Alors que les mobilisations étudiantes massives se poursuivent au Chili pour une véritable éducation publique, plus de 80 organisations environnementales viennent d'exprimer leur soutien. Un vaste mouvement, mêlant justice sociale et écologique, est en train d'émerger, avec comme préoccupation principale la question de l'éducation et de la recherche, qui doivent demeurer en dehors des logiques prédatrices privées.
Photo : Santiago, 24 août 2011 ( source)
Nous, signataires de cette déclaration, cherchons à contribuer à l'articulation de l'écologie sociale dans le cadre de la situation socio-politique actuelle au Chili.
Nous rappelons que l'irruption massive de manifestants dans les rues du pays, en particulier sur la Alameda de Santiago, provient d'une réaction à l'adoption du projet Hidroaysén en Patagonie chilienne.
Ces mouvements ont comme toile de fond les différentes expressions qui ont émergé ces dernières années contre des méga-projets miniers, forestiers, énergétiques, d'aquaculture, de routes, d'étalement urbain et autres, ainsi que contre les initiatives législatives et gouvernementales qui portent atteinte à la souveraineté et à l'accès équitable aux ressources naturelles comme l'eau, les semences et la biodiversité terrestre et aquatique.
A partir de ces manifestations et de nos rencontres avec différents secteurs sociaux, dans les rues et dans les multiples espaces d'échange et d'apprentissage mutuel, s'est renforcé notre conviction que les problèmes et les conflits environnementaux dans notre pays ont une origine systémique, et qu'il est donc nécessaire de mettre en œuvre des changements structurels dans le modèle de développement.
Le manque de démocratie et une éducation ségrégative sont les conditions qui permettent la poursuite de ce modèle ultra-néolibéral qui promeut l'usurpation des terres et des ressources naturelles, l'agression et le déplacement de communautés, et la destruction des écosystèmes originels, par les grandes entreprises nationales et multinationales et par la subordination du pouvoir politique et de ses décisions aux intérêts des entreprises.
Notre solidarité et notre unité avec le mouvement étudiant sont nées de notre aspiration commune pour un modèle économique et politique socialement et écologiquement juste. Nous aspirons à un pays où l'éducation soit publique, inclusive, démocratique et de qualité.
L'éducation au Chili devrait consister à former des femmes et des hommes, des professionnels, des techniciens, des ouvriers, des artistes et des scientifiques, de manière à ce qu'ils soient solidaires et conscients, et tout aussi respectueux et défenseurs de la nature, des droits environnementaux et culturels des communautés.
Les universités de notre pays, en particulier les universités publiques, doivent immédiatement abandonner la logique de l'auto-financement, qui soumet son activité, à la fois d'enseignement et de recherche, aux objectifs de profit des grandes entreprises, dont les plus injustes et prédatrices du pays.
Nous resterons vigilants et mobilisés par les exigences de justice environnementale dans notre pays et nous renforcerons nos liens avec les étudiants et les organisations sociales mobilisés pour former un vaste mouvement en mesure de coordonner sa lutte pour le grand changement social et politique nécessaire à un Chili juste, démocratique et soutenable.
Justice sociale et environnementale Éducation pour la démocratie et la soutenabilité au Chili
Traduction : Maxime Combes pour Basta !
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