie et les expulsions dont elle s'est accompagnée.
Ils ont marché pacifiquement à partir de la bande de Gaza, de la Cisjordanie occupée, du Sud Liban et du territoire syrien afin de montrer qu'exilés malgré eux, ou enfermés dans les Territoires, prisons à ciel ouvert, ils ne renoncent pas au droit au retour et à un État national que reconnaît la communauté internationale.
A ces marches pacifiques, l'État sioniste a opposé sa soldatesque, dont l'intervention a fait de nombreux morts et blessés parmi les participants, hommes, femmes et enfants. Le gouvernement Netanyahu a tenté de justifier la sanglante opération en alléguant que les Palestiniens ont été poussés, ou par les autorités syriennes « au but de détourner l'opinion mondiale de ce qui se passe en Syrie », ou par celles du Liban sous influence du Hezbollah. Présentation à laquelle n'accordent foi que les irréductibles soutiens de l'État hébreu.
Les marches ont été palestiniennes et expriment la confiance et la détermination retrouvées du peuple palestinien après que les mouvements politiques eurent scellé leur réconciliation. Elle sont aussi l'affirmation que le peuple palestinien n'est pas en marge du vent de changement qui souffle sur le monde arabe et que sa contribution au « printemps arabe », c'est d'intensifier la lutte pacifique contre l'occupant sioniste.
Des commentateurs israéliens ont bien compris la signification des évènements de ce dimanche et averti l'opinion de leur pays que « la révolution arabe frappe aux portes d'Israël ». Cette révolution frappe effectivement aux portes d'Israël et enferme cet État dans l'isolement le plus complet. Dans sa résistance à l'occupant sioniste et à l'oppression qu'il subit, le peuple palestinien est désormais assuré de ne plus être seul et sans appui. Contrairement aux prévisions des dirigeants sionistes et de leurs alliés, le « printemps arabe » n'a pas enterré la solidarité de ses acteurs avec la cause palestinienne. Au contraire, il lui redonne conviction et résolution.
Il reste aux Palestiniens à conforter leur unité nationale et à s'entendre sur une stratégie de résistance en vue de contraindre Israël à renoncer à l'occupation de leurs territoires et à admettre la création de l'État national palestinien.
Les discussions entamées lundi au Caire entre le Fatah et le Hamas en vue de la formation d'un gouvernement d'entente augurent une avancée positive dans ce sens. Ces deux mouvements rivaux semblent enfin être au diapason de leur peuple, qui a compris avant eux que leurs dissensions et les affrontements interpalestiniens générés par elles ont favorisé les desseins de l'ennemi israélien et affaibli le camp de la cause palestinienne.
Dimanche, les Palestiniens ont signifié qu'à l'instar des peuples arabes en révolte pour en finir avec leurs régimes despotiques et liberticides, eux aussi sont déterminés à forcer le destin sans attendre le salut d'un monde trop longtemps complaisant et souvent complice de l'occupant sioniste.
Oui, « la révolution arabe frappe aux portes d'Israël ». Ce que Netanyahu et son gouvernement ne peuvent ignorer indéfiniment ou espérer s'en prémunir par le seul recours à la force militaire.
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