La ville du Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie, a connu dimanche une deuxième journée de violences avec l'incendie du siège de la police, selon des sources syndicales, qui ont précisé que l'armée avait été déployée après des attaques menées par des "bandes de jeunes".
"C'est la panique en ville. L'immeuble (des) forces de sécurité du district est en feu", a affirmé à l'AFP Raouf Hadaoui, un syndicaliste joint au Kef par téléphone.
"Plusieurs voitures de police ont été incendiées et le feu menace des habitations" voisines, a-t-il poursuivi, décrivant un incessant ballet d'ambulances mais sans être en mesure de dire si ces nouvelles violences avaient fait des victimes.
"L'armée a été déployée partout dans la ville et cherche à faciliter le travail des secours", a-t-il ajouté.
Des bandes de jeunes ont ensuite tenté d'attaquer la prison du Kef pour libérer des détenus et ont été repoussés par l'armée, ont affirmé à l'AFP Raouf Hadaoui et un autre syndicaliste, Abdelatif Bouguera.
Un hélicoptère de l'armée tournait au dessus de la ville, selon les mêmes sources.
Le Kef avait vécu samedi des affrontements violents entre policiers et manifestants venus réclamer le départ du chef de la police locale, accusé d'abus de pouvoir.
Une source autorisée du ministère de l'Intérieur a donné dimanche un bilan de deux morts et 13 blessés dont quatre policiers, sans détails sur les circonstances. Quatre des blessés ont été transférés sur Tunis, a-t-on ajouté de même source.
Samedi des sources syndicales avaient fait état de quatre morts et une quinzaine de blessés.
Des centaines d'habitants avaient "incendié le commissariat" et "saccagé" le siège local du RCD (ex-parti au pouvoir) et la résidence du commissaire Khaled Ghazouani, qui avait été le premier à tirer sur les manifestants, selon plusieurs témoins joints par l'AFP.
Après une accalmie dimanche matin, la situation a de nouveau dégénéré dans la ville, où des "bandes de jeunes ont attaqué et pillé le commissariat" avant d'y mettre le feu qui s'est propagé à tout l'immeuble, selon M. Hadaoui. Pour lui, ces pilleurs étaient "payés par le RCD pour semer le trouble".
De son côté, l'agence officielle TAP a confirmé l'incendie ainsi que le déploiement de l'armée. L'agence a affirmé que des manifestants avaient auparavant "pris des documents et équipements".
Un mort et des blessés à Kébili
Des actes de violence ont été enregistrés, à Kébili, dans la nuit du samedi à dimanche, causant des dégâts touchant les biens publics et privés, rapporte la TAP.
Selon des témoins oculaires, un groupe de jeunes a essayé, durant les premières heures de dimanche, d'attaquer le poste de la garde nationale sur la route d'El Mansoura et d'incendier ses bureaux.
L'intervention des agents de la sûreté s'est soldée par la mort d'un jeune touché au crâne par une bombe lacrymogène. Ces incidents ont fait également des blessés qui ont été hospitalisés.
Ce groupe de jeunes s'est, par la suite, attaqué au poste de la garde nationale dans la délégation de Kébili sud avant de se diriger vers la résidence du gouverneur de la région où les forces de l'armée nationale se sont interposées.
D'autre part, les protestations et les sit-in à la place des martyrs et devant le siège du gouvernorat, contre la nomination du nouveau gouverneur de Kebili, se sont poursuivis samedi.