La préférence des Israéliens pour le nouveau vice-président égyptien, Omar Suleiman, a été divulguée à travers des documents obtenus par Wikileaks.
Al Jazeera
Omar Suleiman - l'homme des Israéliens, tortionnaire et flic en chef - ici en compagnie du criminel de guerre Ehud Barak - Photo : LIFE
Omar Suleiman, le vice-président égyptien récemment nommé, est depuis longtemps considéré par Israël comme le successeur favori d'Hosni Moubarak, le président actuel, selon une dépêche diplomatique obtenue par Wikileaks, le site Web dénonciateur, et publiée par le quotidien britannique, The Telegraph.
Selon un mémo daté d'août 2008, David Hacham, un haut conseiller au ministère israélien de la Défense (MoD), a déclaré à des responsables américains que les Israéliens espéraient que Suleiman, nommé Soliman dans certains mémos, deviendrait président (en Egypte).
« Hacham a noté que les Israéliens croient que Soliman est susceptible de servir au moins une présidence intérimaire si Moubarak décède ou est frappé d'incapacité », dit le câble envoyé depuis l'ambassade américaine à Tel-Aviv.
« Nous nous en remettons à l'ambassade du Caire pour l'analyse des scénarios d'une succession égyptienne, mais il ne fait aucun doute qu'Israël est le plus à l'aise avec la perspective d'Omar Soliman, » dit la note, citant des diplomates américains.
Le mémo disait Hacham plein d'éloges pour Suleiman, allant jusqu'à dire qu'une « hot line avait été mise en place entre le ministère de la Défense et le général égyptien, et était devenue d'usage quotidien ».
Suleiman a été chef des services secrets en Égypte depuis 1993 et il fait de fréquentes visites en Israël et à joué le rôle de médiateur dans le conflit avec les Palestiniens.
Il a été nommé vice-président en Egypte le mois dernier, alors que des manifestations de masse dans le pays demandent la fin immédiate du pouvoir vieux de 30 ans de Moubarak.
Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine, a soutenu Suleiman ce samedi, le présentant comme le meilleur candidat pour mener une « transition » alors que le gouvernement Moubarak continue à s'agripper au pouvoir.
Moubarak a déclaré qu'il entendait seulement quitter ses fonctions en septembre à la fin de son mandat actuel. Mais ce mardi Suleiman a annoncé que Moubarak mettrait en place un comité qui procéderait à des modifications constitutionnelles et législatives afin de permettre un transfert du pouvoir.
Les questions soulevées
Le rapport du Telegraph vient s'ajouter à celui publié lundi par l'agence Reuters, qui a également été destinataire d'une fuite de mémos diplomatiques via Wikileaks.
Reuters a signalé que Suleiman avait déjà sévèrement critiqué l'opposition des Frères musulmans d'Egypte dans ses communications avec les autorités américaines.
De façon significative, Suleiman a tenu une réunion avec les dirigeants de l'opposition, y compris les Frères musulmans, ce dimanche, dans le but de mettre fin à une crise politique qui a vu des centaines et des centaines de milliers de personnes descendre dans la rue pour s'opposer au règne de Moubarak.
Les mémos divulgués soulèvent des questions quant à savoir si Suleiman pourrait être considéré comme un intermédiaire honnête dans les négociations concernant les prochaines étapes que l'Egypte doit franchir.
Dans les câbles obtenu par Reuters, Suleiman aurait dit à des responsables américains que les Frères musulmans étaient à l'origine de la création de groupes armés, notamment « le Jihad islamique égyptien et le Djamaa Islamiya [Groupe islamique] ».
Il a également conseillé de prendre « une ligne particulièrement dure contre Téhéran », et dans un mémo daté du 2 janvier 2008, Suleiman est cité comme disant que l'Iran représentait « une menace importante pour l'Egypte ».
« Techniquement illégal »
Le câble obtenu par Reuters poursuit en disant : « Le danger principal, selon Soliman, a été l'exploitation par le groupe [des Frères musulmans] de la religion pour influencer et mobiliser le public. »
Il poursuit : « Soliman qualifie le succès récent des Frères Musilmans dans les élections législatives comme malheureux », ajoutant qu'à son avis, bien que le groupe était techniquement illégal, « les lois égyptiennes ont été insuffisantes pour les maintenir en échec. »
Les élections visées étaient celles de novembre et décembre 2005, dans lesquelles les Frères musulmans ont fait des gains substantiels.
L'inclusion des Frères Musulmans dans les négociations de l'opposition avec Suleiman est considérée comme importante puisque le groupe est officiellement interdit en Egypte, bien que ses activités soient [plus ou moins] tolérées.
Le document obtenu par le Telegraph a également révélé que Suleiman a exploré l'idée d'autoriser les troupes israéliennes dans la zone frontière égyptienne dite de Philadelphie, dans le but d'arrêter le transfert d'armes pour les combattants palestiniens dans Gaza.
Moubarak a longtemps essayé de présenter sa dictature en Egypte comme un contrepoids à une « menace islamiste ».
« Dans leurs moments de plus grande frustration, (le ministre égyptien de la Défense) Tantawi et Soliman ont chacun fait valoir que les FDI (Forces de défense israéliennes) seraient « les bienvenues » si elles envahissaient à nouveau Philadelphie, si l'idée des FDI était que cela empêcherait la contrebande », dit le même mémo.
Le mémo révèle ensuite que Suleiman voulait « faire souffrir Gaza de la faim, mais sans la faire mourir de faim » et que le Hamas, le groupe palestinien qui gère l'enclave assiégée, devait être « isolé ».