Source: AFP
Marine Le Pen le 6 juin 2024 (image d'illustration).
«Chef des armées, pour le président, c'est un titre honorifique puisque c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse», a déclaré la dirigeante du Rassemblement national (RN) ce 27 juin dans un entretien accordé au Télégramme, à quatre jours d'élections législatives qui laissent présager d'un séisme politique.
Marine Le Pen estime que le RN obtiendra «une majorité absolue» au scrutin et que le futur Premier ministre sera alors forcément Jordan Bardella. Et ce dernier compte peser et infléchir les choix militaires de la France, notamment en Ukraine. «Jordan n'a pas l'intention de lui chercher querelle [à Emmanuel Macron], mais il a posé des lignes rouges. Sur l'Ukraine, le président ne pourra pas envoyer de troupes», a-t-elle fait valoir.
En clair : le président ne serait plus le seul décisionnaire des décisions stratégiques françaises en cas de victoire du RN les 30 juin et 7 juillet prochains.
L'envoi de troupes françaises, au cœur des élections
Lancinante depuis le 26 février, la question de l'envoi de troupes occidentales et en particulier françaises en Ukraine, qu'Emmanuel Macron a refusé d'écarter au nom d'une «ambiguïté stratégique» selon lui nécessaire face à la Russie, est au cœur des tensions actuelles entre Paris et Moscou... mais pas que.
Les évolutions politiques internes à la France intéressent aussi fortement Volodymyr Zelensky. «Nous croyons que les Français continueront à soutenir l'Ukraine quelle que soit la situation politique», a déclaré le président ukrainien dans un commentaire écrit adressé à l'AFP.
«De même, par la volonté du peuple français, le prochain gouvernement continuera à soutenir pleinement l'Ukraine à la fois sur le champ de bataille», a-t-il poursuivi, saluant Paris pour sa «solidarité inébranlable» depuis février 2022. «Nous sommes convaincus que le prochain gouvernement sera indépendant de l'agresseur russe et restera attaché aux valeurs européennes et à une Europe forte et unie, l'Europe même que l'Ukraine défend contre la tyrannie russe», a-t-il ajouté.
Depuis près d'une décennie, le RN a été accusé par ses détracteurs de «faire le jeu du Kremlin».
Jordan Bardella s'est dit opposé le 24 juin à l'envoi de troupes françaises en Ukraine de même qu'à la livraison de «missiles de longue portée» permettant à l'armée ukrainienne de frapper le territoire russe. «Cela créerait les conditions d'une cobelligérance de la France et les conditions d'une escalade» face à la Russie, «une puissance nucléaire», a-t-il affirmé.
Reste qu'Emmanuel Macron semble lui aussi de moins en moins le vouloir. Le dirigeant français a ainsi affirmé le 24 juin ne pas penser que l'armée française irait «s'engager sur le sol ukrainien demain» dans le podcast Génération Do It Yourself. Le président français était interrogé sur la «peur» d'un Français de voir le conflit ukrainien atteindre la France.