14/02/2011 france-palestine.org  4min #49360

 Le golpe blanc du Pentagone

La junte au pouvoir en Égypte respectera les traités de paix avec Israël

L'Orient le Jour 

L'armée, dépositaire du pouvoir après la chute du président Hosni Moubarak, a promis samedi une "transition pacifique" vers "un pouvoir civil élu" et s'est engagée à respecter les traités internationaux signés par l'Égypte, dont les accords de paix avec Israël.

Dans le même temps, les Égyptiens continuaient à fêter la chute du raïs, tombé la veille sous la pression de la rue après trois décennies au pouvoir, et certains nettoyaient la place Tahrir, au Caire, épicentre de la révolte lancée le 25 janvier.

Le conseil suprême des forces armées, une instance de dirigeants militaires qui a pris la direction du pays, a annoncé que le gouvernement nommé par M. Moubarak quelques jours avant son départ resterait en place pour assurer la gestion des affaires courantes.

L'Égypte "restera engagée envers tous ses traités régionaux et internationaux", a-t-il souligné. L'Égypte est, avec la Jordanie, le seul pays arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël.

L'État hébreu, qui n'a pas caché ces derniers jours ses craintes de voir émerger au Caire un nouveau pouvoir hostile à cet accord, s'est félicité de ces "assurances", ajoutant que ce traité était "une pierre angulaire pour la paix et la stabilité dans tout le Moyen-Orient".

L'armée s'est aussi engagée à une "transition pacifique du pouvoir" qui "préparera le terrain à un pouvoir civil élu en vue de construire un État démocratique libre", a déclaré le conseil dans ce texte lu par un militaire à la télévision d'État, sans toutefois donner de calendrier.

La communauté internationale a multiplié les appels à une évolution démocratique et à un retour à un pouvoir civil répondant aux voeux des manifestants qui ont chassé M. Moubarak. "Le gouvernement actuel et les gouverneurs continueront de travailler jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé", a ajouté le conseil, dirigé par le ministre de la Défense, Mohamed Hussein Tantaoui, 75 ans, le nouvel homme fort du pays.

Le gouvernement tiendra dimanche sa première réunion depuis la démission de M. Moubarak, selon l'agence Mena. Dans la soirée, des centaines d'Égyptiens étaient toujours rassemblés place Tahrir que des volontaires, armés de balais et de sacs, s'employaient à nettoyer dans une ambiance bon enfant. Certains avaient des feuilles scotchées à la poitrine annonçant : "Nous nous excusons pour tout dérangement, nous bâtissons l'Égypte", ou "Hier, je manifestais, aujourd'hui, je construis".

L'armée avait dégagé plus tôt barricades et barbelés autour de la place et des grues avaient enlevé les carcasses de voitures brûlées, rappels des violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, puis entre pro et anti-Moubarak, au cours de cette révolte qui a fait au moins 300 morts, selon l'ONU et l'organisation Human Rights Watch.

À Ismaïliya, grande ville située sur le canal de Suez, des centaines de policiers ont manifesté pour protester contre la corruption dans leurs rangs. Mais 600 prisonniers se sont échappés samedi d'une prison du Caire après des émeutes, selon des services de sécurité qui font état de plusieurs morts ou blessés.

Sur le plan judiciaire, le procureur général a interdit à l'ancien Premier ministre Ahmad Nazif et à l'actuel ministre de l'Information Anas el-Fekki de quitter le pays "au vu des plaintes déposées contre eux", a rapporté la Mena, sans plus de précision sur ce qui leur était reproché. La télévision publique a annoncé peu après la démission de M. Fekki.

Malgré l'euphorie et l'incertitude, la vie reprenait son cours. Le couvre-feu a été allégé : il débutera désormais à minuit au lieu de 20h00 (18h00 GMT), et durera jusqu'à 06H00 (04h00 GMT). La Bourse du Caire, fermée depuis le 27 janvier, doit rouvrir mercredi, a annoncé la télévision d'État.

L'annonce de la démission de M. Moubarak est intervenue au 18e jour de la révolte populaire, alors que plus d'un million de personnes manifestaient contre le raïs à travers l'Égypte, un pays de plus de 80 millions d'habitants. Selon son parti, il a quitté Le Caire pour Charm el-Cheikh (Sinaï), où il dispose d'une résidence.

L'Arabie saoudite, qui avait soutenu M. Moubarak pendant la révolte, s'est félicitée samedi de "la transition pacifique", alors que la direction palestinienne exprimait son soutien au peuple égyptien dans sa lutte démocratique.

L'Organisation de la conférence islamique a "félicité" les Egyptiens et exhorté les autres dirigeants arabes et musulmans à accélérer leurs réformes.

Au-delà de l'Égypte, l'annonce de la chute du régime a provoqué une explosion de joie dans plusieurs pays de la région, notamment à Tunis, où un mouvement de contestation similaire avait fait fuir le président Zine El Abidine Ben Ali quatre semaines plus tôt [1].

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