26/01/2011 info-palestine.net  6min #48299

 Le peuple veut faire tomber le régime

Manifestations massives en Egypte pour exiger le départ de Moubarak

Deux civils égyptiens et un agent de police auraient trouvé la mort après qu'une vague de manifestations - de niveau inhabituel - contre le gouvernement ait balayé le pays.

Al Jazeera

15 000 manifestants au Caire, ce mardi 25 janvier, pour exiger le départ de Moubarak - Photo : AP

Les deux civils sont morts dans la ville orientale de Suez, selon l'agence Reuters. Le rapport ne précise ni quand ni comment ils sont décédés.

Pendant ce temps, au Caire, un policier a été tué dans la plus grande manifestation de la capitale - qui s'est tenue à Tahrir Square, au centre-ville - selon la télévision d'Etat.

Des milliers d'Egyptiens sont descendus dans les rues ce mardi dans ce qui semble être les plus grandes manifestations au cours des dernières années, et qu'ils ont explicitement liées à la révolte victorieuse en Tunisie.

Mardi soir, quelques heures après que les manifestations dans tout le pays aient commencé, le ministère de l'Intérieur a publié une déclaration accusant les Frères musulmans d'Egypte - le plus grand parti d'opposition et interdit de fait - de fomenter les troubles.

Inspirés par les événements en Tunisie, des milliers de manifestants se sont rassemblés au Caire et dans d'autres villes, appelant à des réformes et exigeant la fin de la présidence de Hosni Moubarak, qui est en poste maintenant depuis près de trois décennies.

Les manifestations ont poussé la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, à faire valoir au cours d'une conférence de presse que « le gouvernement égyptien est stable. »

Canons à eau et gaz lacrymogènes

Certains manifestants au centre du Caire ont lancé des pierres et grimpé sur un camion blindé de la police.

La police a répondu à ces explosions de colère avec un canon à eau, et s'est attaquée à la foule avec des matraques et des nuages âcres de gaz lacrymogènes pour disperser ceux qui criaient « A bas Moubarak » et demandaient la fin de l'extrême pauvreté qui sévit dans le pays.

La police a également utilisé des balles en caoutchouc contre les manifestants, provoquant des blessures, a rapporté Rawya Rageh, correspondant d'Al Jazeera au Caire.

Clinton a exhorté toutes les parties en Egypte à la retenue après les manifestations de rue, en disant qu'elle était persuadée que le gouvernement cherchait des moyens de répondre aux préoccupations de sa population.

Mais au moins 30 personnes auraient déjà été arrêtées au Caire, de source officielle.

Autres manifestations

Des manifestations ont aussi éclaté dans la ville méditerranéenne d'Alexandrie, les villes du delta du Nil de Mansoura et Tanta et dans les villes du sud d'Assouan et d'Assiout, ont rapporté des témoins.

Les manifestations ont été organisées sur Internet, par des groupes disant qu'ils parlaient au nom de jeunes Egyptiens frustrés par la même pauvreté et la même oppression que celles qui ont déclenché le renversement du président de la Tunisie.

Le blogueur égyptien Hossam El Hamalawy explique que la technologie a été importante en facilitant « l'effet domino » nécessaire pour que progressent les manifestations comme celles-ci.

Mamdouh Khayrat, âgé de 23 ans, s'est rendu dans le gouvernorat de Qalubiya pour participer à des manifestations au Caire. Il a parlé à Adam Makary d'Al Jazeera : « Nous voulons un gouvernement qui fonctionne, nous voulons que Moubarak se retire, nous ne voulons pas de la loi d'urgence, nous ne voulons plus vivre sous ce genre d'oppression », dit-il.

« Assez, c'est assez, les choses doivent changer et si la Tunisie peut le faire, pourquoi pas nous ? » ajoute Khayrat.

El Hamalawy a déclaré à Al Jazeera que les protestations ont été nécessaires « pour envoyer un message au régime égyptien que Moubarak n'est pas différent de Ben Ali et que nous voulons aussi qu'il s'en aille ».

Le centre-ville mardi au Caire était paralysé par les manifestants scandant des slogans et marchant vers ce que Rageh d'Al Jazeera nomme « les symboles de leurs plaintes et de leurs angoisses », le siège du Parti national démocrate, le ministère des Affaires étrangères et la télévision d'Etat.

De telles scènes n'ont pas été vues dans la capitale depuis les années 1970.

Une journée de révolution

La police anti-émeute vêtue de noir, appuyés par des véhicules blindés et des camions de pompiers, a été déployée dans le cadre d'une opération de répression massive au Caire, sur les lieux des plus grandes concentrations et des points chauds probables, dont le campus de l'Université du Caire, le Tahrir Square et le palais de justice où les manifestants sont en train de se réunir.

Coïncidant avec la fête nationale en l'honneur de la police, une force essentielle au maintien du président Moubarak au pouvoir depuis 30 ans, les rassemblements de mardi en Egypte sont considérés comme un test pour savoir si le militantisme par le Web peut se traduire par des actions de rue.

Les organisateurs ont appelé à une « journée de révolution contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage ».

« Les militants ont dit qu'ils voulaient profiter de cette journée particulière pour souligner l'ironie de la célébration de la police de l'Egypte à une époque où la brutalité policière fait les manchettes des journaux », nous dit Rageh d'Al Jazeera.

Manifestations interdites

Le gouvernement égyptien avait auparavant mis en garde les manifestants.

« Le dispositif de sécurité fera face avec fermeté et détermination à toute tentative de violer la loi », a éructé le directeur du gouvernement pour la sécurité dans la capitale, dans un communiqué publié avant les manifestations.

Depuis que l'Egypte interdit des manifestations sans autorisation préalable, des groupes de l'opposition disent qu'ils se sont vu refuser l'autorisation nécessaire, et tout manifestant peut être détenu.

Habib El-Adli, le ministre de l'Intérieur, avait déjà donné l'ordre « d'arrêter toute personne exprimant son point de vue illégalement ».

« Début de la fin »

Les militants ont eu largement recours aux réseaux sociaux pour organiser les manifestations.

« Notre protestation du 25 est le début de la fin », ont écrit les organisateurs d'un groupe sur Facebook avec 87000 inscrits.

« Les gens en ont marre de Moubarak et de sa dictature, de ses chambres de torture et de l'échec de ses politiques économiques. Si Moubarak n'est pas renversé demain il le sera après-demain. Et si ce n'est pas le jour d'après, ce sera alors la semaine prochaine, » a déclaré El Hamalawy à Al Jazeera.

Amnesty International a exhorté les autorités égyptiennes « à autoriser les manifestations pacifiques ».

Les manifestations en Egypte, le plus grand Etat arabe et un allié essentiel de l'Occident au Moyen-Orient, avaient par le passé tendance à être peu fréquentées et étaient souvent rapidement dispersées par la police qui les interdisaient.

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