Les Anonymous, ces alliés de 4chan et défenseurs de Wikileaks, ont apparement lancé une attaque de déni de service distribuée sur le site officiel du gouvernement Tunisien ainsi que sur celui du président Zine El Abdine Ben Ali. Au Zimbabwe, le site de la première Dame ainsi que le site officiel du gouvernement et celui du ministère des finances ont été visés.
Ces deux attaques semblent bien liées à Wikileaks, au nom duquel les Anonymous ont attaqué, selon le même mode opératoire, Visa, Paypal et d'autres. Dans le cas du Zimbabwe, Grace Mugabe, la première Dame, poursuit en justice un journal local, The Standard, pour avoir publié une fuite du Cablegate affirmant qu'elle profite d'un trafic de diamants. La Tunisie, de son coté, a bloqué l'accès principal du site Wikileaks, mais là bas comme ici, il s'avère absolument impossible à censurer.
Sophos, un acteur majeur de la sécurité informatique, a fait état d'une déclaration des Anonymous trouvé sur de nombreux sites et espaces internet qu'ils fréquentent.
«Le gouvernement Tunisien veut contrôler le présent avec des mensonges et de la désinformation, afin d'imposer le futur en cachant la vérité à ses citoyens.
Nous ne resterons pas silencieux face à ces actes.
Les Anonymous ont entendu l'appel à la liberté du peuple Tunisien. Nous, Anonymous, sommes décidés à aider le peuple Tunisien dans sa lutte contre l'oppression. Cela se fera. Cela se fera.
(ndt: «It will be done. It will be done» - est-ce une allusion à quelque chose ??)Ceci est un avertissement pour le gouvernement Tunisien : les attaques à l'encontre de la liberté d'expression et d'information faites envers ses citoyens ne seront plus tolérés. Toute organisation impliquée dans la censure sera attaquée sans relâche jusqu'au jour où le gouvernement Tunisien entendra les appels à la liberté de son peuple»
La Tunisie et le Zimbabwe sont connus pour surveiller et censurer sévèrement internet, même si cela n'a pas empêché de nombreux Tunisiens de devenir internautes.
La perfect storm Tunisienne ?
Je ne connais pas suffisamment la situation au Zimbabwe, mais pour ce qui est de la Tunisie, nous avons longuement eu l'occasion d'en parler sur ce blog. La situation du pays présente des caractéristiques uniques.
Dictature sévère, la Tunisie est menée d'une main de fer par un président parfaitement conscient de ce qu'est internet (contrairement au président Français, Ben Ali «est un geek»). Il a permit au pays d'accéder très tôt à internet, et la population y est la plus connectée d'Afrique du nord. Elle bénéficie par ailleurs d'un haut niveau d'étude, Ben Ali, comme Castro, étant porté sur l'éducation. Les compétences en informatique de haut niveau ne sont pas rares en Tunisie, l'outsourcing y emploi beaucoup de personnes - de très nombreux sites français ont ainsi été réalisés en Tunisie.
Les activistes digitaux sont également nombreux, et très connus (entendez qu'après 24h sans nouvelle, RSF s'inquiète officiellement), qu'il s'agisse de Tunisiens de la diaspora ou de ceux qui vivent sur place. Ils sont rompus aux usages internet, ont constitué depuis longtemps des réseaux et éprouvé de nombreuses stratégies. On compte dans leurs rangs des experts internationalement reconnus aussi bien sur des domaines très techniques de l'internet que sur l'activisme digital et les média sociaux.
Facebook, un des rares services sociaux mondiaux non censurés en Tunisie, y est le lieu de la liberté d'expression par excellence, même si les autorités locales et des organisations à son service y rôdent et on tenté par le passé d'y faire régner la terreur. Couper Facebook provoquerait la colère de toute la jeunesse (une large part de la population dans ce pays d'Afrique du nord). Ce n'est pas une option pour Ben Ali, même s'il le censure partiellement (le partage de photo était impossible il y a peu).
Enfin, la richesse de la Tunisie provient essentiellement du tourisme, et cette activité, plus que tout autre, repose pour beaucoup sur internet, notamment pour la vente de produits. Un mauvais buzz pourrait avoir des conséquences sur les choix de nombreux Européen pour leurs prochaines vacances et se traduire durablement dans le PIB du pays.
Internet sera-t-il le talon d'Achille de la dictature Tunisienne ? Les possibilités d'attaques sont nombreuses, qu'il s'agisse des Anonymous, d'activistes digitaux locaux, de la diaspora, ou d'ONG internationales qui décideraient de passer à l'action comme l'a fait, en son temps, Greenpeace avec Nestlé.
La description faites au travers des cables de Wikileaks de la dictature Tunisienne est accablante, et même si les attaques des Anonymous ont très certainement été déclenchées par la récente montée de l'activité d'Amar, le surnon donné au Big Brother Tunisien, qui censure et qui surveille, il ne faudrait pas oublier que tout cela a démarré par des émeutes qui ont fait suite au suicide d'un jeune diplomé, désespéré de ne trouver aucun emploi.