Les sénateurs de droite ont fait passer la loi en force / Les protestations s’étendent au-delà du Wisconsin
Max Böhnel
Traduit par Michèle Mialane
Edité par Fausto Giudice
Mercredi soir (heure locale) à Madison (Wisconsin, USA), une astuce procédurale a permis aux sénateurs de droite de voter une loi antisyndicale -une véritable provocation envers la population de l’État.
Le projet de loi de Scott Walker, le très droitier gouverneur du Wisconsin, contre lequel des dizaines de milliers de personnes manifestent depuis la mi-février, est “passé” mercredi soir (heure locale), à la surprise générale. Désormais les syndicats de fonctionnaires ont perdu leur pouvoir et le droit de négocier des conventions collectives.
En signe de protestation, des milliers de manifestants occupaient encore le Capitole de Madison, la capitale de l’État, durant la nuit de mercredi à jeudi, la police ayant cessé de garder les entrées. Le Président de la fraction Démocrate du Sénat du Wisconsin, Mark Miller, n’a pas mâché ses mots : » En une demi-heure, 18 sénateurs du Wisconsin ont mis en miettes50 ans de droits civiques. » Le Président de la fraction Démocrate de la Chambre basse, Peter Barca, avait mené grand bruit pour empêcher le vote, soulignant que les Républicains commettaient une illégalité. Il a ensuite qualifié ce vote d’“escroquerie à l’encontre de la population du Wisconsin”.
Le jeudi devait avoir lieu un second vote, cette fois à la Chambre des Représentants. Dès le matin, des adversaires de la loi affluaient déjà par dizaines de milliers vers le centre de Madison.
Le putsch des Républicains du Wisconsin représente un pas de plus dans le passage en force d’une impitoyable politique de rigueur. Le “truc” de procédure utilisé par le gouverneur Walker (membre du « Tea Party ») et sa majorité républicaine est d’une extrême simplicité. Le « « budget repair bill» (projet de loi d’assainissement du budget) original, qui réunissait les restrictions budgétaires projetées et la l’élimination des syndicats, a été scindé en deux parties. La partie du texte qui s’en prenait aux syndicats a été déclarée « non fiscale », ce qui rendait inutile la présence d’un quorum. Jusque-là il ne manquait aux sénateurs du Wisconsin qu’une seule voix pour faire voter la loi. Depuis trois semaines les sénateurs Démocrates du Wisconsin, en signe de protestation contre le projet de loi et afin de bloquer son vote, avaient quitté l’État et avaient « disparu » dans l’Illinois voisin. L’astuce procédurale a permis aux Républicains de contourner l’obligation de quorum et de faire voter la loi, dans la nuit du jeudi au vendredi, par une Commission ad hoc composée de parlementaires des deux Chambres.
De nombreuses plaintes collectives et individuelles seront déposées contre cette loi passée en force. En outre les syndicats du Wisconsin ont appelé à des manifestations encore plus importantes que précédemment. La section des fonctionnaires de la centrale syndicale AFL-CIO - la « South Central Federation of Labor » - exhorte depuis une semaine ses adhérents à lancer une grève générale.
En outre, des manifestations de solidarité sont prévues ce week-end dans plusieurs dizaines d’autres États. Car la nouvelle du coup de boutoir porté par la droite du Wisconsin s’est répandue. Selon la chaîne de télévision MSNBC, 18 autres États envisagent des lois analogues depuis que les Républicains ont retrouvé en novembre des majorités parlementaires.
Le coup de force des néolibéraux du Wisconsin n’est que la première offensive d’une action concertée dans plusieurs États des USA. Il ne saurait s’expliquer autrement. Car aussi bien les Démocrates que les syndicats s’étaient déclarés d’emblée prêts à faire des concessions politiques aux Républicains et avaient donné leur accord à certaines mesures de rigueur. Le week-end dernier les deux camps négociaient même le retour des sénateurs démocrates «disparus».
Courtesy of Tlaxcala
Source: tlaxcala-int.org
Publication date of original article: 15/03/2011
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