Xavier Azalbert, France-Soir
Motion de censure contre Ursula von der Leyen : véritable crise de confiance au cœur de l'Europe
AFP, France-Soir
Résumé : le 7 juillet 2025, une motion de censure contre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a secoué le Parlement européen. Portée par Gheorghe Piperea et 76 eurodéputés, cette initiative, débattue en plénière et soumise au vote ce jeudi, reflète une défiance citoyenne explosive.Piperea dénonce trois scandales : des irrégularités dans les 650 milliards d'euros du fonds de relance, l'opacité des SMS échangés avec le PDG de Pfizer, et le financement douteux d'ONG pour le Green Deal. « La transparence est essentielle », martèle-t-il, accusant von der Leyen de « mépris des institutions ». L'ancienne ombudsman Emily O'Reilly compare la Commission à une « mafia ». Cependant et étonnamment, cette motion ne reprend pas des éléments plus graves : accusée de corruption et d'opacité, von der Leyen est visée par une plainte pénale en Belgique (1 000+ plaignants, dont Pologne et Hongrie) pour sa gestion des contrats Pfizer de 35 milliards d'euros, toujours cachés, et par une enquête de l'EPPO. La procureure Laura Kovesi est elle-même sous le feu d'une plainte pour obstruction.
Les eurodéputés sont divisés. Friedrich Pürner (Allemagne) soutient la motion, fustigeant l'inaction sur l'affaire Pfizer : « Ils ne respectent pas la justice. » Fernand Kartheiser (Luxembourg) exige « une transparence totale » sur le COVID. Petr Bystron (AfD) dénonce une « caste d'intouchables », tandis que Marc Jongen (AfD) parle d'un « manque flagrant de responsabilité ». Valérie Hayer, alliée fragile, presse von der Leyen de « reprendre la main » pour un agenda pro-européen, révélant une fracture même parmi les soutiens. Les grands groupes (Verts, PPE) esquivent, invoquant des agendas chargés.
En France, 71 % des citoyens jugent l'UE corrompue, 64 % veulent une « Europe des Nations », et 41 % soutiennent la motion (sondage MIS Group). En Allemagne, 70 % des citoyens de l'Est partagent cette méfiance. Si la motion échoue, les eurodéputés pro-censure pourraient intensifier les poursuites judiciaires, face à des contrats Pfizer toujours secrets et une Commission perçue comme intouchable. Ce vote, un test crucial pour la démocratie européenne, pourrait soit restaurer la confiance, soit creuser un fossé irréparable entre l'UE et ses citoyens.
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Le 7 juillet 2025, à 17h, le Parlement européen a ouvert une discussion en séance plénière sur une motion de censure visant Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Initiée par l'eurodéputé roumain Gheorghe Piperea et soutenue par 76 autres parlementaires, cette motion, qui sera soumise au vote ce jeudi, reflète un mécontentement croissant des citoyens européens envers la gestion de von der Leyen. Ce mouvement, relayé par France-Soir dans une interview de Piperea, intervient dans un climat marqué par des accusations graves visant von der Leyen, notamment une instruction pénale en Belgique plus de 1 000 plaignants, dont la Pologne et la Hongrie, et une enquête de l'Office européen de lutte antifraude (EPPO). Voici une analyse détaillée des enjeux, des motifs, des réponses des eurodéputés et des implications pour l'avenir de l'Union européenne.
Une défiance croissante
La motion de censure, la première depuis la chute de la Commission Santer en 1999 pour mauvaise gestion, repose sur des accusations bien plus lourdes que celles qui visaient la commission Santer. L'ancienne ombudsman européenne Emily O'Reilly a qualifié la Commission von der Leyen de comportement « mafieux », renforçant les soupçons de corruption. En France, un sondage MIS Group pour France-Soir/Bonsens.org (6 juillet 2025) que 70 % des Français estiment que la corruption est un problème majeur dans l'UE.
Les motifs de la motion de censure
Gheorghe Piperea, avocat et professeur roumain, a détaillé trois griefs principaux dans son intervention :
- Irrégularités financières : un rapport de la Cour des comptes européenne met en lumière des anomalies dans l'utilisation des 650 milliards d'euros du mécanisme de relance et de résilience. Piperea déclare : « Les auditeurs ont soulevé des soupçons de corruption. La transparence et le respect de l'état de droit dans la gestion des fonds publics sont essentiels. »
- Opacité des contrats Pfizer : la Cour de justice européenne a jugé le 14 mai que la commission européenne aurait dû donner suite aux demandes de transparence des journalistes et des associations de citoyens comme BonSens.org qui souhaitaient avoir accès aux SMS échangés entre von der Leyen et Albert Bourla, PDG de Pfizer dans le cadre de la conclusion des contrats d'acquisition de vaccins contre la COVID 19. Piperea souligne : « Il est inhabituel de négocier par SMS pour un contrat de 35 milliards d'euros. L'absence de divulgation est profondément préoccupante ».
- Financement douteux d'ONG : Piperea dénonce le financement par la Commission de certaines ONG pour promouvoir le Green Deal, qualifiant ces transactions de « corruption ». Il ajoute : « Ces agissements traduisent un manque d'éthique et de transparence. »
Piperea critique également la gestion générale de von der Leyen, accusée de « mépris des institutions » et de violer les principes de séparation des pouvoirs. « Cela donne un mauvais exemple aux citoyens », affirme-t-il, tout en rejetant les accusations d'extrémisme : « Je ne suis pas un extrémiste, je suis un avocat et un professeur engagé. » Il voit dans cette motion un « signal fort » pour restaurer la transparence, même en cas de rejet.
Réponses des eurodéputés : une polarisation marquée
France-Soir a contacté les 720 eurodéputés pour recueillir leurs positions sur la motion, les préoccupations des citoyens et les enjeux de transparence. Voici un résumé des réponses reçues, avec des citations clés pour illustrer leurs points de vue :
- Friedrich Pürner (Non-inscrit, Allemagne) soutient la motion : « En Allemagne, les citoyens s'inquiètent du manque de transparence et de l'abus des fonds européens. » Il critique l'inaction de la Commission dans l'affaire Pfizer : « Ils ne respectent pas la décision judiciaire. » Pürner votera pour, voyant une opportunité de « rétablir le contrôle démocratique ».
- Fernand Kartheiser (Non-inscrit, Luxembourg) appuie la motion, notant une confiance limitée envers von der Leyen au Luxembourg : « Les gens se souviennent qu'elle a fait disparaître des SMS en Allemagne. » Il votera contre la Commission pour exiger « une transparence totale sur le dossier COVID » et stopper l'ingérence dans les États membres.
- Petr Bystron (AfD/ESN, Allemagne) dénonce une « caste d'intouchables » : « Les commissaires non élus montrent un mépris pour le Parlement. » Il soutient la motion, affirmant : « Sa démission est la première étape pour récupérer l'Europe des bureaucrates corrompus. » Il critique l'opacité des contrats vaccins et les liens avec des ONG.
- Marc Jongen (AfD/ESN, Allemagne) votera pour : « Son mandat est marqué par un manque de transparence et un mépris des normes démocratiques. » Il qualifie le discours de von der Leyen de ce lundi 7 juillet de « manque flagrant de responsabilité » et explique que « ce vote n'est pas seulement justifié, il est nécessaire de rétablir l'obligation de rendre des comptes et de réaffirmer les principes de souveraineté nationale et de légitimité démocratique au sein de l'Union ».
- Petar Volgin (ENS, Bulgarie), eurodéputé souverainiste, soutient fermement la motion, soulignant une méfiance profonde en Bulgarie : « Selon les sondages que j'ai examinés, la défiance envers les institutions européennes est encore plus marquée en Bulgarie que dans les enquêtes françaises ». Il critique l'opacité des décisions : « Malgré les promesses de transparence, beaucoup croient que les décisions se prennent à huis clos, loin des regards publics. » Volgin votera pour, pointant les échecs de von der Leyen : « Ses actions pendant la pandémie ont été étouffées, et les soupçons de corruption sont justifiés. »
- Virginie Joron (Patriotes, France) a proposé une interview, exprimant un soutien dans ses communications et, Lukas Siepper (Non-inscrit, Allemagne) a montré de l'intérêt pour une interview sans répondre directement.
- Réponses évasives : Kira Marie Peter-Hansen (Verts, Danemark), Alice Teodorescu Måwe (PPE, Suède), et Lara Wolters (PAS, Pays-Bas) ont envoyé des réponses automatiques, citant un emploi du temps chargé. Markéta Gregorová (Verts, République tchèque) a décliné par manque de temps, tout comme Hélène Fritzon (PSD, Suède).
Le sentiment populaire : une défiance généralisée
En France, un sondage MIS Group pour France-Soir/BonSens.org révèle que 64 % des citoyens soutiennent une « Europe des Nations » basée sur la souveraineté et des accords commerciaux, contre seulement 14 % pour une Europe fédérale.
De plus, 71 % estiment que la corruption est un problème majeur dans l'UE, et 46 % soupçonnent von der Leyen d'abus de pouvoir ou de corruption.
Ces résultats expliquent le soutien de la motion de censure par 41 % des Français (13 % s'y opposent, et 46 % restent indécis), reflétant une polarisation et une méfiance généralisée.
En Allemagne, dans sa réponse, le MEP Petr Bystron explique que 70 % des citoyens de l'est du pays partagent cette méfiance, et près de 40 % jugent les efforts anti-corruption insuffisants. Au Luxembourg, bien que la confiance soit légèrement plus élevée, Fernand Kartheiser note que les scandales passés de von der Leyen, notamment lorsqu'elle était ministre allemande, alimentent les doutes.
Analyse et perspectives
La motion de censure, comme l'a souligné Piperea, est un outil démocratique rarement utilisé, le dernier précédent remontant à 1999. Même si elle est rejetée, elle envoie un signal fort : « C'est un message de prise de conscience », affirme-t-il.
Cependant, la motion de censure de Pipera ne rappelle pas qu'une procédure pénale inédite et historique est en cours en Belgique contre Ursula von der Leyen, Albert Bourla, Pfizer et autres qui sont accusés par des milliers de plaignants dont deux états membres, la Hongrie et la Pologne (tel que révélé par France-Soir le 17 mars 2024), d'immixtion dans des fonctions publiques, de destruction de documents publics, de corruption et de prise illégale d'intérêt. Une autre plainte pénale est aussi en cours à l'encontre de la cheffe roumaine du Parquet Européen (EPPO) Laura Kovesi, pour obstruction à la justice dans le cadre de cette affaire, dans le but de protéger Ursula von der Leyen. Il s'agit pourtant d'éléments qui auraient pu utilement être repris dans le cadre de cette motion de censure et débattu par le Parlement européen. En tout état de cause, aujourd'hui le contenu exact de ces SMS reste inconnu, le New York Times ne les ayant jamais publiés alors qu'ils étaient l'objet de son article en 2022, à se demander quelle base factuelle le New York Times avait pour écrire son article... Ont-ils réellement les SMS ? Contacté par France-Soir, le NYT n'était pas disponible pour répondre à cette question.
Plus grave encore, les trois contrats conclus par l'UE avec Pfizer demeurent toujours inconnus des eurodéputés et du public, seuls les plaignants constitués dans l'affaire criminelle belge y ayant eu accès. Là encore, l'on se demande pourquoi aucune mesure, par exemple judiciaire, n'est prise par les eurodéputés pour en avoir connaissance et les partager avec les citoyens au nom du droit à la Transparence.
Dès lors, plusieurs questions se posent. Peter Volgin alerte sur l'inefficacité probable de l'enquête : « Comme on dit en Bulgarie, les têtes des institutions européennes sont "connectées comme des boyaux de porc" – tout le monde se protège. » Il ajoute que « la confiance publique continuera de décliner sans une refonte complète des structures de l'UE ». Alors, si la motion échoue, les eurodéputés favorables, comme Piperea, Pürner, Kartheiser, Bystron ou Jongen, et les 71 autres ayant soutenu la motion de censure, poursuivront-ils leurs efforts en entament des actions judiciaires comme l'ont fait les citoyens européens avant eux ? Cela paraît souhaitable, car ce combat pour la transparence n'est pas que politique, il doit aussi être judiciaire afin que les personnes mises en cause répondent de leurs éventuels délits aussi devant les tribunaux et qu'ils ne soient pas au-dessus des lois.
Le Parlement européen, souvent critiqué pour sa passivité face à la Commission, se trouve à un tournant. Les réponses évasives des grands groupes (Verts, PPE) suggèrent que la conférence des présidents pourrait bloquer la motion, au détriment des préoccupations citoyennes. Comme le note Pürner, « les grands groupes politiques bloquent les débats en raison de leur cordon sanitaire », ce qui pourrait exacerber la fracture entre les institutions et les citoyens.
Un test pour la démocratie européenne
Cette motion de censure dépasse le simple cas d'Ursula von der Leyen : elle met en question la légitimité et la transparence des institutions européennes. Les réponses des eurodéputés révèlent une fracture idéologique, entre ceux qui, comme Bystron et Jongen, appellent à une rupture avec un establishment perçu comme corrompu, et ceux qui, par leur silence ou leurs réponses automatiques, semblent protéger le statu quo. Même parmi ses alliés, des fissures apparaissent : Valérie Hayer, dans un tweet, interpelle von der Leyen en lui demandant qui sont ses véritables soutiens et en exprimant son attente que « vous repreniez la main pour que l'agenda politique pro-européen que nous partageons voie enfin le jour ». Ce discours, de plus en plus déconnecté des aspirations exprimées par les citoyens, souligne la profonde rupture entre certains eurodéputés et leurs concitoyens.
Les citoyens, en France comme ailleurs, réclament clairement plus de souveraineté et de responsabilité. Mais seront-ils entendus ? Ou la conférence des présidents, au service des intérêts des grands groupes politiques, prédominera-t-elle encore, au risque d'aggraver la crise de confiance ? Dans un contexte où l'UE fait face à des défis majeurs – crise économique, tensions géopolitiques, défiance citoyenne – ce vote pourrait redéfinir la relation entre les institutions et les peuples, ou, à l'inverse, creuser davantage le fossé.