Bonjour à tous ! Aujourd'hui je vous propose un éclairage sur la Révolte Tunisienne, point de départ d'un embrasement libertaire (?) du monde Arabe.
HISTOIRE DE LA TUNISIE.
Résumé historique rapide
Peuple initialement composés de nomades berbères, son métissage intervint très top dans la genèse du pays.
Fondant la puissante Carthage en 813 avJC cette ville devait devenir le symbole du commerce florissant de l'époque.
La conquête Arabe, en 698 de la ville, lui donna un nouveau nom : Tunis.
En 1830, la conquête d'Alger par la France, mis en avant ce joyau de la méditerranée pour les colons français.
Et en 1836, pour empêcher un débarquement Ottoman, les français envoyèrent la troupe, première étape d'une longue colonisation.
En effet, face à la crise financière provoquée par la chute des ressources tunisiennes (fin de la piraterie, baisse du cours de l'huile, et concurrence des produits européens) les dirigeants de l'époque, les beys s'employèrent à moderniser le pays tout en restant sous la houlette financière des européens.
La crise financière de 1869 finit par ruiner l'état tunisien et il accepta de fait une triple domination franco-italo-britannique et présidée par la France.
Prétextant une invasion imaginaire, les français envoyèrent 30 000 hommes pour damer le pions aux Italiens et ainsi mettre la Tunisie sous protectorat français.
Le protectorat français (1881-1955)
Les villes du Sud de la Tunisie se révoltèrent mais la prise de Sfax (juillet 1881) fut durement réprimé.
A la convention de la Marsa, le bey en place dut reconnaitre la légitimité du pouvoir français et il ne fut dès lors que relégué à un rôle symbolique.
La reconstruction fut lancée : développement des communications, de l'agriculture, de l'extraction minière, création de nombreuses industries.
Mais cela profita essentiellement aux colons et dans une moindre mesure à la bourgeoisie locale.
La naissance du parti des Jeunes-Tunisiens, en 1907, augura d'une volonté de disposer de son territoire en toute puissance.
Dans ces temps troubles (1911-1937), les émeutes durement réprimés attisèrent encore plus la nécessité de renverser le protectorat français.
Mais la 2nd guerre mondiale arrivant, la jeunesse tunisienne fut mobilisée pour aller se battre aux cotés des forces résistantes à l'Axe.
La fondation du parti Destour, permis de mettre en avant un jeune militant d'alors, Bourguiba qui en 1952, opposé à la France fut arrêté.
L'agitation populaire s'intensifia et la résistance armée vit le jour.
LE 20 mai 1956, le gouvernement de Pierre Mendès-France, reconnut l'indépendance totale.
Après l'indépendance de 1956
Les difficultés économiques auxquelles fait face la Tunisie sont importantes : une terre agricole moins productives que ses voisins, une faible infrastructure portuaire, et un équipement industrielle resté à l'état quasi nul.
Le pays adopte donc des mesures collectivistes sous l'égide du président Bourgiba, et en 1970 le développement du secteur privé et des produits manufacturés relèvent la barre de la croissance.
En 1986, première année de croissance négative, l'UGTT organise des grèves pour protester contre la politique économique du pays, et face à la montée des tensions, le président Bourguiba fait appel à l'aide du FMI qui organise un plan de restructuration financier et économique.
Les dépenses publiques se concentrent sur les secteurs de la santé, de l'éducation, du logement et des services. Le gouvernement ne lance cependant pas de véritables programmes avant 1987.
Depuis le l'avènement de ce nouveau programme de privatisation en 1987, le gouvernement a totalement ou partiellement privatisé 203 entreprises, dont de grands établissements publics tel Tunisie Télécom, pour une recette globale de 5 557 millions de dinars.
Mais le pays n'est pas préparé a entrée dans cette nouvelle ère et le taux de chômage, même des plus diplômés, atteint 20 % contre une moyenne nationale de 14 %, voire près de 60 % dans certaines filières selon une enquête de la Banque mondiale alors qu'il était de 4 % en 1997 et de 0,7 % en 1984.
Le président de la République Tunisienne peut se présenter jusqu'à l'âge de 75 ans et autant de fois qu'il le veut. La Tunisie n'a connu que quatre présidents au cours de son histoire moderne : Habib Bourguiba (du 25 juillet 1957 au 7 novembre 1987), Zine el-Abidine Ben Ali (du 7 novembre 1987 au 14 janvier 2011), Mohamed Ghannouchi (à titre intérimaire du 14 au 15 janvier 2011) et enfin Fouad Mebazaa? à titre intérimaire depuis le 15 janvier 2011.
Le RCD a été le seul parti au pouvoir durant 25 ans ! on comprend mieux dès lors la lassitude de l'opinion publique !
Les clivages politiques non respectés et une faible opposition, une liberté de la presse quasi absente ont contribué a donner l'image d'un pays difficilement "cernable" sur le plan politique.. Beaucoup d'organisations non gouvernementales ont mis en avant la faible participation démocratique des citoyens à la vie du pays, fautes de partis,et à la répression dur et féroce des opposants..
LES REVOLTES DE 2010-2011.
L'embrasement
Le 17 décembre 2010, l'immolation par le feu d'un jeune vendeur de fruits et légumes Mohamed Bouazizi déclencha l'ire du peuple tunisien. Révulsé par la gouvernance à tendance mafieuse du président Ben-Ali et du clan de son épouse, les Trabelsi, le peuple tunisien réclame sa démission.
Face à cette montée en puissance d'indépendance médiatique et financière, le président Ben-Ali le 13 janvier 2011, proclame lors d'une intervention télévisée, une totale indépendance de la presse et la liberté d'expression politique, mais rien n'y fait, il doit partir ; ainsi en a décider le peuple qui l'a élu.
Le président de la Chambres des députés, Fouad Mebazaa? est chargé d'organiser des élections présidentielles dans les soixante jours.Le 17 janvier, un « gouvernement d'union nationale » de 24 membres incluant des opposants au régime est constitué.
Mais la présence de membres du RCD, entraine de nouvelles manifestations et face à la pression de la rue exigeant leurs départ, un remaniement ministériel a lieu le 27 janvier, écartant définitivement (hormis Mohamed Ghannouchi) les anciens membres du RCD de toutes responsabilités gouvernementales.
Ghannouchi est cependant contraint de démissionner à son tour le 27 février à la suite de plusieurs jours de manifestations marquées par des violences ; il est remplacé le jour même à son poste par l'avocat Béji Caïd Essebsi.
Et maintenant, deux mois après la Révolution de Jasmin ?
Les soldats et les chars circulent toujours en centre ville mais les Tunisiens savourent leur victoire.
Le témoignage d'une vieille dame madame M'Barka est éloquent :
« Pour moi, ça n'a rien changé, répond-elle. À mon âge (80 ans), je suis obligée de travailler, car je n'ai pas de retraite. Ici, je gagne 400 dinars par mois. Mais ça ne suffit pas. La semoule, le lait, l'huile, le gaz... : tout est cher ! J'aide aussi mon petit-fils, qui est au chômage.
Ma hantise, c'est qu'il prenne le bateau pour l'Italie. »
Malgré le départ de Ben-Ali, la classe moyenne ne peut toujours pas joindre les deux bouts.
Aussi, témoigne une autre femme, Maya :
« Aujourd'hui, il y a un clivage entre nos lois progressistes, qui font de nous les femmes les plus émancipées du monde arabe, et la réalité d'une société tunisienne, qui n'a pas encore digéré notre liberté. Par exemple, je ne peux pas me promener en minijupe dans les rues de Tunis sans me faire insulter. »
Ce qu'elle craint le plus est la radicalisation d'un Islam sociale :
« Si la religion devient un projet politique, nous risquons de perdre nos acquis.
En tant que Tunisienne, je suis très mobilisée.
Et je ne suis pas la seule. Je milite dans une association féministe pour combattre la montée de l'intégrisme et informer les femmes de leurs droits. Je le fais pour la fille que je vais mettre au monde. »
Quelle plus belle leçon ?
A la semaine prochaine pour parler de la révolte en Egypte !
Bonne semaine et portez vous bien.
Boris Rannou.