04/05/2024 francais.rt.com  4min #247991

 Biden soutient l'opération israélienne à Rafah si Israël adopte une ligne modérée face à l'Iran

Guerre à Gaza : Biden sous la pression de son propre camp


© Brendan Smialowski / AFP

Joe Biden à Tel-Aviv le 18 octobre 2023 rencontrant Benjamin Netanyahou (image d'illustration).

Joe Biden est soumis à la pression de son propre camp politique à l'égard de sa gestion du conflit au Proche-Orient. Dans une lettre qui lui est directement adressée, 88 élus démocrates de la Chambre des représentants font part de leur «inquiétude» face à «l'aggravation de la catastrophe humanitaire» à Gaza.

Pour cette raison, ils «exhortent» le président américain à envisager une suspension de ses livraisons d'armes à l'État hébreu si les autorités israéliennes n'assouplissent pas leurs restrictions sur l'aide humanitaire entrant dans l'enclave palestinienne assiégée.

S'ils réassurent soutenir «fermement le droit d'Israël à l'autodéfense», réitérant leur appel au Hamas à libérer «immédiatement et sans condition» les otages toujours détenus dans la bande de Gaza, ceux-ci restent «également très préoccupés par la conduite de la guerre à Gaza par le gouvernement israélien en ce qui concerne la rétention délibérée de l'aide humanitaire».

Les élus mettent l'aide militaire américaine dans la balance

Saluant l'ouverture «de nouveaux itinéraires d'aide et de points d'entrée» de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, tels que le port d'Ashdod et le passage d'Erez «en raison de votre pression persistante», les cosignataires pointent la responsabilité du gouvernement de Netanyahou pour avoir jusqu'alors «sévèrement restreint» l'acheminement de cette aide. «Le gouvernement Netanyahou doit mettre en œuvre un effort exhaustif et soutenu pour contrecarrer les dommages causés par ses propres politiques restrictives», ont fustigé les élus démocrates.

Ceux-ci ont déclaré que le Département d'État et celui de la Défense devaient envisager une «variété d'outils» afin de «remédier à ces violations continues». Outils allant du «renouvellement des assurances jusqu'à la suspension de transferts d'armes spécifiques», ont-ils précisé, rappelant à Joe Biden que la législation américaine (article 620I du Foreign Assistance Act) prohibe la livraison d'armement à des pays restreignants de quelque manière que ce soit l'acheminement de l'aide humanitaire soutenue par les États-Unis.

«Le supplément de sécurité récemment adopté ne doit pas être interprété comme un chèque en blanc ou comme une approbation implicite des actions du gouvernement Netanyahu», ont insisté les élus démocrates.

Comme  le rappelle le site Axios, le ministre israélien de la Défense avait signé mi-mars une lettre adressée à l'administration Biden suite à la demande de cette dernière que l'État hébreu fournisse «des assurances écrites crédibles et fiables» qu'Israël n'entraverait pas cette aide américaine.

La politique de Biden au Proche-Orient est loin de faire consensus aux Etats-Unis

Cette initiative intervient alors que les campus universitaires des États-Unis sont traversés par une vague de protestation contre la guerre à Gaza et qu'une intervention israélienne à Rafah se dessine. Premier soutien à Israël, l'administration Biden a mené pendant de longs mois une politique ambiguë. Au-delà de ses trois veto au Conseil de sécurité contre un cessez-le-feu, Washington a également poursuivi et même renforcé son soutien militaire à Tsahal.

Malgré les nombreux appels au cessez-le-feu et les critiques du soutien américain à Israël à travers le Moyen-Orient, Joe Biden a signé le 24 avril - après son approbation par le Congrès - un programme d'aide militaire supplémentaire à Israël de  17 milliards de dollars.

En vertu de la signature en 2016 d'un protocole d'accord entre Israël et les États-Unis, Washington s'était engagé à verser  38 milliards de dollars d'aide militaire sur la période 2018-2028. Outre cette aide, Israël est le premier utilisateur étranger du chasseur F-35. La poursuite de sa livraison à Israël, depuis l'éclatement du conflit, est également source de polémique aux États-Unis.

Aux delà des étudiants manifestant dans leurs campus, qui dénoncent notamment ce soutien militaire américain à Israël, la politique de Joe Biden au Proche-Orient est loin de faire consensus aux États-Unis. Selon  un sondage réalisé par l'institut Gallup, publié le 22 mars dernier, seuls 27% de la population adulte américaine est en phase avec les positions de la Maison Blanche sur ce dossier. Dans le détail, seuls 16% des républicains et 47% de démocrates se disent satisfaits de la politique de Joe Biden à l'égard de la «situation entre les Israéliens et les Palestiniens».

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