par Mohamed Ghermaoui
À Riyad, en Arabie saoudite des négociations entre Poutine et Trump sont de mises pour conclure et statuer sur l'un des accords le plus improbable, le plus biscornu et le plus saugrenu des temps. Il est peut-être en train de voir le jour, ou pas. Il s'agit d'un accord de cessez-le-feu entre la Russie et l'Ukraine. Dans le même temps, à Riyad, en Arabie saoudite, des dizaines de cargos supplémentaires sont arrivés de la base aérienne de Hill, aux États-Unis, selon le journal Haaretz, sur la base d'images satellites et de l'analyse des données de vol. Aussi, des dizaines d'avions de transport lourd ont atterri dans des bases en Arabie saoudite, au Qatar, en Jordanie, au Koweït et à Diego Garcia.
Plusieurs sources confirment l'acheminement via l'océan Pacifique de plusieurs bombardiers au cœur de l'océan Indien, notamment les B-2, comme ils signalent le renforcement du système de renforcement de l'interception des missiles en Israël.
Par ailleurs, à Gaza maintenant. À Gaza, on nous raconte que l'émissaire de Trump a réussi à convaincre Netanyahou et son gouvernement ultra génocidaire pour un ultimatum de cessez-le-feu réparti en trois phases minutieusement élaborées. L'Arabie saoudite et le Qatar ont participé à la valse. Encore l'Arabie saoudite. Ces trois intermédiaires se sont portés garant de l'application et la réussite de cet accord. À Gaza, on assiste depuis quelques semaines à la reprise des bombardements par Israël sur la population gazaouie, des bombardements plus meurtriers, d'ailleurs. Personne ne peut imaginer cette initiative abjecte sans l'aval de Trump.
Et le Yémen dans tout ça. Fidèle à ses convictions et ses profondes croyances, le Yémen a toujours porté l'étendard de défenseur et de soutien de la cause palestinienne. En confirmant que tant qu'Israël n'arrêtera pas ses massacres écœurants et immondes du peuple palestinien, ils continueront à lutter pour la cause palestinienne. Et ce, en endiguant le passage des tous les navires de transport à destination d'Israël et en lançant des missiles balistiques sur des lieux stratégiques d'Israël et plus particulièrement l'aéroport Ben Gourion.
Respectant cet alignement, le Yémen a repris ces manœuvres une fois constaté qu'Israël ne respectait plus l'accord de cessez-le-feu, et particulièrement la deuxième phase de cet accord. D'autant plus qu'Israël a de nouveau bloqué toutes les aides humanitaires à Gaza (clause principale de la première phase de l'accord convenu), en l'occurrence l'eau, les vivres, les tentes, les médicaments, le gasoil et d'autres produits de première nécessité. D'un autre côté, Israël commence à déployer d'énormes mécanismes pour empêcher tous les médecins et les travailleurs humanitaires d'entrer dans la bande de Gaza. Cette campagne de terreur des sionistes israéliens ne s'est pas seulement limitée à Gaza mais la Cisjordanie est pilonnée chaque jour et sa population est chassée et torturée sans aucune pitié. Nous assistons à une réalité dure, très dure à vivre. Des enfants et des femmes sans abris, souvent dans la rue ou sous des tentes sont bombardés chaque jour.
Face à cette maudite réalité, notre émissaire de paix, Witkoff a institué une prolongation de sept semaines de cette première phase, au lieu d'obliger Israël à entamer les clauses de la deuxième phase.
Au lieu d'inciter Israël à arrêter ses massacres contre une population dépourvue, affamée et déchirée, une population sans abris, sans logements, sans eaux, sans électricité et sans couverture sanitaire, Trump a ordonné à ses commandants militaires de bombarder le Yémen. Le bombardement s'intensifie de jour en jour et des logements et des civils sont massacrés chaque jour.
Deux déclarations de Trump envers l'Iran soulèvent des interrogations : «Chaque coup de feu tiré par les Houthis sera considéré, à partir de maintenant, comme un coup de feu tiré par les armes et les dirigeants de l'IRAN, et l'IRAN sera tenu pour responsable et en subira les conséquences, et ces conséquences seront terribles». «J'espère que vous allez négocier, parce que si nous devons intervenir militairement, ce sera terrible pour eux». La réponse des responsables iraniens était éminemment décisive : Faites ce que vous voulez, nous sommes prêts à tout scénario.
Et maintenant, c'est à l'intérieur des États-Unis que se manifeste le big désarroi. La liberté d'expression est complètement bafouée et décapitée. Nul n'est censé porter des opinions différentes de celles colportées par les officiels americains, autrement, on devient complotiste, antisémite et anti-américain. Tous ceux qui annoncent ou se manifestent contre les massacres à Gaza et en Cisjordanie, contre le génocide des enfants et des femmes palestiniens, qu'on visionne d'ailleurs chaque jour, et contre les bombardements au Yémen sont étiquetés antisémites et anti-américains, voire même terroristes. La chasse aux sorcières est devenue une des plus belle/acharnée dans les universités américaines et la victime bien sûr sont les étudiants pro-palestiniens.
Un professeur d'anglais à Meghan à Yale a fait remarquer sur le New York Times les affirmations suivantes. «La fin de l'université telle que nous la connaissons».
«Ce qui se passe réellement ici, c'est une attaque contre les valeurs et le bien public des États-Unis, à savoir la foi dans le savoir».
«Si la bataille pour les universités ne portait que sur les budgets, le combat serait différent. Mais ce qui est en jeu est bien plus grave, à savoir la capacité des institutions à préserver les libertés qui constituent le fondement de notre démocratie».
Caitlin Johnstone précisait récemment sur l'un de ces articles sur RI. «J'écris beaucoup sur la fausse «crise de l'antisémitisme», non seulement parce qu'elle est utilisée pour détruire les droits civils dans le monde occidental, mais aussi parce qu'elle est l'une des choses les plus sombres et les plus inquiétantes dont j'aie jamais été témoin».
Qu'en est-il de l'Europe ? Trump et son équipe n'ont ménagé aucun effort pour dénigrer et fragiliser l'Europe. Le lâchage et la négligence de l'Europe dans la négociation sur le cessez-le-feu en Ukraine est un pavé dans la mare. Cet abondant a jeté et semé un trouble dans les esprits des responsables européens. Il semble même qu'ils sont en phase de battre le pavé dans le sens où ils ne savent plus quoi faire. Certains diraient qu'ils sont devenus des canards sans tête. En fait le non-sens, l'irrationalité et l'extravagance chez les dirigeants européens ne date pas d'aujourd'hui. Ça fait longtemps que l'Europe est entraînée dans les dessins et le destin des États-Unis. Ajouté à cela, les déclarations sulfureuses et incisives du président Trump et de plusieurs membres de son gouvernement envers les anciens alliés. Les esprits commencent à s'échauffer et à perdre l'orientation. À cet égard, la déclaration du vice-président JD Vance à Munich lors de la conférence sur la sécurité est sans équivoque.
Et dans le reste du monde ? Apparemment, les ambitions de Trump sont diverses et variées. Sa gourmandise est sans limite. Le Canada, le Groenland, le Panama, le Mexique, la Chine, l'Ukraine, le Moyen-Orient, l'Afrique entre autres sont tous dans le collimateur.
De là, on peut aisément déduire que le président Trump n'est pas un homme de paix, encore moins un homme de bon sens et pragmatique, comme pas mal d'analystes le prétendent. Je ne pense pas que c'est un homme qui soit emporté par son ADN et sa culture de business Man. Je ne pense pas que les règles de commerce et de business permettent de s'accaparer des biens des autres pour faire des affaires. Un monde tel qu'imaginé par Trump est un monde de la jungle, un monde du plus fort. Un monde de cet ordre d'idée ne peut pas être en paix. Jamais.
Conclusion
Face à cette fresque, certainement pas en noir et blanc, symptomatique, éloquente et très révélatrice, que peut-on déduire ? Certains diront que les négociations hâtives de Trump avec Poutine ne visent pas tant à mettre fin à la guerre par procuration avec la Russie qu'à déplacer les lignes de front du Donbass vers l'Iran. D'autres voient dans «l'entente entre Trump et Poutine» concernant le cessez-le-feu en Ukraine une aubaine pour les Américains pour désavouer et rompre le lien stratégique entre la Russie et la Chine.
Je pense que les deux réflexions sont hors de question et logiquement improbables. Pourquoi ? Pour essentiellement trois raisons. La première, c'est que la Russie et l'Iran ont signé un traité de partenariat stratégique au début de l'année 2025. Pour la Russie et pas seulement, pour la Chine aussi, l'Iran est un pays partenaire majeur dans la stratégie de démantèlement de l'axe hégémonique occidental et de l'acquiescement et du consentement pour un nouvel ordre mondial. À travers cet accord, la Russie et l'Iran s'engagent à s'entraider et se soutenir en cas de guerre. «Le traité stipule que si une partie est attaquée, l'autre n'aidera pas l'agresseur et cherchera à résoudre les différends par la voie diplomatique, suggérant un niveau de soutien sans garantir une intervention militaire directe». De ce fait il serait ingénu de croire que la Russie (et même la Chine) se laisserait faire au cas où les Américains s'engageraient dans une guerre contre l'Iran. La deuxième raison, c'est que la vision stratégique de la Russie est claire. Elle repose essentiellement sur un partenariat stratégique pour bâtir à terme un monde multipolaire. D'autant plus que la Russie a vécu tellement d'événements et d'expériences méphitiques, délétères et maléfiques avec les Occidentaux qu'elle demeure démesurément méfiante et sur ses gardes. La troisième raison et je pense la plus déterminante, c'est que la Russie a gagné la guerre en Ukraine et a surtout montré ses capacités militaires sophistiquées et dissuasives que personne ne peut remettre en cause et négliger.
Par ailleurs, les agissements des Européens depuis le coup de téléphone partagé entre Poutine et Trump et ce qui a suivi n'est que du théâtre. Les Européens vont finir par baisser les rideaux et se calmer une fois les choses deviennent plus claires.
Je pense que les Américains ne peuvent pas s'aventurer dans une guerre contre l'Iran. Bien sûr tout le monde sait que les néoconservateurs font tout pour déclencher cette guerre sous prétexte qu'ils détiennent la bombe nucléaire. Les raisons sont patentes et claires comme l'eau de roche. Mais, l'Iran n'est pas l'Irak. En plus l'Iran est un partenaire stratégique de la Russie et de la Chine. S'aventurer dans cette guerre, c'est l'apocalypse.