Apostolis Fotiadis - E.I
Ces jours qui précèdent le départ de la Flottille II - qui doit mettre les voiles vers la bande de Gaza pour tenter de briser le blocus naval israélien a imposé depuis 2007 - les militants se sont trouvés confrontés au pouvoir israélien.
Photo extraite du site : rumboagaza.org
La flottille comprend une dizaine de navires qui ont déjà atteint Athènes. Deux des bateaux sont des cargos transportant de l'aide médicale et des matériaux de construction. Les autres sont des navires pour le transport de passagers, devant emmener des centaines de personnes avec parmi eux des hommes politiques, des écrivains, des responsables religieux, des intervenants dans le domaines de l'art et de la culture, ainsi que dix membres du Parlement européen et dix députés de France, de Norvège, de Suède et d'Espagne.
« Il y a une énorme pression exercée sur le gouvernement grec par Israël et les États-Unis. Il est maintenant certain qu'ils vont utiliser tous les moyens techniques et administratifs pour nous décourager. Leur plan ne marchera pas, nous sommes prêts et nous allons tout démarrer dans quelques jours », a déclaré à IPS Vaggelis Pissias, un membre du comité de coordination qui a été physiquement agressé pendant le voyage précédent par les autorités israéliennes, mais qui se prépare à partir à nouveau.
Sabotage des bateaux grecs, et gouvernement sous forte pression
Au cours des derniers jours les autorités grecques ont soulevé des problèmes pour deux des bateaux grecs participant à la flottille. Un a été déclaré incapable de prendre la mer en raison d'un problème de moteur. Les militants ont versé une somme 10 000 Euros de réparation pour contourner ce problème. Le second n'est pas autorisé à naviguer à cause des dettes d'un précédent propriétaire vis-à-vis de l'Etat.
Ce dimanche, l'hélice d'un des bateaux grecs pour le transport de passagers a été gravement endommagée alors que le bateau était encore à quai, et le navire risque de rater le voyage vers Gaza. Le capitaine du bateau a parlé de sabotage.
Des pourparlers intenses et discrets entre Israël et les autorités grecques se sont poursuivies, avec une communication directe entre le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le premier ministre grec George Papandreou. Le gouvernement grec a ouvertement exprimé sa préoccupation que la flottille pourrait compromettre le rapprochement stratégique de la Grèce et d'Israël que Papandréou a poursuivi au cours des 18 derniers mois.
La semaine dernière, le ministère grec des Affaires étrangères a publiquement conseillé aux citoyens grecs de ne pas monter à bord de la flottille.
Après des entretiens similaires avec le gouvernement turc il y a deux semaines, Israël a réussi à faire annuler la participation de l'organisation islamiste turc IHH à la flottille. L'IHH se préparait à renvoyer vers Gaza le bateau Mavi Marmara. Lors de la flottille précédente, en mai 2010, la marine israélienne avait attaqué le bateau, assassinant neuf civils turcs.
Menaces contre les participants à la flottille
Dans le même temps, Israël a fait pression sur tous les fronts. Un porte-parole du gouvernement israélien a prévenu les journalistes que rejoindre la flottille se traduira par une interdiction d'entrée de dix ans en Israël.
Jane Hirschmann de la délégation américaine, a déclaré à IPS qu'une plainte anonyme a été déposée après que leur bateau se soit amarré à Athènes. « Quelqu'un, en utilisant d'abord un nom grec, a signalé à la garde côtière grecque que notre navire n'était pas en état de naviguer, ce qui signifie que désormais nous nous attendons à une inspection sur notre bateau. Nous avons réussi à collecter des informations et à retrouver la source de la plainte et il est sûr qu'elle vient de l'organisation appelée 'Centre de la loi israélienne'. »
Dans une affaire similaire, Cherna Rosenberg, canadienne et israélienne âgée de 68 ans, a déposé une plainte le 2 juin auprès de la Cour supérieure de justice à Toronto, dans l'Ontario, contre le bateau canadien pour Gaza. La plainte accuse l'organisation autour du bateau de collecter des fonds et de fournir un soutien matériel au Hamas, lequel gouverne la bande de Gaza et a été déclaré groupe terroriste par le Canada en 2002.
Vaggelis Pissias explique que ce sont les résultats d'une campagne de propagande israélienne pour fausser le véritable but de la flottille en la présentant comme une initiative radicale religieuse contre Israël. « Les gens ne devraient pas avaler cette propagande ; la flottille n'est pas une initiative islamiste contre les Israéliens ou les Juifs. C'est une action accomplie par des citoyens de toutes les religions et de tous les pays. »
Manuel Tapial, un militant espagnol qui prévoit aussi de naviguer vers la Palestine, a condamné l'approche de son gouvernement envers la flottille. « La complicité du gouvernement espagnol avec Israël est inquiétante », a-t-il dit à IPS. « Certaines des personnes impliquées ont été retenues un court moment par la police pour être interrogées. Ces personnes ont été questionnées et des copies de leurs documents d'identité ont été faites parce qu'elles sont impliqués dans les préparatifs de la deuxième flottille de la liberté. »
Cette pression n'a pas empêché les militants d'atteindre Athènes, et selon Manuel Tapial, cela ne va pas les empêcher de lever l'ancre pour Gaza. « Nous partirons, par tous les moyens possibles. »