09/07/2025 2 articles francesoir.fr  4min #283704

L'empire contrattaque : Enquêtes et perquisition au Rn, un timing troublant sur fond de censure contre von Der Leyen

France-Soir avec AFP

Von der Leyen

SCHMUELGEN POOL AFP

Le Rassemblement National (RN) fait face à une série d'actions judiciaires, marquées par une perquisition menée mercredi 9 juillet 2025 à son siège parisien par une vingtaine de policiers de la Brigade financière et deux juges d'instruction. Cette opération, confirmée par le parquet de Paris, s'inscrit dans une enquête ouverte en juillet 2024 pour des soupçons de financement illicite des campagnes électorales de 2022 (présidentielles et législatives) et 2024 (européennes). Selon le parquet, les investigations portent sur des prêts potentiellement illégaux de particuliers, des surfacturations de prestations ou des facturations fictives intégrées dans les demandes de remboursement des dépenses de campagne. Jordan Bardella, président du RN, a dénoncé sur X un « acharnement » et une « opération spectaculaire et inédite », précisant que tous les documents comptables, courriels et dossiers liés aux campagnes ont été saisis.

Simultanément, le Parquet européen a annoncé le 8 juillet 2025 l'ouverture d'une enquête sur le RN et ainsi que ses anciens alliés du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen. Cette enquête vise des irrégularités financières, notamment des dépenses indues de plus de 4,3 millions d'euros entre 2019 et 2024, via des dons à des associations sans lien avec les activités européennes et des contrats avec des sociétés proches de Marine Le Pen, comme e-Politic et Unanime.

Un timing qui interroge

Ces deux enquêtes, combinées à la perquisition, surviennent à un moment politiquement très sensible : le 10 juillet 2025, le Parlement européen doit voter sur  une motion de censure contre la présidente de la Commission européenne. Cette motion, portée par 75 eurodéputés, dont les membres du RN et de ses alliés, critique la gestion d' Ursula von der Leyen. Bien que ses chances de succès de cette censure soient faibles, le timing des actions judiciaires soulève sérieusement des questions. L'enquête du Parquet européen et la perquisition française, lancées à la veille de ce vote, pourraient être perçues comme une tentative de pression sur le RN et ses partenaires, qui se positionnent frontalement à la Commission européenne. Jordan Bardella a lui-même suggéré que ces démarches judiciaires s'inscrivent dans une volonté de « harcèlement », pointant du doigt l'administration du Parlement européen.

Des prêts de particuliers au cœur de l'enquête française

L'enquête française repose sur un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Selon son président, Christian Charpy, le RN a massivement recours à des prêts de particuliers : 613 des 764 prêts recensés en 2021, 425 sur 492 en 2022, et 96 sur 123 en 2023, tous partis confondus. Fin 2023, le parti affichait un encours de plus de 20 millions d'euros auprès de personnes physiques, certains prêts datant de 2007. Le parquet cherche à déterminer si ces prêts respectent les conditions légales ou s'ils constituent des dons déguisés, ce qui serait illégal. Bardella a qualifié de « farce » les soupçons visant les militants prêteurs, souvent des personnes âgées soutenant le parti face au refus des banques de lui accorder des crédits.

Un contexte judiciaire chargé

Ces investigations s'ajoutent à d'autres déboires judiciaires pour le RN. Marine Le Pen, condamnée en mars 2025 dans l'affaire des assistants parlementaires européens à une peine d'inéligibilité de cinq ans, a saisi la Cour européenne des droits de l'homme pour contester cette sanction. La cour d'appel de Paris rendra sa décision à l'été 2026. Si Le Pen était déclarée inéligible, Jordan Bardella pourrait être amené à représenter le RN à la présidentielle de 2027.

Les enquêtes et la perquisition visant le RN, tant au niveau national qu'européen, soulignent des soupçons de pratiques financières irrégulières. Cependant, leur lancement à la veille du vote de censure contre Ursula von der Leyen alimente les spéculations sur une possible instrumentalisation politique. Ces démarches judiciaires, qu'elles soient justifiées ou non, pourraient influencer la dynamique politique du RN à l'approche des prochaines échéances électorales.

À l'heure où le ton monte à Bruxelles, où la censure gronde, où certain même, traite VDL de "corrompue", "voulant lui faire cracher la vérité", les contrattaques s'organisent... Le RN sera peut-être le premier à en faire les frais.

 francesoir.fr