L'empressement du gouvernement turc à obéir au dictat de l'OTAN/US/Israël en soutenant « l'opposition syrienne » en agitant le bâton de sanctions risque d'avoir un effet boomerang sur l'économie turque et fait tout simplement le jeu d'Israël derrière cette campagne de déstabilisation de la Syrie visant en fait l'Iran.
Le gouvernement d'Erdogan a décidé de jouer la carte occidentale (OTAN/US) contre le régime syrien de Bashar Al Assad.
1.En aidant à la livraison d'armes aux groupes extrémistes islamistes dont des armes lourdes anti tanks qui tuent et terrorisent civils et militaires syriens avec pour objectif de créer une zone frontalière « libérée » repaire des islamistes et quelques déserteurs de l'armée syrienne groupuscule baptisé «armée libre de la Syrie» dont un colonel déserteur qui a rejoint les 7500 réfugiés déjà recensés en territoire turc le long de la frontière avec la Syrie. A partir de là l'armée turque pourrait soutenir des incursions en territoire syrien de cette auto proclamée « armée libre de la Syrie » évitant à la Turquie une condamnation pour des attaques armées contre un pays voisin souverain.
Erdogan a également annoncé que son pays était prêt à soutenir la résolution de l'ONU condamnant la répression en Syrie. I["Le projet de résolution devant le Conseil [de sécurité de l'ONU] est de nature à envoyer un avertissement"], i a-t-il déclaré, ajoutant : "Nous espérons une issue positive de ce vote, et qu'il y aura ensuite d'autres discussions sur les mesures à prendre." La Russie La Chine et les 3 autres pays du BRICS (Inde, Bresil et Afrique du Sud) ont jugé cette résolution inacceptable en l'état et menacé d'y opposer leur veto.
2. En soutenant activement les différentes composantes de l'opposition syrienne dont les Frères Musulmans proches d'Erdogan, par la création du CNS - Conseil Nationale Syrien - après de longues tractations entre ces différentes composantes et l'obtention d'un accord des plus précaires. C'est en fait une représentation plus turco américaine que syrienne - avec une dominante des opposants syriens de l'extérieur dont ceux des USA et de France soutenus et financés par les gouvernements respectifs de ces deux pays - qui vise à une reconnaissance internationale comme cela a été le cas du CNT en Libye et une possible alliance avec le groupe armé « armée libre de Syrie » là aussi avec le même scénario qu'en Libye (alliance politico djihadiste).
Selon des sources diplomatiques à Damas, la montée en puissance du CNS, découlerait d'un accord entre Américains, Turcs et Frères musulmans, permettant de fédérer les trois principales tendances de l'opposition: «nationalistes», «libéraux» et «islamistes». On peut supposer que ces « sources diplomatiques » ne sont autres que l'ambassade des USA à Damas et son très actif ambassadeur américain, Robert Ford, qui violant sciemment les règles diplomatiques rencontre ouvertement des opposants pour leur apporter son soutien et plus s'ingérant ainsi directement sur place dans les affaires intérieures syriennes.
La Turquie se tire une balle dans le pied et fait le jeu d'Israël
Il y a un mois le gouvernement syrien a interdit les importations de biens taxés à plus de 5% dans le but de préserver les réserves en devises du pays. L'un des plus gros exportateurs de biens de consommation de ce type la Turquie a subi une importante baisse de ces exportations à destination de la Syrie. Selon une liste publiée par le ministre turc de l'économie parmi les produits interdits on trouve les téléphones portables, des véhicules (bus, camions de transport camionnettes...) Les échanges commerciaux entre les deux pays ont plus que triplé entre 2006 et 2010 Damas et Ankara ayant signé un accord de libre échange.
Mais selon l'agence de presse officielle syrienne SANA les autorités syriennes ont finalement levé mardi l'embargo sur les importations imposé le mois dernier, celui-ci ayant donné lieu à une flambée des prix et un mouvement d'humeur des commerçants catégorie influente qui soutient le président Bachar Al-Assad et dont certains ont fait fortune dans l'importation de ces biens de consommations.
Cependant comme les tensions entre la Syrie et la Turquie risquent de s'accroître le gouvernement d'Erdogan ayant menacé de sanctions les dirigeants syriens notamment de geler les avoirs de la famille d'Assad ce dernier pourrait alors répliquer en freinant les exportations turques transitant par la Syrie en direction de l'Arabie Saoudite, le Koweït et Dubaï sans toucher à l'économie syrienne donc en ménageant les commerçants syriens qui jusqu'à présent n'ont pas pris partie dans le conflit entre le régime d'Assad et les groupes armés par l'étranger.
Certains dirigeants industriels turcs ont émis des craintes concernant leur accès par voie terrestre au marchés lucratifs de certains pays du Moyen Orient notamment ceux du Golfe.
« La Syrie est la seule porte en ce qui concerne le transport terrestre pour le reste du Moyen Orient pour le commerce de transit à destination de pays comme l'Arabie Saoudite, le Koweït et Dubaï » selon Eminoglu de la Chambre de Commerce d'Ankara. La déstabilisation de la Syrie et notamment le spectre d'une guerre civile ethno religieuse dans le pays rendant ce transit de marchandises pratiquement impossible obligerait les industriels turcs à envisager d'envoyer leurs produits par voie maritime les rendant plus chers et donc moins compétitifs par rapport à ceux venus d'Asie. De plus le transport de ces marchandises par voie terrestre est la source d'emplois pour les Turcs.
La Turquie en jouant la carte OTAN/US/Israël en participant activement à la déstabilisation de la Syrie risque donc de provoquer à long terme un effet négatif sur son économie.
De plus cette campagne de déstabilisation sert principalement les intérêts d'Israël dont la frontière Sud avec l'Egypte n'est plus totalement sécurisé depuis le "Printemps arabe" du Caire et les aléas d'une transition politique qui risque d'être défavorable au régime sioniste même si l'Egypte est sous pression américaine pour au moins maintenir le statu quo avec Tel Aviv.
Il suffit de lire le site lié aux renseignements militaires israéliens Devka Files pour voir à quel point les Israéliens se réjouissent d'une éventuelle confrontation armée entre la Turquie et la Syrie qui impliquerait éventuellement l'OTAN puisque la Turquie est membre de l'OTAN.
Les Turcs vont-il faire le sale boulot à la place d'Israël en continuant à déstabiliser leur voisin jusqu'au point de non retour : un conflit armé turco syrien avec une possibilité d'élargissement régional impliquant l'Iran et qui aurait un impact négatif à long terme sur l'économie florissante de la Turquie avec ou sans le système de protection radar missile anti missile US pour le déploiement duquel le gouvernement Erdogan à donner son accord en territoire turc malgré l'opposition de la Russie avec laquelle Erdogan se livre à un véritable bras de fer au risque d'indisposer l'ours russe?
Actualisation
La Russie et la Chine ont mis leur Veto à la résolution prévoyant des sanctions contre la Syrie qui visait à terme une guerre contre cet état souverain. Bravo à ces deux pays qui cette fois ci n'ont pas voulu que se renouvelle le même scénario qu'avec la Libye où au pretexte de protéger des civils (R2P Résolution 1973) ce sont des dizaines de milliers de civils libyens qui sont massacrés blessés, un pays dont le niveau de vie était le plus haut d'Afrique détruit et livré au pillage par des puissances coloniales occidentales US, GB et France de Sarkozy en tête.