Mohammed Ghannouchi a annoncé sa démission à la télévision d'Etat, un mois après que le président Ben Ali ait fui le pays.
Al Jazeera
Les manifestations appelant à un nouveau gouvernement en Tunisie n'ont jamais cessé même après le départ du dictateur Ben Ali - Photo : AFP
Mohammed Ghannouchi, Premier ministre par intérim en Tunisie, a annoncé sa démission à la télévision nationale.
« J'ai décidé de ne plus être Premier ministre, » a déclaré Ghannouchi lors d'une conférence de presse ce dimanche, en ajoutant qu'il avait bien réfléchi avant de prendre sa décision et qu'il disposait du soutien des siens.
« Je ne suis pas en train de fuir les responsabilités, mais il s'agit d'ouvrir la voie à un nouveau Premier ministre », a-t-il encore dit.
« Je ne suis pas prêt à être la personne qui prend des décisions qui finissent par causer des morts et des blessés, » a expliqué Ghannouchi, après que les forces de police se soient affrontées avec des manifestants anti-gouvernementaux qui se dirigeaient vers le ministère de l'Intérieur.
Ghannouchi a dirigé le pays depuis que Zine El Abidine Ben Ali, l'ancien président de la Tunisie, ait fui le pays le 14 janvier à la suite d'un soulèvement populaire.
Ghannouchi a été un allié de longue date de Ben Ali, et il s'était engagée à diriger le pays jusqu'à ce que des élections puissent avoir lieu cet été.
Affrontements meurtriers
Des manifestations ont à nouveau éclaté dans ce pays d'Afrique du Nord ces derniers jours, et trois personnes ont été tuées dans des affrontements entre manifestants et forces de police à Tunis, la capitale, ce samedi.
[Les manifestations qui se développent avance des revendications très précises sur le plan politique : la démission du Premier ministre, l'élection d'une Assemblée constituante, l'indépendance de la justice, la dissolution de l'actuel parlement bénaliste, la dissolution des commissions (l'une des commissions est chargée de la réforme électorale et concocte un projet de système présidentiale s'inspirant du modèle français) - N.d.T]
« Trois personnes sont mortes et une dizaine ont été blessées lors des affrontements et transférés à l'hôpital pour traitement, » a déclaré le ministère de l'Intérieur a dans un communiqué...
[La police, composée essentiellement encore d'ex-bénalistes, a été d'une extrême brutalité, et la lourdeur du bilan du côté des manifestants en témoigne - N.d.T]
« Plusieurs membres des forces de sécurité ont été blessés à différents degrés, » a dit le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Les forces de police ont tiré des coups de semonce et des gaz lacrymogènes sur la manifestation anti-gouvernementale, et les manifestants ont réagi en lançant des pierres, ont rapporté des journalistes de l'AFP.
Un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, qui a requis l'anonymat, a prétendu devant l'agence Reuters que le décès avaient eu lieu après une émeute orchestrée par des partisans Ben Ali.
Des protestations similaires ce vendredi, ont rassemblé des dizaines de milliers de manifestants dans les rues, exigeant la démission de Ghannouchi.
La déclaration du ministère de l'Intérieur fait état de plus de 100 personnes arrêtées ce samedi et de 88 personnes arrêtées la veille, le vendredi.