La marine israélienne a pris mardi le contrôle du navire français de la flottille internationale qui projetait de forcer le blocus maritime israélien de Gaza.
"Après avoir épuisé tous les canaux diplomatiques et que des appels répétés au navire eurent été ignorés, les marins israéliens ont abordé l'Al Karama afin de l'empêcher de briser le blocus maritime de sécurité autour de la bande de Gaza", a déclaré ce mardi l'armée d'occupation israélienne dans un communiqué.
"A la suite de leur refus (des passagers) de se rendre au port d'Ashdod (dans le sud de l'entité sioniste), il est devenu inévitable d'aborder le navire et de le conduire à Ashdod", indique l'armée d'occupation dans ce texte.
Lundi le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Danny Ayalon avait averti que si ce bateau tente une action provocante, nous l'intercepterons".
Selon le site internet israélien Ynet, le chef d'état-major, le général Benny Gantz, a donné l'ordre d'abordage à la suite du refus des passagers du navire français de changer de cap.
Avant l'abordage, le bateau avait été encerclé dans la matinée par plusieurs bâtiments de la marine israélienne.
"Le bateau est entouré par au moins trois navires israéliens et depuis 09H06 heure de Paris (07H06 GMT), toutes les communications sont brouillées, nous ne pouvons plus communiquer avec eux (les militants à bord du bateau, ndlr) par téléphone ni par internet", a déclaré à l'AFP Julien Rivoire, joint au téléphone à Paris.
"Depuis 08H30 heure de Paris (06H30 GMT), plusieurs bateaux militaires israéliens entouraient le Dignité-Al Karama, alors que celui-ci était dans les eaux internationales à 40 milles de Gaza. 45 minutes plus tard, l'ensemble des communications étaient coupées", ont indiqué les organisateurs dans un communiqué.
"Il s'agit d'un acte de censure militaire qui montre la logique choisie et viole la liberté de communication et d'information", assure le texte.
Paris appelle « Israël » à la mesure
La France a appelé mardi Israël à la "mesure" et à la "responsabilité" vis-à-vis des occupants du Dignité Al-Karama.
"Nous avons indiqué depuis plusieurs jours aux autorités israéliennes que si ce bateau français venait à tenter de forcer le blocus et que les autorités israéliennes décidaient de le stopper, nous attendons de ces dernières qu'elles agissent avec responsabilité et mesure, respectent tous les droits de nos ressortissants et permettent leur prompt retour en France", a déclaré le
porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
"L'ambassadeur de France en Israël a fait passer ce message hier et ce matin au conseiller national pour la sécurité et au ministère des Affaires étrangères israélien. Nous avons fait de même ce matin auprès de l'ambassadeur d'Israël en France", a-t-il ajouté devant la presse.
Le navire transporte 16 passagers non armés
"Le Dignité-Al Karama transporte 16 passagers, de six nationalités, non armés et non violents. Ce +petit poucet+ de la flottille ne constitue en aucune façon une menace", ajoutent les organisateurs, exprimant leur "inquiétude au vu des menaces proférées par Israël contre la flottille".
Julien Rivoire avait auparavant indiqué que le bateau voguait "lentement" vers la bande de Gaza où il était censé arriver à la mi-journée.
Les 16 militants à bord du navire avaient pour leur part transmis des messages en français et en anglais par l'intermédiaire du réseau social twitter, précisant qu'ils avaient interrompu la navigation pendant la nuit.
"On s'est fait un peu propres pour l'arrivée. Le moral est comme le ciel et la mer : au beau fixe. Gaza, c'est parti. Restez attentifs", ont-ils également écrit.
Le Dignité-Al Karama, intercepté le 7 juillet par les garde-côtes grecs, a quitté dimanche la petite île grecque de Kastellorizo en appareillant officiellement pour le port égyptien d'Alexandrie. Mais son véritable objectif est d'atteindre la bande de Gaza, selon les organisateurs.
Les neuf autres bateaux qui composaient la flottille, avec à leur bord 300 militants venus de 22 pays, n'ont pas été autorisés à quitter la Grèce.
Athènes a expliqué cette interdiction par la "sécurité des militants", après l'assaut de la marine israélienne sur une précédente flottille pour Gaza, qui avait provoqué la mort de neuf Turcs, le 31 mai 2010.