25/07/2011 cadtm.org  4min #55599

 Le Fmi contre le printemps arabe

La place (tahrir) a imposé le « non » au Fmi

par Moissis Litsis
 cadtm.org

Et pourtant, l'Egypte a osé dire « non » au FMI et cela trois semaines après que le Caire ait abouti à un accord avec l'institution internationale pour l'octroi d'un prêt de 3 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros), destiné à financer le déficit budgétaire égyptien.

Le gouvernement d'Egypte a préféré procéder à la révision du budget de l'année économique qui a commencé en Juillet, en déclarant que, pour l'instant, il n'y a pas besoin d'un prêt. Les besoins peuvent être couverts par une imposition plus élevée de possédants...Les riches émirats arabes comme le Qatar ont aussi aidé au financement du budget égyptien en offrant déjà 500 millions de dollars, tandis l'Arabie Saoudite aurait promis une somme analogue.

La volte face du ministre égyptien des Finances Samir Radwan a été accomplie sous la pression du mouvement de la place Tahrir qui propose d'imposer les riches au lieu d'emprunter à l'étranger. D'ailleurs, une des raisons du mécontentement social accru qui a fait chuter Moubarak était qu'il avait fait baisser le taux supérieur d'imposition, favorisant ainsi les riches.

Au projet initial de budget présenté par Radwan, était prévu une augmentation de 25% des dépenses publiques avec comme objectif la création d'emplois, l'aide aux pauvres et un déficit du PNB de 10,6% (170 milliards de livres égyptiennes). Après consultation des « représentants » de la « place » (des activistes, écrivains, entrepreneurs, syndicalistes et des ONG) le déficit a été révisé a la baisse, soit 8,6% ou 134 milliards de livres égyptiennes. Malgré la révision, le gouvernement table sur des taux de croissance de 3%-3,5% comme au budget initial.

Avant la récente révolte le PNB égyptien augmentait de 5%. En raison de l'agitation la production avait baissée de 12% et les recettes du tourisme s'étaient effondrées.

Bien qu'il avait obtenu le « consensus » de la « place », le gouvernement a procédé a des coupes des dépenses qui des 514,5 milliards de livres du budget initial sont passées a 490,6 milliards de livres. La diminution des dépenses explique peut être la reprise des manifestations a la place Tahrir, puisque les égyptiens en révolte exigent de toucher rapidement leurs dividendes des changements en cours.

Un des premiers actes du nouveau gouvernement qui a succédé a Moubarak a été de confirmer l'augmentation de 15% des salaires des fonctionnaires. En plus, il a majoré les retraites et a titularisé 450.000 agents contractuels, ce qui a augmenté le cout salarial total de 25%.

Depuis janvier l'Egypte vit au rythme des révolutions. Durant seulement les quatre derniers mois il y a eu plus de 500 grèves, la plus dynamique d'entre elles étant celle des travailleurs au Canal de Suez qui a duré sept jours à la fin juin. A cette grève ont aussi participé les ouvriers de toutes les sept compagnies du Canal de Suez, revendiquant l'application du contrat collectif de travail. Le Canal de Suez constitue une des principales sources de devises étrangères, apportant a l'Egypte 4,5 milliards de dollars en 2009-2010.

Le nouveau budget prévoit en plus d'augmenter l'impôt sur le revenu de 20% à 25% pour les entreprises et les personnes qui gagnent plus de 10 millions de livres. Il y aura un taux d'imposition encore plus élevé pour des sommes plus importantes. Il est aussi prévu de faire passer la taxe sur les cigarettes de 40% a 50%.

Une grande part du budget égyptien, 10% du PNB, est consacrée aux subventions des aliments et des carburants. 99 des 137 milliards de livres qui vont aux subventions, concernent les carburants. Cette somme va maintenant diminuer de 7,5 milliards de livres.

Traduction Yorgos Mitralias

P.-S.

Moissis (Moise) Litsis est redacteur économique du grand quotidien grec « Eleftherotypia », membre fondateur du  Comité contre la Dette et participe activement a l'Initiative pour une  Commission Internationale d'audit de la dette publique grecque. Il est aussi dirigeant du regroupement radical appelé « Financial Crimes » au sein du syndicat des journalistes grecs.

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