Le ministre libanais des Affaires étrangères Ali Chami a demandé mardi à l'ONU de juguler les projets israéliens de forage de champs gaziers offshore en Méditerranée.
"Nous vous demandons de faire tout votre possible pour garantir qu'Israël n'exploite pas les ressources d'hydrocarbures du Liban, qui se trouvent dans la zone économique du Liban telle que déterminée dans les cartes du ministère des Affaires étrangères soumises aux Nations unies en 2010", écrit-il dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
"Toute exploitation par "Israël" de cette ressource est une violation flagrante de la loi internationale et une attaque contre la souveraineté libanaise", poursuit le texte cité par l'agence nationale d'information (ANI).
Or, le porte-parole de Ki-moon, Martin Nesirky, a soutenu la position des Forces Intérimaires des Nations Unies au Liban (FINUL) qui refuse un tracé des frontières maritimes entre le Liban et l'entité sioniste.
Interrogé par le quotidien As-Safir, sur le rôle des forces maritimes de la Finul, Nesirky a répété que le tracé des frontières maritimes ne relève pas des forces onusiennes déployées au sud-Liban. Il s'est contenté de dire qu'il y a une différence entre les frontières maritimes et les eaux côtières, sans expliquer quelle est cette différence.
Rappelons que l'enjeu porte sur deux gisements offshore découverts récemment, Tamar et Léviathan, situés dans des zones maritimes contestées. Les réserves de Tamar sont estimées à 8 milliards de m3 de gaz naturel et, selon la compagnie américaine Noble Energy, celles de Léviathan avoisinent les 450 milliards de m3.
Si « Israël » a déclaré qu'il est déterminé à défendre avec "toute la force nécessaire", face au Liban ou à tout autre pays, les champs gaziers, le Liban a quant à lui affirmé son intention d'exploiter son potentiel offshore en gaz et pétrole.
Le ministre libanais de l'Energie, Gebrane Bassil, a annoncé en août que le Liban travaillait de manière unilatérale sur le tracé des frontières maritimes avec l'entité sioniste, avant d'en soumettre les résultats au Conseil de sécurité de l'ONU, et que le pays devrait lancer début 2012 les appels d'offres pour des contrats de prospection pétrolière et gazière au large de ses côtes.
Dans ce contexte, le ministre d'État Adnan Kassar a plaidé mardi en faveur du vote, dans les plus brefs délais, des décrets d'application relatifs à la loi sur le forage pétrolier et gazier au large du littoral, approuvée par le Parlement en août dernier.
« Il s'agit d'une première étape dans un long processus visant à exploiter nos ressources en hydrocarbures (...) qui s'avèrent être plus importantes que celles découvertes au large de Haïfa (...).
Nous ne devons plus perdre le temps et nous noyer dans nos conflits internes, d'autant plus que l'exploitation de ce potentiel devrait largement bénéficier à notre économie et réduire la dette, qui représente désormais un poids important (...) », a-t-il souligné.
«Il est donc crucial de lancer le chantier d'exploration et de charger les compagnies concernées de déterminer les zones les plus riches en pétrole et en gaz », a-t-il poursuivi.
Le ministre Kassar a déploré à cet égard le laxisme des autorités libanaises, soulignant qu'à l'heure où Israël a mis en place tous les plans nécessaires à l'exploration offshore, le Liban « n'a toujours pas progressé » à ce niveau.
M. Kassar a enfin mis en garde contre une exploitation par l'entité sioniste des ressources naturelles du Liban, mettant l'accent sur le double enjeu territorial et économique d'une telle éventualité