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Bruno Retailleau, chef des Républicains.
Le rapport LR sur le voile relance le débat et propose des restrictions visant les mineures et les espaces éducatifs. Wauquiez et Retailleau cherchent à imposer une offensive politique malgré des obstacles juridiques. Certains experts et élus alertent sur le risque de stigmatisation et de remise en cause des principes de l'État de droit.
La droite assume de rouvrir la querelle autour du voile, relancée par un rapport sénatorial présenté par Jacqueline Eustache-Brinio. Invité à réagir, Bruno Retailleau a dénoncé ce qu'il considère comme la portée idéologique du voile et salué le travail des 29 sénateurs LR, dont certaines recommandations bousculent l'agenda présidentiel.
Parmi elles figurent l'interdiction du voile pour les mineures, celle du jeûne avant 16 ans, la neutralité religieuse dans les activités sportives et l'interdiction du voile pour les accompagnatrices scolaires. Une proposition de loi, déjà adoptée au Sénat, attend d'être examinée par l'Assemblée nationale.
Une droite qui se droitise
Sans attendre, plusieurs responsables de droite cherchent à imposer leurs propres initiatives. Laurent Wauquiez a ainsi déposé un texte visant à interdire le voile des mineures dans l'espace public, revendiquant une réponse à un sondage récent sur la religiosité des musulmans de France.
Son entourage estime possible de trouver une majorité transpartisane, malgré les réserves exprimées par Gérard Larcher sur la faisabilité de telles mesures. Bruno Retailleau reconnaît lui-même les obstacles juridiques d'une interdiction générale, tout en souhaitant avancer sur le sport, les sorties scolaires ou encore les signes religieux portés par les élus.
Cette offensive inquiète certains cadres LR, soucieux du message adressé aux électeurs musulmans. Le politologue Franck Frégosi juge le rapport sénatorial très orienté, estimant qu'il tend à présenter les musulmans comme un groupe à part. La droite, désormais en première ligne du combat contre l'islamisme, défend la nécessité d'outils juridiques renforcés.
Retailleau plaide même pour une révision constitutionnelle afin d'inscrire l'exigence de respect de la règle commune contre toute tentative d'influence idéologique. Une position qui marque l'éloignement de la vision plus inclusive défendue autrefois par certains leaders de droite.