Les manifestations s'étendent à travers tout le pays, tandis que la pression internationale commence à s'exercer sur Kadhafi et ce qu'il reste de son entourage.
D’après Al Jazeera
Les pressions internes et externes s'exercent de plus en plus fortement sur le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pour qu'il abandonne le pouvoir alors que les manifestations se poursuivent.
Dans le pays, des manifestants anti-gouvernementaux ont annoncé que les mobilisations gagnaient en soutien, et des séquences filmées ce vendredi montrent des soldats en uniforme se joignant aux manifestants.
Les images montrent des soldats portés sur les épaules de manifestants dans la ville d'Az Zawiyah, après s'être retournés contre le gouvernement. Un des militants a déclaré que ce genre de scène se répétait dans tout le pays.
Al Jazeera, cependant, n'est pas en mesure de vérifier le contenu de la vidéo qui a été obtenue via les sites de réseaux sociaux.
Notre correspondant en Libye a rapporté vendredi que les commandants de l'armée dans l'Est, qui se sont retournés contre Kadhafi, lui avaient dit que les commandants militaires dans l'ouest du pays ont également commencé à changer de camp.
Ils ont averti cependant, que la brigade Khamis, une brigade de forces spéciales restées fidèles à la famille Kadhafi et équipées d'un armement sophistiqué, luttent actuellement encore contre les forces anti-gouvernementales.
Notre correspondant, qui ne peut être nommé pour des raisons de sécurité, a déclaré que malgré les avancées, les gens sont inquiets de ce que Kadhafi pourrait faire dans les jours à venir, et sont inquiets aussi du fait que ses partisans étaient toujours en fuite.
Abu Yousef, un habitant de la ville de Tadjoura, a déclaré à Al Jazeera ce samedi que des tirs à balles réelles ont été utilisée contre des manifestants anti-gouvernementaux.
« Les forces de répression sont aussi en train de fouiller des maisons dans la zone et de tuer ceux qu'ils accusent d'être contre le gouvernement », dit-il.
Les forces fidèles à Kadhafi ont également ouvert le feu sur des manifestants anti-gouvernementaux dans la capitale, Tripoli, après la prière du vendredi.
Des coups de feu lourd a été signalés dans les districts de Fashloum, Ashour, Jumhouria et Souq Al, selon ce qui a été communiqué à Al Jazeera.
Cette offensive intervient après que Kadhafi soit apparu à Tripoli sur la Place Verte, ce vendredi, pour s'adresser à une foule de ses partisans.
Le discours, qui faisait aussi référence à la guerre d'indépendance de la Libye contre l'Italie, semble avoir eu pour but de rallier ce qui reste de soutien avec une référence spécifique à la jeunesse du pays.
Un discours fait plus tôt, le jeudi soir par téléphone, avait entraîné des spéculations sur l'état physique de Kadhafi. Mais les images diffusées ce vendredi ont montré a montré Kadhafi debout au-dessus de la place, agitant le poing pendant qu'il parlait.
Dans le discours fait sur le toit, Kadhafi a exhorté ses partisans à « défendre la Libye ».
« S'il le faut, nous allons ouvrir tous les arsenaux. Nous les combattrons et nous allons les battre », a-t-il dit.
Condamnation internationale
La région Est de la Libye est à présent considérée comme totalement hors du contrôle de Kadhafi depuis que le soulèvement populaire a commencé le 14 février par des manifestations dans la ville de Benghazi, inspirées par les révolutions en Egypte et en Tunisie.
Kadhafi a servi aux gouvernements occidentaux - selon les périodes - soit d'épouvantail soit de complice avoué ou inavoué - Photo : AEP
Hoda Abdel-Hamid d'Al Jazeera rapporte depuis la ville d'Al-Baida dans l'Est de la Libye, samedi, que de nombreuses régions de l'est du pays ne sont plus contrôlées par le gouvernement et que les habitants ne veulent en aucun cas se séparer du reste de la Libye.
« Ils veulent toujours une Libye unie, et que Tripoli soit la capitale, » dit-elle.
Notre correspondante a ajouté que de nombreuses personnes dans l'Est du pays se sont sentis abandonnées par le gouvernement Kadhafi, malgré les vastes richesses pétrolières situées dans la région, et ils se pensaient sans avenir.
Des centaines de personnes ont été tuées dans une répression brutale des manifestations, bien que le bilan officiel reste incertain.
La répression a entraîné une condamnation internationale.
Pendant que les gouvernements occidentaux peinent à élaborer une réponse collective à la situation en Libye, les États-Unis ont annoncé qu'ils prenaient des mesures contre le régime.
Barack Obama, le président américain, a émis un décret permettant la saisie des biens et le blocage des avoirs aux États-Unis appartenant à Kadhafi et à ses quatre fils.
Dans un communiqué, Obama a déclaré que les mesures visaient spécifiquement le gouvernement Kadhafi et non pas le bien-être du peuple libyen.
L'Union européenne a également décidé d'imposer un embargo sur les armes, le gel des avoirs et une interdiction de voyager.
Le bilan officiel de la violence reste incertain. François Zimeray, un responsable de la défense des droits humains en France, a déclaré jeudi qu'il se pourrait qu'il y ait déjà 2000 personnes qui aient été tuées.
La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et les États-Unis ont élaboré une résolution commune disant que les attaques contre des civils constituent des crimes contre l'humanité [on attend maintenant que cela fasse jurisprudence et s'applique aussi aux Israéliens... N.d.T]. La résolution appelle à un embargo sur les armes, à une interdiction de voyager et au gel des avoirs de Kadhafi et des membres de son gouvernement.