17/12/2025 francais.rt.com  3min #299249

Gaza : Israël durcit l'agrément des Ong et rebat les cartes de l'aide humanitaire

© Getty Images

Convois humanitaires dans la bande de Gaza. [Photo d'illustration]

Israël revoit l'agrément des ONG à Gaza pour exclure celles jugées hostiles ou proches du Hamas. Huit ONG, dont Save the Children, sont déjà interdites, suscitant l'inquiétude des grandes organisations humanitaires. Le nouveau dispositif privilégie des ONG jugées apolitiques, souvent religieuses, et remet en cause l'équilibre de l'aide humanitaire.

Israël a engagé une refonte en profondeur du système d'enregistrement des ONG opérant à Gaza, avec pour objectif affiché d'écarter celles soupçonnées de collusion avec le Hamas. Selon des informations révélées le 16 décembre, cette nouvelle procédure vise de facto à exclure des acteurs humanitaires historiques de l'enclave palestinienne pour les remplacer par des organisations jugées plus « compatibles » avec les critères sécuritaires israéliens.

Un document émanant du ministère israélien de la Diaspora comprend une première liste d'ONG désormais interdites d'exercer à Gaza. Huit organisations sont concernées à ce stade, soit environ 10 % des ONG internationales présentes sur le terrain.

Parmi elles figure Save the Children, l'un des principaux acteurs humanitaires à Gaza. Les sept autres sont plus discrètes, mais leur éviction suscite de vives inquiétudes dans le milieu humanitaire, notamment chez les grandes ONG françaises comme Médecins sans frontières (MSF), qui emploie près d'un millier de Palestiniens et assure à elle seule environ un tiers des capacités d'hospitalisation de l'enclave.

Beaucoup d'ONG américaines

Selon une source diplomatique européenne, les autorités israéliennes estiment que le système d'aide actuel bénéficie indirectement aux groupes armés, au premier rang desquels le Hamas. La stratégie poursuivie consiste donc à revoir intégralement les mécanismes d'agrément.

Un porte-parole israélien affirme que l'État hébreu ne permettra pas à des « acteurs hostiles » ou à des « soutiens du terrorisme » d'opérer à Gaza. Les nouveaux critères incluent non seulement d'éventuels liens avec des organisations qualifiées de terroristes, mais aussi la participation à des campagnes de dénonciation contre Israël, assimilées à du plaidoyer politique.

Dans un communiqué, le ministère de la Diaspora précise ainsi que seront rejetées les demandes d'organisations impliquées dans « le terrorisme, l'antisémitisme, la délégitimation d'Israël, le négationnisme de la Shoah ou la négation des crimes du 7 octobre ». Les ONG ayant dénoncé un génocide à Gaza, comme MSF ou Oxfam, se retrouvent directement dans le viseur.

À l'inverse, la liste consultée fait état de 12 ONG autorisées à travailler à Gaza, parmi lesquelles figurent de nombreuses organisations religieuses évangéliques américaines. Un acteur humanitaire régional qualifie ces ONG « d'opportunistes », n'ayant pas « les moyens de leurs ambitions ».

Une seule organisation française apparaît parmi les autorisées : Solidarité internationale, présente à Gaza depuis janvier 2024, sans positionnement politique affiché et ayant accepté de transmettre une liste partielle de son personnel, contrairement à d'autres ONG qui ont refusé par principe. Le processus de sélection, encore en cours, doit s'achever d'ici la fin du mois.

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