26/02/2011 2 articles wsws.org  5min #50014

 Alliot-marie épinglée pour des largesses d'un riche Tunisien

Le Premier ministre français confronté à un scandale concernant des vacances tous frais payé en Égypte

Par Kumaran Ira
26 février 2011

Le Premier ministre français François Fillon a admis avoir passé ses vacances de Noël avec sa famille en Égypte, payées par le régime du Président Hosni Moubarak.

Celui-ci a, depuis cette admission du chef du gouvernement français, quitté le pouvoir à la suite du mouvement populaire qui a secoué l'Egypte.

Le bureau du Premier ministre a publié une déclaration à cet effet, devançant ainsi la publication d'un article par l'hebdomadaire satirique Canard Enchaîné et expliquant qu'il rendait cette information publique « dans l'intérêt de la transparence. » La déclaration confirmait que « François Fillon, son épouse et ses enfants, ont été hébergés par le régime et ont utilisé un avion "de la flotte gouvernementale" gracieusement mis à disposition par Le Caire pour une excursion de toute la famille Fillon à Abou-Simbel. "Il a également effectué une sortie en bateau sur le Nil dans les mêmes conditions". »

Ces vacances dans une station de tourisme à Assouan sur le Nil ont duré du 26 décembre au 2 janvier. La déclaration indique également que Fillon a rencontré Moubarak à Aswan le 30 décembre, moins d'un mois avant que les manifestations de masse n'éclatent en Égypte le 25 janvier.

La révélation au sujet des vacances de Fillon est intervenue peu après que la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie et son mari, également ministre du gouvernement, avaient passé leurs vacances de Noël en Tunisie.Ils ont utilisé un jet privé et ont résidé dans un hôtel de luxe appartenant à un riche homme d'affaires lié au président en fuite Zine El Abidine Ben Ali. Pendant qu'ils se reposaient aux frais de leur hôte milliardaire, un soulèvement populaire contre la dictature de Ben Ali était en route, face à une répression brutale. (Lire : Le gouvernement français embarrassé par ses liens avec les dictatures d'Afrique du Nord)

Depuis que le scandale sur le voyage d'Alliot-Marie a éclaté, Fillon avait défendu celle-ci et s'est opposé aux appels à sa démission.

Le parti conservateur au pouvoir, l'UMP, est totalement discrédité en raison de ses politiques d'austérité sociale. Des révélations successives des liens corrompus entre les politiciens français et les dictateurs du Moyen-Orient approfondissent l'hostilité envers l'élite dirigeante française.

Réagissant à l'embarras de l'élite politique française, le Président Nicolas Sarkozy a demandé aux membres du gouvernement de privilégier la France pour leurs vacances. Il a dit, « les invitations à l'étranger devront être autorisées par le Premier ministre, en accord avec la cellule diplomatique de la Présidence de la République, pour examiner leur compatibilité avec la politique étrangère de la France. »

Admettant implicitement que des liens de corruption avec les régimes dictatoriaux sont courants chez les dirigeants politiques français il a ajouté, « Ce qui était commun il y a encore quelques années peut choquer aujourd'hui. »

Lorsque le soulèvement populaire a éclaté en Égypte, le gouvernement français, ainsi que l'opposition bourgeoise "de gauche", a exprimé des critiques de circonstance du régime de Moubarak à propos de sa répression des travailleurs qui manifestent pour des conditions de vie décentes, les droits démocratiques et contre la dictature. Cette répression a causé au moins 300 morts.

L'auteur de l'article du Canard enchaîné, Brigitte Rossigneux, a déclaré sur la chaîne France 24 : « Comment peut-on demander le départ d'un chef d'État et avoir un regard critique sur son régime quand on devient son obligé ? »

La classe dirigeante française a maintenu de longue date des liens avec les régimes dictatoriaux d'Afrique du Nord pour protéger ses intérêts impérialistes. Elle leur a apporté l'aide logistique et militaire dont ils avaient besoin pour établir des régimes policiers et maintenir la classe ouvrière dans des bas salaires et des conditions de vie misérables.

Il a été rapporté qu'en octobre dernier, des officiers de police français entraînaient les forces de sécurité égyptiennes aux techniques anti-émeutes. Peu après que la révolte a commencé, d'après le bureau du Premier ministre, la France a suspendu les ventes d'armes et d'équipement de police, dont des explosifs, principalement des grenades lacrymogènes. Cependant, la France a autorisé l'exportation de tels produits pour les forces de sécurité tunisiennes en novembres et janvier, ne cessant qu'après le départ de Ben Ali.

Quand le scandale Alliot-Marie a éclaté, la gauche bourgeoise d'opposition officielle, le Parti socialiste (PS), et ses alliés satellites comme le Parti communiste français (PCF) et le nouveau parti anti-capitaliste (NPA) ont appelé à sa démission, ce qui ne les engageaient à rien.

Cependant, dans le cas du premier ministre, ils ont adopté une attitude différente - excusant Fillon et disant que ses vacances n'avaient pas eu lieu durant le soulèvement alors que sa ministre des affaires étrangères était en Tunisie quand le mouvement de protestation contre Ben Ali avait déjà commencé.

Le député PS René Dosière, spécialisée dans la transparence dans la vie publique, a déclaré sur i-télé que la situation de Fillon était « très différente » de celle de la ministre des Affaires étrangères, il a dit : « C'est au fond un problème presque déontologique mais il n'y a pas, concernant son déplacement, de déviation ».

Jean-Marc Ayrault, dirigeant du groupe PS à l'Assemblée nationale, qui avait précédemment à la démission d'Alliot-Marie, déclaré à la chaîne de radio RTL que François Fillon n'avait « pas commis la faute d'aller dans un pays secoué par des émeutes, à la différence de la ministre des Affaires étrangères.» Il a ajouté : « Ce qui s'est passé en ce qui le concerne, c'est le mélange des genres entre les vacances privées et la partie publique. »

Le PS a soutenu depuis longtemps les régimes dictatoriaux d'Afrique du Nord pour le compte des intérêts capitalistes français.

(Article original paru le 11 février 2011)

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