Fervent admirateur de George W. Bush, le président français Nicolas Sarkozy a trouvé dans la crise libyenne l'opportunité de montrer qu'il sait être aussi constant que son modèle dans la haine et sa détermination à faire rendre gorge à celui qui la lui inspire, en l'occurrence le colonel Muammar El-Kadhafi.
Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran
Sans son forcing diplomatique et ses prises de position en pointe, il n'est pas en effet certain que le Conseil de sécurité de l'ONU aurait voté la résolution 1973 autorisant une intervention militaire internationale contre Kadhafi.
C'est le même Sarkozy qui, pour enlever toute échappatoire à celui-ci, a été l'inspirateur de l'ultimatum formulé conjointement par la France, les États-Unis et l'Angleterre lui enjoignant, en plus d'un cessez-le-feu, le retrait de ses troupes des principales villes sous leur contrôle à l'ouest du pays et entre Tripoli et Benghazi. Cette exigence a été faite en sachant que le colonel libyen, qui a décrété le cessez-le-feu aussitôt la résolution du Conseil de sécurité adoptée, ne peut l'accepter.
Il est clair que pour la France et son président, l'objectif n'est pas tant d'arrêter la guerre civile en Libye que d'abattre El-Kadhafi et son régime. Quoi que fasse désormais le dirigeant libyen, il ne trouvera pas grâce auprès de Paris qui a obtenu latitude d'agir contre lui.
C'est tout bénéfice pour Obama que dans l'affaire libyenne, le président français et son pays soient en pointe. Ils déchargent en effet les États-Unis, englués en Irak et plus encore en Afghanistan, de l'organisation des opérations militaires envisagées pour la Libye. Et cela impliquerait moins son pays au cas où ces opérations en viendraient à générer de fâcheux dérapages.
Le président français a certes pris la précaution de couvrir son pays en prévision d'éventuelles complications. Cela en faisant entériner le plan d'intervention, dont la France est l'architecte, par les États-Unis, mais également par le secrétaire général de l'ONU, l'Union européenne, l'Union africaine, et qui plus est par la Ligue arabe. C'était l'objet de la réunion qu'ont eu hier autour de lui à l'Élysée les représentants de ces pays et organisations.
Ce feu vert obtenu, Sarkozy n'aura de cesse jusqu'à en finir avec El-Kadhafi et son régime. Quitte à outrepasser les mandements et préconisations de la résolution onusienne. Aux considérations humanitaristes censées fonder la position française dans l'affaire libyenne, s'ajoute celle, primant pour Sarkozy, qui est d'effacer le sentiment dans la mémoire de ses concitoyens qu'il a eu de coupables et intéressées faiblesses pour le dictateur libyen. Un gommage qu'il veut effectuer, l'élection présidentielle approchant, même au prix d'une guerre dont les conséquences ne seront pas forcément bénéfiques pour les intérêts français. Car sur ce plan, les États-Unis veilleront au grain pour ne pas se faire damer le pion.
Enfin, dans la crise libyenne, les Occidentaux donnent hypocritement l'illusion d'agir à la demande de la Ligue arabe et celle-ci d'être partie prenante dans leur décision contre El-Kadhafi et son régime.
Les peuples arabes auraient voulu que cette « coopération exemplaire » entre les Occidentaux et la Ligue arabe se manifeste à l'occasion d'autres crises et conflits. Dans l'affaire palestinienne d'abord et avant tout, sur laquelle les Occidentaux ignorent avec mépris les prises de position.
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