Chris HEDGES
Les pays occidentaux ne feront rien pour mettre fin au massacre des Palestiniens par Israël. Ils ne feront rien pour soulager la faim et les maladies qui déciment les Palestiniens à Gaza. Nos pays ont été et restent des partenaires à part entière dans ce génocide. Ils le resteront jusqu'à ce que celui-ci atteigne son triste dénouement.
À moins que nous ne les en empêchions.
Au moins 242 Palestiniens ont été tués à Gaza par Israël depuis l'annonce du « cessez-le-feu ». La première violation majeure du cessez-le-feu a conduit à des frappes aériennes israéliennes qui ont tué plus de 100 Palestiniens, dont 46 enfants, et blessé 150 autres. Les Palestiniens de Gaza continuent de subir quotidiennement des bombardements qui détruisent leurs maisons. Israël a détruit plus de 1 500 bâtiments depuis le début du cessez-le-feu, décimant souvent des quartiers entiers à l'aide de charges explosives. Les bombardements et les tirs continuent de tuer et de blesser des civils, tandis que des drones continuent de survoler la région, diffusant des menaces sinistres ou tirant sur les civils. Les denrées alimentaires de première nécessité, l'aide humanitaire et les fournitures médicales restent rares en raison du siège en cours. Et l'armée israélienne contrôle plus de la moitié de la bande de Gaza, tirant sur toute personne, y compris les familles, qui s'approche trop près de sa frontière invisible, connue sous le nom de ligne jaune. Leur crime ? Être retournés dans les ruines de leurs maisons.
Israël a systématiquement rendu Gaza inhabitable, la transformant en un immense cimetière de tous les camps de concentration.
Peu de gens en Israël s'y opposent. 82 % des Juifs israéliens soutiennent l'idée d'expulser toute la population de Gaza et près de la moitié soutiennent leur extermination. 80 % des Israéliens se disent « pas très troublés » ou « pas du tout troublés » par les informations faisant état de famine et de souffrances parmi la population de Gaza.
Ne vous y trompez pas. Israël est un État génocidaire et une société génocidaire.
C'est pourquoi, les 28 et 29 novembre, je serai à Gênes et à Rome, aux côtés de Francesca Albanese, Yanis Varoufakis et Greta Thunberg, pour soutenir la grève nationale lancée par les syndicats italiens afin de mettre fin à toutes les livraisons d'armes à Israël et de protester contre les appels du gouvernement de la Première ministre Giorgia Meloni à augmenter les dépenses de défense.
Nous ne devons pas laisser nos dirigeants politiques normaliser le génocide et la guerre. Nous ne devons pas abandonner l'État de droit. Nous ne devons pas, par notre silence ou notre passivité, nous rendre complices. Nous devons mettre fin aux livraisons de bombes et d'armes à Israël. Nous devons boycotter les entreprises qui font des affaires en Israël, ainsi que tous les événements sportifs auxquels participent des équipes israéliennes, tous les concerts donnés par des musiciens israéliens et tous les échanges avec des universitaires et des étudiants israéliens. Nous devons forcer nos universités et nos institutions à se désengager d'Israël. Nous devons rompre les relations diplomatiques. Nous devons être présents lorsque les dirigeants israéliens tiennent des conférences de presse ou effectuent des visites officielles. Nous devons être présents dans tous les ports lorsque des bateaux de croisière israéliens accostent. Nous devons mettre fin au génocide.
C'est à nous, ceux qui descendent dans la rue, ceux qui organisent des grèves, d'agir. Il n'y a pas d'autre moyen de nous sauver. Aucun.
Nous ne pouvons pas échouer. Si nous échouons, Gaza ne sera qu'un début. Le monde s'effondre sous le poids de la crise climatique, qui provoque des migrations massives, des États défaillants et des incendies, des ouragans, des tempêtes, des inondations et des sécheresses catastrophiques. À mesure que la stabilité mondiale s'effrite, la machine terrifiante de la violence industrielle aveugle et des meurtres de masse, si familière aux Palestiniens, deviendra omniprésente.
Les drones militarisés, les hélicoptères de combat, les murs et les barrières, les points de contrôle, les rouleaux de barbelés, les tours de guet, les centres de détention, les expulsions, la brutalité et la torture, le refus des visas d'entrée, l'apartheid qui accompagne le statut de sans-papiers, la perte des droits individuels et la surveillance électronique sont aussi familiers aux migrants désespérés qui longent la frontière mexicaine ou tentent d'entrer en Europe qu'aux Palestiniens. Bientôt, si rien n'est fait, ces outils de répression étatique seront utilisés contre nous.
Israël incarne l'État ethnonationaliste que l'extrême droite aux États-Unis et en Europe rêve de créer pour elle-même, un État qui rejette le pluralisme politique et culturel, ainsi que les normes juridiques, diplomatiques et éthiques. Israël est admiré par ces proto-fascistes précisément parce qu'il est raciste et anarchique, parce qu'il utilise une force meurtrière aveugle pour « purifier » sa société de ceux qui sont considérés comme des contaminants humains.
En refusant de coopérer, en paralysant les rouages du commerce et de l'État, en résistant au mal, nous affirmons notre dignité et notre liberté. Nous ébranlons l'édifice du pouvoir despotique. Nous entretenons la flamme de l'espoir et de la justice. Nous préservons notre capacité à être humains.
Alors, rejoignez-nous, nous qui sommes des millions dans les rues d'Italie et dans vos propres rues. Le combat pour la Palestine est le combat de nous tous.
Chris Hedges
Traduction LGS

