par Hassane Zerrouky
cadtm.org
Des parlementaires européens communistes, Verts et socialistes relèvent qu'une vraie solidarité avec la révolution tunisienne passe par la suspension du remboursement des créances européennes sur le pays.
Des parlementaires européens de gauche (communistes, Verts, socialistes) ont signé un appel « pour un audit des créances européennes à l'égard de la Tunisie », et ce, à l'initiative du Comité pour l'annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) et de deux députées de la GUE/NGL, Marie Christine Vergiat (Front de gauche) et Gaby Zimmer (Die Linke).
Selon le rapport du FMI du 1er septembre 2010, la dette tunisienne s'élève à 19,9 milliards d'euros en 2010 et atteindra les 20,2 milliards à fin 2011, soit près de la moitié du PIB estimé à 44,7 milliards de dollars à la fin 2011. Elle doit régler impérativement, au seul titre du service de la dette (paiement des intérêts sur le principal), la somme de 750 millions d'euros en 2011. Aussi les parlementaires européens demandent-ils « la suspension immédiate du remboursement des créances européennes sur la Tunisie (avec gel des intérêts) et la mise en place d'un audit de ces créances » associant « des représentants de la société civile ». Et cela, afin de permettre « de faire la lumière sur la destination des fonds empruntés, les circonstances qui entourent la conclusion des contrats de prêts, la contrepartie de ces prêts (les conditionnalités) ainsi que leurs impacts environnementaux, sociaux et économiques ». L'appel précise que « l'audit permettra ainsi d'identifier la part illégitime de la dette tunisienne, celle qui n'a pas profité à la population » !
Et, en effet, ça urge. La Tunisie fait face à une situation socio-économique préoccupante. Selon le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Saïd Ayadi, les secteurs les plus touchés par « la quasi-paralysie économique depuis la fin décembre sont ceux du tourisme, qui emploie 450 000 emplois, du transport, du commerce, des phosphates et des travaux publics ». Qui plus est, a-t-il indiqué le 4 avril dernier, le taux de croissance pour 2011, estimé au plus à 1 % au lieu des 5 % initialement prévus, fait peser de lourdes menaces sur l'emploi. Le chômage, estimé touchant 520 000 personnes en 2010, dont 160 000 chômeurs diplômés de l'enseignement supérieur, en touchera près de 700 000 en 2011, soit un taux de chômage de 19 % contre 14 % en 2010 ! Et « pour faire face à ce tsunami dévastateur », selon son expression, il faudrait un taux de croissance de 8 % pour résorber le chômage ou le contenir dans des proportions gérables. En clair, en plus des sommes astronomiques (plusieurs milliards d'euros) détournées par le clan Ben Ali, le poids de la dette extérieure compromet la possibilité d'une relance fondée sur une création d'emplois durables. Á quoi s'ajoute, et quoi de plus normal, une montée des attentes sociales de toutes sortes depuis l'entrée dans la démocratie.
Voir en ligne : humanite.fr