Palestine-Monitor
« Il s'agit d'un grand succès pour le peuple palestinien et nous allons demander de devenir membre de toutes les agences des Nations-Unies ».
Le 31 octobre, les États membres de l'organisation culturelle des Nations-Unies (UNESCO) ont voté l'adhésion de la Palestine comme membre à part entière de l'organisation. Depuis 1974, la Palestine avait un statut d'observateur à l'UNESCO ; en 1988, l'OLP obtint le droit de participer aux débats et de diffuser l'information, mais sans être autorisée à voter les résolutions ou sur d'autres questions.
Aujourd'hui membre de l'UNESCO, la Palestine se trouve à égalité avec tous les autres États membres. Par ailleurs, l'admission à l'UNESCO ouvre automatiquement les portes à la Palestine des autres agences, dont l' Organisation mondiale de la Propriété intellectuelle.
Le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon, a exhorté la Palestine à se refréner dans sa quête de reconnaissance comme État dans les différentes agences de l'ONU. Réagissant au retrait des USA et du Canada du financement de l'UNESCO suite à la promotion de la Palestine comme État membre, Moon a déclaré que la recherche de reconnaissance auprès d'autres agences ne « profiterait ni à la Palestine, ni à quiconque ».
Jusqu'à maintenant, on ne sait pas vraiment sur quel territoire l'OLP aura compétence vis-à-vis de l'UNESCO. Si l'Église de la Nativité à Bethléhem, en Zone A, a de fortes chances d'être inscrite comme site du Patrimoine mondial, il reste à voir si l'OLP aura la capacité de déclarer des sites en Zone C de la même manière. (Les Zones C étant sous plein contrôle militaire israélien).
La Palestine a été admise à l'UNESCO par une majorité écrasante : 107 OUI contre 14 NON et 52 abstentions, ce qui était plus que suffisant pour répondre à l'exigence d'une majorité des deux tiers. Alors que la candidature de l'OLP comme membre à part entière des Nations-Unies reste bloquée dans la bureaucratie, l'UNESCO est la première agence à reconnaître la Palestine en tant qu'État.
L'admission a été célébrée presque unanimement à travers toute la Palestine. Ahmed Yousef, vice-ministre des Affaires étrangères à Gaza, s'en est réjoui comme d'une « grande réussite » et a laissé entendre qu'elle reflétait un changement important dans la politique du monde, « (le vote) montre qu'Israël et l'Amérique ne dictent plus la politique au monde ».
Pour le Dr Mustafa Barghouthi, secrétaire général de l'Initiative nationale palestinienne, « Il s'agit d'un grand succès pour le peuple palestinien et nous allons demander de devenir membre de toutes les agences des Nations-Unies ».
Poursuivant, le Dr Barghouthi dit, « C'est la meilleure action dans le processus diplomatique, de la non-violence, et c'est notre seule réponse à la liquidation par Israël du processus de paix ».
Les principales voix qui se sont opposées à l'admission de la Palestine sont les USA et Israël, ont décrié l'initiative de l'UNESCO.
Le représentant israélien à l'UNESCO, Nimrod Barkan, a critiqué le vote comme « une contrefaçon de l'idée de l'UNESCO ». Israël a annoncé qu'il continuera de construire ses colonies illégales et qu'il conservera les recettes fiscales palestiniennes en réponse au vote de l'UNESCO.
Le retrait des USA de son financement se fonde sur une loi du Congrès votée en 1991 en réponse à la Conférence de Madrid. Cette loi stipule : « Aucun financement autorisé à être voté dans le cadre de cette loi, ou de tout autre loi, ne sera disponible pour les Nations-Unies, ou tout autre agence spécialisée s'y rapportant, qui accorde à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) la même position que celle des États membres ».
Alors que la loi est protégée contre une renonciation présidentielle, Victoria Nuland, porte-parole du Département d'État US, affirme sans équivoque cette décision. « Le vote d'aujourd'hui des États membres de l'UNESCO admettant la Palestine comme membre est regrettable, prématuré, et mine notre objectif commun pour une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient ».
S' exprimant sur Democracy Now !, Phylllis Bennis, de l'Institut d'Études politiques déclare, « Il n'y a rien dans ce vote qui sape la possibilité d'un processus de paix de quelle que sorte que ce soit. Ce qu'il mine, c'est l'illusion, la fausse illusion, que le soi-disant processus de paix soutenu depuis 20 ans par les USA conduirait à la possibilité d'une solution juste, durable et permanente au conflit ».
Barghouthi souligne que le vote indique que la majorité dans le monde est pour les droits et l'indépendance des Palestiniens. « Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est de combiner résistance non violente sur le terrain et actions diplomatiques sur le plan international, et nous voyons que la Palestine tout entière va soutenir cela ».