K. Habib - Le Quotidien d'Oran
L'ébullition révolutionnaire dont le monde arabe est le théâtre a relégué au rang d'évènement anecdotique le regain de tension qui prévaut entre Israéliens et Palestiniens.
C'est tout juste si les bombardements aériens sur la bande de Gaza font l'objet de l'information médiatique internationale et que quelques voix se sont élevées pour s'en indigner et dénoncer leur barbarie. La sensiblerie humanitariste des professionnels de l'indignation trouve mieux à s'exprimer avec ce qui se passe en Libye, en Syrie, au Yémen ou en Côte d'Ivoire. Là, elle a de quoi apitoyer et faire s'émouvoir sur le sort de populations victimes de tyrans et de dictatures accrochés au pouvoir et déterminés à user de la violence extrême pour le conserver.
Pourtant en Palestine, sa population est elle aussi victime d'une tragédie qui est celle d'une occupation s'accompagnant des dénis des droits de l'homme et d'une répression tout aussi sanglante. L'on n'entend pas pour autant les « droitshommistes » interpeller l'Onu et la communauté internationale pour leur demander d'intervenir et protéger les Palestiniens. Autant ils ont salué et applaudi la Ligue arabe pour avoir donné son onction à une intervention internationale en Libye, autant ils la fustigent pour avoir évoqué l'éventualité de saisir les Nations unies en vue d'une opération du même genre en faveur de la population gazaouie.
A tout point de vue pourtant, c'est en Palestine que le droit international, celui des peuples et des individus sont bafoués de la façon la plus révoltante. Mais là il s'agit d'Israël, auquel les « droitshommistes » confèrent l'absolution quoi qu'il fasse. Bernard-Henry Lévy, grand pourfendeur devant l'éternel des dénis de justice, ne voit pas et ne veut pas entendre celui que l'État sioniste commet contre les Palestiniens. Le Conseil de sécurité ne suivra pas la Ligue arabe sur la question palestinienne.
Les puissances ayant engagé leurs forces militaires en Libye et en Côte d'Ivoire, en attendant le prétexte pour en faire de même en Syrie ou ailleurs dans le monde arabe, s'opposeront à toute initiative de la sorte concernant Gaza, dont la population subit le fer et le feu que l'aviation israélienne déverse sur elle.
Comme faire grief à ceux qui émettent des doutes sur l'équité des prises de position et décisions onusiennes au regard de leur caractère sélectif ? L'Onu gagnerait en crédibilité si elle ne faisait pas preuve d'autant d'indifférence sur le calvaire des Palestiniens. A Gaza, meurent aussi des personnes qui ont voulu vivre libres et avoir un État national, deux droits inscrits dans la Charte des Nations unies et dont l'Onu est censée faire prévaloir la légitimité. L'Onu est dans son rôle quand elle empêche des dictateurs d'user de violence contre leurs peuples pour conserver le pouvoir. Elle trahit sa mission quand elle laisse faire un État qui en occupe un autre au mépris du droit international et de ses résolutions. Ce qu'Israël fait depuis plus de soixante maintenant.
Les Arabes, même ceux que des interventions onusiennes libèreront des dictatures nationales qu'ils honnissent, n'oublieront pas pour le cas de la Palestine son comportement à géométrie variable.
Que l'on ne s'y trompe pas du côté des « droitshommistes » inspirés par Bernard-Henry Lévy, le Printemps arabe dont ils se solidarisent bruyamment n'oubliera pas la Palestine.
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