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Jean-Yves Le Drian et Nawaf Salam à Beyrouth
Paris multiplie les initiatives pour éviter une escalade au Liban et à Gaza et soutenir l'armée libanaise. Les doutes persistent quant à l'avancement du plan de désarmement du Hezbollah, freiné par le manque de transparence et par le Parlement. La France cherche à convaincre Riyad et les bailleurs de fonds d'accompagner la reconstruction du pays.
La France multiplie les initiatives diplomatiques pour stabiliser le Moyen-Orient, inquiète d'une escalade possible tant au Liban qu'à Gaza. Selon des sources françaises relayées à Paris, Emmanuel Macron veut maintenir une dynamique de souveraineté régionale, soutenue par les déplacements récents d'Anne-Claire Legendre et les visites répétées de l'envoyé spécial Jean-Yves Le Drian, de retour à Beyrouth pour la troisième fois depuis l'élection de Joseph Aoun en janvier 2025.
À Paris, la crainte monte : l'incapacité du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à contenir l'escalade donnerait à Israël une plus grande liberté d'action au Liban, à mesure que Washington concentre son attention sur la Syrie.
Pour Paris, l'un des enjeux majeurs est de prouver que l'armée libanaise applique réellement son plan « Bouclier de la nation », visant au démantèlement progressif de l'arsenal du Hezbollah, notamment au sud du Litani d'ici fin 2025. Mais les rapports militaires, classifiés, empêchent les partenaires internationaux d'en mesurer l'efficacité.
La France isolée
Le Hezbollah, pour sa part, tolère les opérations dans la bande frontalière mais refuse d'abandonner totalement les armes. Cette opacité inquiète les alliés, alors même que l'Arabie saoudite, sollicitée pour financer le renforcement de l'armée libanaise, exige des preuves tangibles des progrès accomplis.
Du côté de l'Élysée et du Quai d'Orsay, on insiste : sans informations vérifiables, il est impossible de rallier durablement Riyad ou les autres bailleurs de fonds. Paris s'active également à solidifier le mécanisme de supervision du cessez-le-feu avec Israël, désormais coprésidé par l'ancien diplomate Simon Karam, côté libanais, et un représentant civil, côté israélien. Mais l'ambiguïté du Parlement libanais freine la mise en œuvre du dispositif.
Le président Joseph Aoun, de son côté, tente de rassurer ses partenaires en se montrant pleinement mobilisé pour la reconstruction du pays. Pour les diplomates français, la remise sur pied du Sud-Liban reste un chantier immense, suspendu au retour de la stabilité et à un apaisement durable sur le terrain. Paris entend donc redoubler d'efforts afin de prévenir tout risque de vacance sécuritaire en 2026, convaincue que la prochaine année sera décisive pour l'avenir du pays.