Heureusement que Trump a perdu en 2020, sinon nous assisterions à une répression fasciste de la dissidence politique, des agressions policières contre les manifestants, une censure brutale de la liberté d'expression et un soutien aux agendas racistes et islamophobes. Ce psychopathe serait probablement en train de commettre un génocide à l'heure qu'il est.
Disons les choses comme elles sont : donc, les États-Unis ont fini par construire leur "ponton flottant" à quelques kilomètres de la côte de Gaza pour acheminer l'aide humanitaire, mais personne ne sera en mesure d'acheminer l'aide directement du ponton pour la faire parvenir à Gaza. Au lieu de cela, l'aide sera livrée à Chypre par voie aérienne ou maritime, puis, de Chypre, l'aide sera acheminée sur plus de 350 km jusqu'au ponton. Puis de là, les palettes de marchandises seront chargées sur de petits bateaux de l'armée américaine, qui transporteront ensuite l'aide du ponton jusqu'à un long embarcadère situé sur la côte actuelle de la bande de Gaza. Ces palettes seront ensuite transportées des bateaux jusqu'au rivage via l'embarcadère - peut-être par des soldats britanniques ou israéliens, selon la source consultée - et transportées à Gaza par les troupes des Forces de défense israéliennes (FDI) après un examen minutieux et l'approbation de leur contenu. Tout ça pour acheminer entre 90 et 150 camions d'aide par jour, ce qui est très loin des 500 camions dont Gaza a besoin, selon les Nations unies.
Et tout ça parce qu'Israël ne laisse pas les gens livrer une quantité suffisante de produits humanitaires directement à Gaza en passant par les checkpoints spécialement conçus à cet effet. Comme Washington ne veut pas exercer de pression sur Israël pour qu'il autorise un tel passage, cette chorégraphie ultra compliquée et coûteuse est réalisée pour acheminer une quantité d'aide désespérément insuffisante. Une aide qui n'est nécessaire que parce qu'Israël a détruit Gaza dans sa campagne de bombardements génocidaires exécutée en toute impunité.
https://twitter.com/caitoz/status/1784725065357295796
Dans son discours de jeudi, Joe Biden a justifié la répression policière violente des manifestations universitaires contre son génocide à Gaza, en déclarant que "la dissidence ne doit jamais mener au désordre".
Ah oui Joe, c'est très progressiste de ta part. Il est évident que la dissidence doit toujours être parfaitement inoffensive et docile, et qu'elle ne doit en aucun cas perturber l'ordre public. Comme l'a dit Martin Luther King Jr:
"Notre valeur première est d'obéir à la loi à tout moment et de n'importuner personne, parce que la dissidence ne doit jamais mener au désordre. C'est la raison pour laquelle notre mouvement des droits civiques n'a jamais eu de démêlés avec les forces de l'ordre".
C'est ce qu'il a déclaré dans l'une de ses œuvres les plus influentes, Letter from Birmingham Candy Shop.
❖
Le Wall Street Journal publie un article intitulé "À Gaza, les autorités perdent le compte des morts", qui confirme ce qui était évident depuis des mois : le ministère de la Santé de Gaza n'a pas l'infrastructure nécessaire pour comptabiliser le nombre de personnes tuées par Israël. Cela signifie que le bilan officiel des victimes de l'assaut israélien est très certainement sous-estimé.
"Je suis très sincèrement préoccupé par les discours de haine sur les campus universitaires", dit celui qui a bâti toute sa carrière en prônant le meurtre de masse d'étrangers à la peau brune dès qu'il en a l'occasion.
❖
La machine de guerre américaine considère les Palestiniens comme un obstacle à ses projets militaires au Moyen-Orient, de même qu'elle considère la flore et la faune locales comme un obstacle à une nouvelle base militaire, ou qu'elle considère les baleines comme un obstacle gênant parce que le public craint que les essais de sonar de la marine endommagent leur ouïe et les tuent. Les Palestiniens sont simplement considérés comme des animaux indigènes dérangeants qui se mettent en travers de la machine de guerre impériale, et elle serait plus qu'heureuse que cette nuisance soit totalement éradiquée.
❖
De nombreux sympathisants de Biden m'ont dit très sérieusement que les événements du 6 janvier étaient bien pires que le soutien à un génocide à Gaza, histoire d'affirmer que Trump est pire que Biden. La vision du monde libérale dominante vous vrille tellement la tête que vous n'arrivez même plus à considérer les Palestiniens comme des êtres humains.
❖
Tout ce qu'on avait prédit aux Américains concernant Trump s'est produit sous Biden. La seule réponse des démocrates à cela est "Oh ouais eh bien tout ça aurait été bien pire sous Trump", une affirmation qui n'est (A) fondée sur littéralement rien et (B) totalement invérifiable.
Comme je l'ai déjà dit, la leçon à retenir n'est pas de savoir si Trump est meilleur que Biden ou s'il faut soutenir les Républicains. La leçon à retenir est que, quelle que soit le candidat pour qui on vote, on assiste à une poussée d'autoritarisme dans le pays et à des guerres, au déploiement de forces militaires et à une politique de surenchère à l'étranger, et que ce système doit être banni.
Observer ce qui se passe et se demander pour qui il faut voter, c'est passer complètement à côté du problème : peu importe pour qui on vote, le système est truqué pour que seuls les impérialistes tyranniques et meurtriers qui servent les intérêts des ploutocrates et des gestionnaires d'empire, et non des êtres humains normaux, puissent être élus. Le blabla sur le choix de vos suffrages est précisément ce que veulent ces ploutocrates et gestionnaires d'empire, pour vous piéger dans un système de statu quo politique et vous empêcher d'envisager des solutions susceptibles d'apporter de réels changements, comme l'action directe, les grèves générales, nourrir des idées novatrices et favoriser l'émergence d'une puissante tendance révolutionnaire.
Caitlin Johnstone
Article original en anglais publié le 3 mai 2024 sur le blog de Caitlin Johnston