
par Amal Djebbar
Quand l'ombre du pouvoir se dresse sur ma route et que les voix de l'oppression cherchent à étouffer ma liberté, je me tourne vers la lumière qui brûle en moi. Elle ne dépend ni du jour ni de l'heure : ancienne comme l'aube, immuable comme la mer et fidèle comme un battement de cœur. Les vents du contrôle peuvent hurler, les doutes imposés frapper à ma porte, les inquiétudes semées par la peur peser sur mon esprit ; pourtant je demeure. Je me tiens droite, non par défi orgueilleux, mais par fidélité à cette clarté intérieure qui refuse de s'éteindre.
Au cœur de chaque journée, une force discrète veille, calme et constante. Elle m'accompagne comme l'espoir inextinguible des opprimés, m'offre son appui lorsque mes forces s'étiolent sous le poids de la surveillance et de la censure. Quand mes pas s'alourdissent et que la fatigue menace de briser ma résistance, elle me redresse, balaie les pièges posés par ceux qui veulent ma soumission et m'invite à continuer. Sans elle, je vacillerais ; avec elle, je retrouve mon équilibre, et je sais que rien n'est assez sombre pour éteindre la lumière de la vérité et de la conscience.
La route est parfois glissante, étroite, incertaine. Elle serpente à travers des terres où la peur semble régner et où le doute est martelé comme un tambour de propagande. Pourtant, je ne recule pas. Dans l'épreuve, je découvre la force de me connaître, la solidité de mes convictions. C'est au cœur du défi que se tissent les fils de ma résistance. Là où d'autres imaginent ma chute et voient mes fragilités comme des faiblesses, j'y découvre des forces insoupçonnées. Là où mes larmes semblaient vouloir me plier, un chemin s'ouvre vers la liberté.
Je n'ai pas peur de mes cicatrices. Elles deviennent mémoire et témoignage, traces de mes luttes contre l'injustice, de ma persistance, de mes renaissances. Elles racontent ce que j'ai traversé, ce que j'ai surmonté, et tout ce que j'ai appris en affrontant la répression. Elles ne sont pas honteuses ; elles murmurent que la chute n'est jamais la fin, mais une invitation à se relever autrement, avec plus de conviction et de force.
Quand les mots de haine et de censure se dressent autour de moi, quand les jugements imposés par le système totalitaire et les moqueries des complices résonnent, je me rappelle que ma valeur ne se mesure pas au vacarme extérieur. Elle repose sur une clarté intime, sur une lumière que ni la peur ni la tyrannie ne peuvent éteindre. Je sais ce que je porte, ce que je cherche, ce que mon cœur désire bâtir pour la liberté. Même lorsque je croyais ne plus pouvoir me relever, une force intérieure m'invitait à résister encore.
J'avance sur une voie où rien n'est perdu. Ce que le pouvoir brise peut devenir source de renouveau. Ce que le système tente d'effacer retrouve un sens avec le temps et la patience. Alors, je marche, même tremblante. Je me tiens debout, même lorsque la solitude de l'oppression me frôle. À chaque pas, la tyrannie ne me brise pas : elle révèle ce que je porte de plus solide, de plus vrai, de plus vivant.
Que ceux qui espèrent ma soumission voient que la lumière, enracinée dans l'âme, ne se renverse jamais. Elle peut vaciller, mais elle ne s'éteint pas. Que ceux qui guettent ma défaite comprennent que le courage qui se lève en moi n'appartient ni à la force ni à la colère, mais à un souffle intérieur que rien ne peut dompter.
Et moi, jour après jour, j'élève ma voix. Non pour briller ni pour prouver, mais pour honorer cette force discrète et invincible qui m'accompagne depuis toujours. Celle qui éclaire mes pas, transforme mes combats en victoires silencieuses, et me conduit vers une liberté profonde, tranquille, indestructible. C'est vers cette liberté que je marche, avec patience, courage et détermination, un pas après l'autre.
Ni oubli, ni pardon. À tous les frères de lutte, à mes camarades Gilets Jaunes partis trop tôt - comme Nedjah, Julien, Antoine - votre courage reste gravé dans nos cœurs et nos mémoires. Rien ni personne ne pourra effacer vos pas, vos cris, vos sacrifices. Nous continuerons à résister, car les vaillants invisibles existent - ceux qui agissent dans l'ombre, loin des projecteurs, loin du vacarme du monde, mais toujours avec la détermination des âmes libres.
Résister ne se limite pas aux batailles éclatantes, aux slogans ou aux cortèges. Résister, c'est chaque geste quotidien qui refuse de se plier à l'injustice, chaque regard qui ne se détourne pas, chaque mot qui refuse le silence imposé. Face à un système froid, corrompu, méprisant, la lutte résonne encore.