Simon de Beer
1 - COMMUNIQUE - 20 juin 2011 : L'OTAN frappe un centre de commandement et de contrôle militaire
FAUX : Nous nous sommes rendus sur place. Rien n'indique qu'il s'agissait d'une cible militaire. De plus, la veille des bombardements, toute la famille s'était réunie pour fêter un anniversaire. Qui, en temps de guerre, aurait l'idée de se réunir dans un centre de commandement militaire ?
2 - NAPLES - L'OTAN a connaissance des allégations selon lesquelles un de ses raids aériens aurait pris pour cible un immeuble résidentiel à proximité de Sorman, à l'ouest de Tripoli, tôt lundi matin.
A l'issue d'un contrôle minutieux, l'OTAN est en mesure de confirmer avoir effectivement mené un raid aérien dans cette zone à ce moment-là : il s'agissait d'une frappe de précision visant une cible militaire légitime, à savoir un centre de commandement et de contrôle directement impliqué dans la coordination d'attaques systématiques contre la population libyenne.
VRAI : Il s'agissait bien d'une « frappe de précision » : les huit roquettes ont entièrement détruit plusieurs bâtiments de la propriété tout en épargnant les maisons et la mosquée alentour.
3 - Bien que l'OTAN ne soit pas à même de confirmer qu'il y ait eu des victimes, elle déplorerait toute perte de vie civile et met tout en uvre pour éviter de telles pertes. Cette approche est diamétralement opposée à celle du régime de Kadhafi, qui poursuit sa politique de violence systématique et soutenue contre la population libyenne.
MAUVAISE FOI : Le lendemain des bombardements, la presse s'est rendue sur place et a constaté la mort d'une quinzaine de personnes, dont plusieurs enfants. Dès 12h00, plusieurs journaux ont révélé ces informations sur leurs sites web.
4 - C'est au terme d'une analyse rigoureuse, basée sur une mission permanente de renseignement, de surveillance et de reconnaissance et conduite sur une longue période que les installations objets du raid aérien ont été identifiées comme étant un centre de commandement et de contrôle. L'OTAN ne prend pas pour cible des personnes spécifiques.
VRAI et FAUX : La précision des bombardements laisse penser que l'OTAN avait un complice sur place pour lui fournir des renseignements ou placer des balises. Or, ce complice ne pouvait ignorer qu'une fête devait avoir lieu la veille de l'attaque. Aussi, en choisissant de bombarder à ce moment-là, l'OTAN a délibérément pris pour cible des « personnes spécifiques »
5 - « Cette frappe portera un coup important à la capacité des forces du régime de Kadhafi à poursuivre leurs assauts barbares contre le peuple libyen » a déclaré le général Charles Bouchard, commandant de l'opération Unified Protector.
NON-SENS : La cible n'étant pas militaire, sa destruction n'amoindrit pas les forces de Kadhafi. D'ailleurs, depuis l'attaque, des centaines de Libyens se réunissent chaque jour sur place pour exprimer leur soutien à la famille Hamidi. Serait-ce le cas si la cible était réellement un centre militaire impliqué dans une répression « barbare » ?
6 - L'OTAN poursuivra sa mission de protection de la population libyenne, en totale conformité avec la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU.
FAUX : La résolution 1973 de l'ONU autorisait une intervention pour « protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque ». Le bombardement de la résidence de Hamidi à Sorman ne répond pas à un tel objectif.
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La preuve par l'image ?
L'OTAN prétend avoir bombardé un centre de commandement militaire. Comme unique preuve de la légitimé de la cible, elle a fourni cette photo du site, disant que les points blancs étaient des antennes paraboliques.
Voici une autre photo du village de Sorman, prise avec Google Earth. Il ne s'agit pas d'une luxueuse résidence comme celle de Hamidi mais de simples maisons. Néanmoins, leurs toits sont également couverts d'antennes paraboliques. S'agit-il pour autant de centres de commandement militaire ?
Avant de passer à l'acte, l'OTAN dit avoir procédé à « une analyse rigoureuse, basée sur une mission permanente de renseignement, de surveillance et de reconnaissance et conduite sur une longue période ». Elle savait donc ce qu'elle faisait en bombardant la résidence de Hamidi alors que toute la famille y était réunie. Ainsi, c'est de façon délibérée que l'Alliance s'en est pris à des civils.
D'après les Libyens que nous avons rencontrés, il s'agit malheureusement d'une pratique habituelle de l'organisation. Voyant qu'elle s'embourbe dans un nouveau conflit, elle cherche sans doute à faire payer à la population libyenne le prix de sa résistance, pour la diviser ou la retourner contre Kadhafi. Quoi qu'il en soit, on ne voit pas en quoi, comme elle le prétend, son « approche est diamétralement opposée à celle du régime de Kadhafi ».
Voir le communiqué sur le site de l'OTAN
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Analyse en PDF
Source : michelcollon.info