12/01/2011 alterinfo.net  3min #47680

 Algérie : L'explosion sociale couve

L'insurrection qui vient!

Lorsqu'un jour le peuple veut vivre, force est pour le destin de s'exécuter, force est pour les ténèbres de se dissiper, force est pour les chaînes de se briser. C'est ainsi que le grand poète Chebbi professa, un siècle plutôt, l'avenir de sa patrie, la Tunisie.

Et, vraisemblablement, le peuple tunisien veut, aujourd'hui, vivre. Force est, donc, pour Ben Ali et sa police assassine de se plier à sa volonté afin de s'exempter de cette vieille malédiction qui guette depuis longtemps ce pays. Car il est bien écrit aux cieux que, de temps en temps, Carthage brûlera. Il est écrit, aussi, que la jeunesse y sera pour quelque chose. Jadis, ce fut un jeune général romain, Scipion. Aujourd'hui, c'est un jeune chômeur qui s'est immolé par le feu pour protester contre l'injustice dont il est la victime. Son nom est Mohamed Bouazizi. Un nom qui, désormais, mérite d'être retenu, car de ses cendres, un monde nouveau naîtra. Un monde qui vomit Ben Ali, ses sbires, sa belle famille, ses généraux et tous ses laudateurs. Un monde, enfin, qui, au delà de la Tunisie, verra la résurgence de la loi de la masse, celle du grand nombre. Cette masse affamée et persécutée qui, de par le monde, se lèvera, comme un seul homme, pour défendre son droit à une vie moins indigne et plus humaine. Et qui, sur son chemin, piétinera sur son passage toutes les idoles de notre monde moderne. Rois, Présidents, Patries et régimes politiques tout sera chamboulé pour laisser place à une nouvelle redistribution de biens plus équitable ou, du moins, plus favorable à la majorité. Ce tsunami humain, ne sera ni idéologique, ni identitaire, beaucoup moins religieux, il est tout simplement l'instinct de survie d'une humanité poussée dans ses retranchements et qui, de surcroît, est réduite à son seul dénominateur commun : son instinct animalier. L'instinct de survie.

Dès lors, toutes ces citadelles que l'on savait de bois, nous les découvriront de verre. Une émeute, une pierre et tout s'effondre. Tout se termine. Un monde nouveau verra donc le jour. Un monde compatible avec son siècle. Ce siècle qui a succédé au siècle religieux, annoncé par Malraux, et que l'on croyait identitaire s'avère être le siècle alimentaire. Le souci de base sera celui de manger à sa faim. La ventre primera sur le cerveau. Et c'est déjà vu dans l'Histoire ; la révolution française n'en est que le plus illustre exemple. Au cri « du pain et la liberté » d'antan succédera, aujourd'hui, celui, certes plus modeste, de " la liberté d'avoir du pain". Alors, gare à ceux qui stockent le blé en attendant des hausses des prix. Gare, aussi, à tous ceux qui, spéculant sur les denrées de base- riz, lait ou sucre- ne font qu'accentuer cette disette généralisée qui s'annonce. Gare, enfin, à tous ces gouvernements qui continuent d'amadouer le grand Capital au détriment de leurs populations déshéritées et souvent instruites. Car qui dit famine et instruction dit obligatoirement une Révolution qui se prépare. Révolution dont les premières prémices sont, incontestablement, cette Insurrection qui vient.

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