25/03/2011 elcorreo.eu.org  5min #51174

 L'Onu instrument de l'agression coloniale contre la Lybie !

Clair mais obscur Une vision impériale pour la Libye et l'Humanité - El Correo

Le processus qui a débouché sur le bombardement de la Libye est curieux. La Maison Blanche a beaucoup hésité avant de donner son autorisation : elle a expliqué qu'elle attendait une résolution du Conseil de Sécurité, et l'approbation de la Ligue Arabe. Qu'elle a mis au clair après, quand plusieurs sénateurs se sont plaints qu'on ait tardé à agir. On peut se demander la raison de ce retard : on attendait la contre-offensive de Khadafi pour que que les deux parties s'affaiblissent au maximum, ouvrant ainsi la possibilité d'installer un gouvernement si aux ordres des Etats-Unis comme celui de l'Arabie Saoudite ?

Le chef du Pentagone, Robert Gates, et le contre-amiral William Gortney déclaraient que Khadafi ne fait pas de partie de la « liste d'objectifs » et que le tuer ne figure pas dans l'ordre de l'ONU, tandis que le secrétaire de Défense britannique, Liam Fox, réitérait que le dictateur libyen était un « blanc légitime ». Le président Obama a dit que l'intervention militaire étasunienne obéissait « à une disposition internationale » et que la participation de son pays serait limitée, bien qu'il n'éclaircît pas ses objectifs. La résolution 1973 du Conseil de Sécurité autorise à arrêter « par tous les moyens » le massacre de civils déclenché par Khadafi, de manière que sa portée est, pour le moins, indéfinie. L'un de ces moyens serait-il l'invasion, comme en Iraq ?

Il est évident que les incursions aériennes n'annulent pas l'hypocrisie de l'autonommé « Roi de l'Afrique » : il a déclaré maintes fois le cessez le feu, mais a continué de combattre les insurgés [?]. La Ligue Arabe est mal à l'aise parce que depuis son point de vue, est établie une zone d'exclusion aérienne pour empêcher les morts de davantage de civils et non pour augmenter leur nombre avec les incursions. Ne se rappelaient ils pas les conséquences de mesures identiques appliquées à d'autres pays sans plus grands résultats politiques ? Les zones d'exclusion aérienne imposées il y a vingt ans n'ont pas renversé Saddam Hussein, bien qu'elles fussent étayées par les sanctions et les blocus économiques qui ont infligé un grave dommage au peuple irakien. La Ligue Arabe ignorait -elle que l'Occident a résolu l'impasse en envahissant l'Irak ? S'inquiète t-elle maintenant parce que l'appui mondial à l' « Odyssée de l'Aube » n'est pas unanime et parce que, de plus, on met en question son rôle après avoir cautionné le bombardement d'une nation arabe ?

Si Khadafi n'est pas la cible et qu'on parle d'une solution avec le tyran dans le pouvoir, il n'est pas facile de comprendre le bombardement et la destruction de son palais dédié à la réception de dignitaires étrangers. La logique des guerres indique que celles-ci se gagnent par la terre, pas uniquement par air et(ou) par mer. Du point de vue militaire, le rapport de forces est défavorable à l'opposition libyenne, qui n'obtient pas l'appui suffisant de soldats et des officiers libyens et manque d'entraînement nécessaire pour combattre. Mais : à qui conviendrait une zone d'exclusion aérienne perpétuelle accompagnée de sanctions et une guerre civile nourrie par des armes d'Occident qui seulement aggraveraient la situation humanitaire ?

La Maison Blanche ne tempère pas son optimisme : les attaques dureraient « des jours, non des semaines », une opinion que Hilary Clinton vient d'adopter et qui n'est pas très partagée. Heather Huriburt, qui est à la tête du Réseau National de Sécurité, un groupe qui travaille pour la Maison Blanche, a pensé que le dénouement en Libye « ressemblera plus à celui du Kosovo qu'à celui de Bagdad » ( What is the Libya endgame ? //dyn.politico.com, 20-3-11). Le Kosovo : des mois et des mois, non des jours, de bombardements dévastateurs et le fait qu' un an se soit écoulé entre la fin des massacres ordonnés par Slobodan Milosevic et sa destitution. « La fin n'est pas près », a ajouté Haliburt. La fin est le renversement de Khadafi et, en effet, ce n'est pas près.

Washington essaie de se débarrasser du commandement de l'opération, Obama ne veut certes pas apparaître comme l'agresseur d'un autre pays musulman, le troisième en une décennie, mais l'OTAN ne peut pas se charger du travail officiellement : L'Allemagne s'est abstenue au vote du Conseil de Sécurité, il a retiré toutes ses forces de la Méditerranée et a décidé de ne pas participer à la zone d'exclusion aérienne. La chancelière Angela Merkel a proposé en revanche un embargo général des hydrocarbures libyens, provoquant un froncement général de sourcils : les pays européens importent 85 % du pétrole libyen et l'Allemagne est approvisionnée par la Russie. Des géants du secteur comme la française Totale, l'italienne ENI, la britannique BP, le consortium Repsol et l'Etasunienne Chevron - entre autres - pompent le sol libyen.

La Libye est la nation pétrolière la plus importante d'Afrique, suivie par le Nigeria et l'Algérie : ses réserves d'or noir approchent de 3,5 % des réserves mondiales et doublent largement celles des Etats-Unis. L'intervention militaire couvre, sans doute, beaucoup plus que les soucis de la question humanitaire : si les Etats-Unis obtiennent l'hégémonie en Afrique du Nord, en affaiblissant l'influence française en particulier, et celle d'autres ex-puissances coloniales européennes dans tout le continent noir en général, ils s'approcheront encore plus de leur objectif stratégique de dominer la plupart des ressources de la planète. Un dessein décidément impérial.

* Poète argentin

 Página 12. Buenos Aires, le 24 mars 2011.

Traduit de l'espagnol pour  El Correo  de : Estelle et Carlos Debiasi

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 El Correo . Paris, 24 de marzo de 2011.

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