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Le président russe Vladimir Poutine, le 17 mai 2024 (photo d'illustration).
«Avec qui mener des discussions ? C'est effectivement une question qui n'est pas négligeable.» Lors d'une conférence de presse conjointe ce 24 mai à Minsk avec son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko, le président russe a été interrogé par un journaliste sur la perspective d'une reprise des négociations en Ukraine. Plus particulièrement, sur les interlocuteurs qui seraient alors «aptes» à négocier aux yeux de Moscou, le journaliste rappelant notamment que le mandat de Volodymyr Zelensky avait expiré.
«Nous nous rendons bien compte que la légitimité du président en exercice a expiré», a abondé Vladimir Poutine, en référence au fait que le mandat de Volodymyr Zelensky arrivait à son terme le 20 mai. Un mandat prolongé jusqu'à nouvel ordre, le président ukrainien ayant décidé en novembre 2023 de reporter les élections présidentielles, invoquant la loi martiale en vigueur et la mobilisation générale.
«La Russie n'a jamais refusé de discuter», répète Poutine
«Je pense que l'un des objectifs de la conférence qui est annoncée en Suisse consiste justement à ce que la communauté occidentale, qui sponsorise le régime de Kiev, confirme la légitimité du président actuel», a-t-il poursuivi, en référence à la conférence de paix pour l'Ukraine que le gouvernement helvète a convoquée sur son sol à la mi-juin. Une initiative dénoncée par la Russie, non conviée. «Ces opérations de communication n'ont aucune signification pour des documents juridiques», a estimé le président russe.
La réponse à la question de la légitimité de Zelensky «doit être, avant tout, apportée par l'Ukraine elle-même», a précisé Vladimir Poutine, évoquant son Parlement, sa cour constitutionnelle «et certains autres organes directeurs».
Si les discussions de paix reprennent avec l'Ukraine, «il faudra être totalement sûrs que nous avons affaire à des autorités légitimes», a déclaré le chef d'État russe. «La Russie n'a jamais refusé de discuter», a répété, de nouveau, Vladimir Poutine. Celui-ci a rappelé que des pourparlers entre la Russie et l'Ukraine s'étaient tenus en Biélorussie dès la première semaine de l'offensive russe, avant de se poursuivre à Istanbul à la demande de Kiev.
«Le directeur des négociations pour la partie ukrainienne avait signé. C'est-à-dire que la partie ukrainienne - dans l'ensemble - était satisfaite de cette solution qui satisfaisait aussi la Russie», a poursuivi le président russe, avant d'insister : «À partir du moment où il y a une signature sur un document, de la partie ukrainienne, cela signifie que la partie ukrainienne est satisfaite.»
«Ce n'est pas nous qui avons arrêté ces négociations, ce sont eux !»
Accord «jeté à la poubelle» par Kiev, après la venue dans la capitale ukrainienne de Boris Johnson, alors Premier ministre britannique, a ajouté Vladimir Poutine. Révélé dès l'été 2022 par la revue américaine Foreign Affairs, le député ukrainien David Arakhamia, négociateur en chef pour la partie ukrainienne, avait confirmé à l'automne 2023 le rôle considérable du Premier ministre britannique dans la poursuite du conflit.
«Ce n'est pas nous qui avons arrêté ces négociations, ce sont eux !», a insisté ce 24 mai le président russe devant la presse. «Et je dirais même plus qu'ils se sont interdit à eux-mêmes de poursuivre les négociations», a-t-il poursuivi, en référence à un décret signé en octobre 2022 interdisant toute négociation entre Kiev et Vladimir Poutine.
Un épisode ainsi qu'un manque de confiance dans la parole des autorités ukrainiennes qu'avait évoqué mi-avril par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d'une interview accordée à trois médias russes, estimant que «les discussions avec Zelensky» étaient «privées de sens». Le chef de la diplomatie russe avait alors notamment évoqué l'épisode du retrait des forces russes, annoncé fin mars 2022 par la Défense russe, dans les secteurs de Kiev et Tchernigov dans le cadre des négociations à Istanbul.